Les filtres dans l’éducation des enfants

Comment gérer, quand les enfants sont face à des contenus peu recommandables ? Sharon Roter et filtres, pas seulement sur l'ordinateur…

4 Temps de lecture

Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

Cette semaine, ma fille de neuf ans était invitée chez une copine de classe, dans le cadre d'un programme scolaire intitulé « Une maison chaleureuse », où chaque fille reçoit quelques copines de classe chez elle, afin d'encourager leur rapprochement et de renforcer un sentiment d'unité dans la classe.

Sans aucun doute, il s'agit d'une initiative très positive que les filles aiment beaucoup et attendent avec impatience, que ce soit en tant qu'hôtes ou qu'invitées. Le programme inclut un repas en commun après l'école, une activité manuelle, une activité cuisine, un jeu de société, et se termine en général en fin d'après-midi.

Cette semaine, le jour de l'activité, je reçus un coup de fil de la maman qui recevait. Elle était au bord des larmes et me demanda de venir rapidement car quelque chose de très gênant était arrivé et il fallait absolument qu'elle m'en parle et me demande conseil.

Evidemment, j'ai tout de suite préparé les enfants et j'ai foncé chez elle. Une fois là-bas, je vis les filles qui jouaient tranquillement, tandis que la mère était au bord de la crise de nerfs.

« C'est terrible », dit-elle ; j'étais sûre que quelqu'un venait de décéder dans leur famille, ou quelque chose du genre. « J'ai tellement honte, je ne comprends pas », continua-t-elle ; je compris alors que ma première idée était erronée. « Tu m'avais mise en garde et tu avais raison ! » dit-elle de derrière ses mains qui cachaient son visage honteux. Bon, ça commençait à me stresser, essentiellement parce que je comprenais que sa détresse était, d'une certaine façon, liée à moi.

« Je me suis absentée seulement cinq minutes pour acheter quelque chose au supermarché. Je ne m'imaginais pas que… Nous avons le filtre le plus élevé. » J'avais maintenant le souffle court, essayant de comprendre, parce que soit elle exagérait, soit j'étais dans de beaux draps. "

« Que s'est-il passé ? » Je l'encourageai à continuer.

« Quand je suis rentrée du supermarché, une des filles m'a raconté qu'elles avaient profité de mon absence pour regarder des films non pudiques sur YouTube », elle venait de lâcher la bombe.

A ce moment-là et sans prévenir, tous les pires films se mirent à défiler dans ma tête, avec du sexe et de la pornographie d'un côté, et ma petite fille chérie, pure et innocente, de l'autre. 

Difficile de décrire cette sensation, semblable à ce qu'on pourrait ressentir à l'annonce d'une catastrophe…. Certes, personne n'avait été blessé ni tué, D.ieu préserve, mais les blessures de l'âme ne sont pas moins graves que les blessures physiques ! Et d'un seul coup, c'était comme si tout l'univers d'enfant de ma petite fille, que je mettais tant de soins à protéger, venait de se briser. Je ne savais pas comment réagir. Je voulais réconforter cette maman qui s'écroulait devant moi, mais j'étais moi-même sur le point de m'écrouler.

 

« Notre filtre Internet, c'est Rimon » (prestataire de service Israélien), continua-t-elle, « comment cela a-t-il pu arriver ? D'où ont-elles eu l'idée de faire une telle recherche ? Qu'est-ce que je vais dire à leurs parents ?? » Partagea-t-elle ses inquiétudes avec moi, et la vérité c'est que je ne l'enviais pas du tout de devoir faire face à sa responsabilité envers sa propre fille et envers les autres. J'ai immédiatement remercié Hachem de ne pas être à sa place.

Durant ces instants, je ressentis toutes sortes de sentiments. Au début, j'étais un peu en colère contre cette maman parce qu'elle les avait laissées seules, j'en voulais aussi à sa fille qui avait été l'investigatrice de toute cette histoire. Ensuite je m'en voulus à moi-même en pensant au fait qu'il y avait eu des signes annonciateurs lorsque, quelques semaines auparavant, cette même copine avait montré à ma fille des photos d'un couple qui s'embrassait en cours d'informatique. Evidemment, j'en avais parlé avec la prof d'informatique et avec la maman concernée, mais nous avions toutes pensé que ça s'arrêterait là et nous n'osions pas imaginer pire.

Face à cette maman brisée et confuse, je ne pouvais pas continuer à être en colère ou à accuser qui que ce soit, j'essayai simplement de sortir ma boite à outils juifs et de m'efforcer d'extraire de l'amer un peu de douceur.

Ce n’était pas simple, parce que je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais faire. J’avais peur d’en parler à mon mari, car il m’avait déjà mise en garde par rapport à ce que notre fille pouvait être amenée à voir chez des copines, et il avait raison.

Le soir même, je parlai avec ma fille, essayant de l’amener à raconter ce qui s’était passé, sans succès. Au final, je lui posai directement la question. Elle se recroquevilla de honte et couvrit son visage sous sa couverture. Je lui dis de décrire ce qu’elle avait vu, et lui demandai si quelque chose l’avait perturbée dans ce qu’elles avaient regardé. Elle était surtout secouée de la légèreté avec laquelle les gens dévoilaient leur corps devant d’autres personnes. « Ils n’ont pas honte ? » me demanda-t-elle plusieurs fois.

Le lendemain, je m’assis à nouveau avec elle pour en discuter, et je lui expliquai qu’Hachem a créé le corps de l’homme lors des premiers jours de la création. Que notre corps est quelque chose de beau, de bon et de très saint. Et comme pour tout, ici aussi il y a le bien et le mal, et à nous de continuer à nous appliquer à choisir le bien. Je lui expliquai les dangers d’Internet et les conséquences destructrices que peut avoir le fait de voir de mauvais programmes. Je lui demandai d’être responsable, en tant que l’ainée de la famille, pour que ses petits frères et sœurs ne soient pas exposés à de tels contenus. Je sentis qu’elle comprenait, intégrait, et que mes paroles lui parlaient et la touchaient.

L’une après l’autre, les mamans des autres filles me téléphonèrent, nous étions toutes choquées que la protection que nous pensions toutes avoir instaurée dans nos foyers ne soit pas suffisante. Ensemble, nous soulevâmes des moyens de traiter le problème avec nos filles.

La maitresse fut, elle aussi, impliquée. Elle eut une discussion avec les filles, les encouragea à parler et souligna le fait que l’essence du lien entre l’homme et la femme est quelque chose de beau et de saint, parallèlement, elle leur demanda de ne pas partager ce qu’elles avaient vu avec leurs copines de classe.

Au final, en dépit de la difficulté ressentie au début, nous avons réussi à extraire de la douceur de tout cela. Nous avons compris que les filtres Internet étaient dangereux, que c’était à nous d’être toujours en alerte, et qu’on n’avait pas le droit de s’endormir quand on était de garde. Cela nous a également rapprochées de nos filles, lors de discussions à cœur ouvert, afin de mieux les diriger sur la voie de la vérité, du bien et de la sainteté.

C’était le moment de remercier le Créateur pour nous avoir ouvert les yeux et pour nous avoir donné l’occasion de grandir, de nous renforcer, moi, ma fille et mon foyer.

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

 

 

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire