L’amour, le vrai

La vie de couple, la plupart du temps, c’est comme des pantoufles, et quelque fois seulement, c’est le feu d’artifice. Tout dépend des attentes qu’on a de son conjoint.

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Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

« Ça a été le coup de foudre, » me racontait-elle, enthousiaste. « Pendant deux semaines, on était dans les nuages, comme un manège qui tourne et qu’on ne peut pas arrêter. A chaque rencontre, j’étais très excitée. Mais soudain, après deux semaines, c’est comme si quelque chose s’était calmé. Nos rendez-vous étaient plus détendus, comme s’il avait déjà décidé que je lui étais acquise et qu’il était passé à l’étape suivante, celle des pantoufles (c’est comme ça que je l’appelle). » Conclut-elle, sûre d’elle.

« Les pantoufles ? » Demandai-je, surprise.

« Tu sais, comme s’il ne ressentait plus le besoin de me séduire ou de m’impressionner, et qu’il était trop à l’aise avec moi. »   

« Et comment cela se manifeste ? » J’essayai de comprendre ce qu’elle voulait dire.

« On s’assied au café pour prendre le petit déjeuner, et au lieu de discuter avec moi, il ouvre le journal et se met à lire la rubrique sport. » Soupira-t-elle légèrement. « Et moi, je déteste le sport. Ça m’ennuie, » continua-t-elle, sans reprendre son souffle, « Je pensais que ça prendrait un peu plus de temps avant que je m’ennuie à ses côtés. »

« Mais tout cela sonne comme quelque chose de bon, justement, » tentai-je de l’encourager, « puisqu’il a des intentions sérieuses envers toi, qu’il ne cherche pas à cacher, il est prêt à passer à l’étape suivante et à mettre ses pantoufles. Plus vous passerez vite à cette étape, plus tu pourras atteindre un véritable équilibre. L’étape des rencontres, ce n’est pas la vraie vie. Le mariage, la plupart du temps, c’est des pantoufles, et quelque fois seulement, c’est le feu d’artifice. Tout dépend de ce que tu attends de ton homme. »

Elle réfléchit un instant, puis répondit : « Je veux qu’il discute avec moi, qu’il m’amène dans des endroits, je veux m’émouvoir à ses côtés, » ses cils se courbèrent sur ses yeux rêveurs.

« Je ne sais pas comment te dire ça, » dis-je, tentant de lui faire passer le message en douceur, « mais dans la vraie vie, dans le couple, les sensations fortes sont rares. La plupart du temps, on apprend à s’émouvoir de petits gestes, d’un compliment, du fait qu’il se soit souvenu de notre anniversaire. J’ai peur que tu aies de trop grandes attentes… » Continuai-je, espérant ne pas lui saper le moral. « Les discutions avec ton homme ne sont pas les mêmes qu’avec une amie. Si tu as envie de parler, appelle-moi. Fais en sorte qu’il se sente à l’aise en ta compagnie. Et si ça veut dire, lire la rubrique sport, alors ennuie-toi un peu ou bien lis, toi aussi, quelque chose qui t’intéresse pendant ce temps. » Je suggérai quelques solutions que j’avais à l’esprit.

« Quoi, c’est tout ? » Me répondit-elle, déçue. « C’est ça, la vie de couple ? Si c’est ça, je ne suis pas du tout sûre que c’est ce que je veux. Peut-être que je ferais mieux de rester célibataire… »

Je souris en voyant son visage hagard. « L’erreur de base que nous faisons tous, » je tentai d’approfondir un peu, « est que nous nous attendons tout le temps à recevoir. Le grand secret de la vie de couple, est simplement de vouloir donner. Le vrai amour, c’est le don. Plus ton désir de donner sera grand, plus ton amour sera fort et atteindra des niveaux que tu ne soupçonnais même pas. »

Elle restait silencieuse, comme si elle digérait mes paroles, et j’en profitai pour faire le lien entre ce que je venais de dire et sa situation. « Si tu as rencontré un homme qui est prêt à te donner et t’apporter des choses, alors tu as reçu un grand cadeau. Maintenant, la question est de savoir si tu es prête à accepter ce cadeau que le Saint, béni soit-Il, t’envoie, afin de pouvoir, toi aussi, perpétuer la chaine et donner de toi-même à ton conjoint ? » Quand j’achevai ma phrase, deux petites gouttes scintillaient dans ses yeux, comme deux pierres précieuses.

« Plus tu donneras et plus tu rabaisseras tes attentes, » continuai-je à l’encourager, « plus tu mériteras d’atteindre un état de reconnaissance constante. Et alors, tu gagneras le gros lot, tu pourras vivre sans souffrir, et dans une joie authentique. » Mon âme s’émeut de ces paroles tellement vraies, et dans mes yeux également, deux pierres précieuses apparurent…

« Ça a l’air facile, de la façon dont tu le décris », osa-t-elle espérer.

« C’est une grande sagesse et ce n’est pas toujours facile à mettre en pratique. Mais c’est tout-à-fait possible, » répondis-je.

Je terminai notre conversation avec un slogan digne d’un grand rédacteur : « Aimer, c’est donner. Souviens-toi toujours. »

Et lorsque nous nous séparâmes, je vis ses lèvres qui murmuraient encore « Aimer, c’est donner. Aimer, c’est donner. Aimer… »

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

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