Ma maison

D'un côté, je peux tout lui jeter à la figure, m'énerver, exploser, et très bien vivre avec les conséquences. De l'autre, je pense qu'il doit y avoir une meilleure voie.

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Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

D'un côté, je peux tout lui jeter à la figure, m'énerver, exploser, et très bien vivre avec les conséquences. De l'autre, je pense qu'il doit y avoir une meilleure voie. Sharon Roter construit sa maison.

C'est vrai, mon mari est parfois énervant, et aussi embêtant, et puis il me met en colère. Il sait mettre le doigt sur les points les plus sensibles en moi, et quand on est en période creuse, ça me ronge de l'intérieur.

M-A-I-S ! Il est celui avec qui j'ai choisi de fonder un foyer, une famille, et le plus important, je l'aime vraiment. Maintenant, j'ai le choix : m'énerver, exploser, tout lui balancer au visage et vivre avec les conséquences, ou bien avoir recours à une autre façon de faire, meilleure et plus saine.

On a l'habitude de dire « mon mari, c'est ma deuxième moitié ».Mais la vérité, c'est qu'il est plus qu'une moitié. Pourquoi ? Car à notre source spirituelle, à la racine, nous sommes en fait une entité complète. Nous ne sommes pas moitié-moitié, nous sommes un. C'est dur à intégrer, essentiellement à cause de la différence de sexes. Mais cette différence est intentionnelle et précise, pour nous faire grandir et nous aider à nous construire.

Au fil des années, je ressens de plus en plus profondément que mon mari est mon zivoug authentique, ma destinée, et cette sensation me donne la confiance et le courage qu'il me faut pour travailler sur mon caractère.

Il y a beaucoup à dire sur le couple, et je suis loin de tout savoir, mais je peux partager avec vous quelques-uns des moments durant lesquels je suis parvenue à puiser des forces au-delà de ma réaction première et instinctive, qui est en général très sensible et enfantine.

Très souvent, je me sens rejetée par mon mari, il est distant et il m'évite. Ma première réaction est alors de l'accuser de ce qui se passe et de ce que je ressens, puis ensuite, je rentre profondément dans ma coquille. Mais si je m'arrête une seconde et que je prends un peu de recul, je commence à me poser des questions. « D'accord, tu le sens distant, mais regarde à l'intérieur, en toi. Est-ce que tu sens que tu veux sa proximité ? Comment te comportes-tu, toi ?… »Très souvent, je découvre que je suis en fait celle qui recherche cette distance, et que sa distance est en fait le résultat de ma volonté.

Cet exemple est valable pour presque toutes les situations, et si on prend le temps de gratter un peu à la surface pour voir plus en profondeur, on se rendra compte qu’on a toujours une part de responsabilité significative dans la situation à laquelle on est arrivé.

Autre chose qui m’aide énormément dans le chalom bayt (la paix dans le couple), c’est de toujours avoir à l’esprit que tout vient de Lui, béni soit-Il, et que tout est précis. Mon mari n’est qu’un messager d’Hachem, qui est làpour me montrer et éclairer en moi les points à partir desquels je peux grandir et me construire. Cette façon de voir les choses me permet de créer une distance entre mon ego et le sien dans notre rapport de forces, et de laisser de la place entre nous deux, pour D.ieu, pour la paix et pour la présence Divine.

« Si l’homme et la femme le méritent – la présence Divine est entre eux. » En hébreu, « le méritent » (זכו) vient du mot se purifier, s’affiner (להזדכך), c'est-à-dire travailler sur ses traits de caractère. Parce qu’il faut toujours, mais vraiment toujours, faire entrer D.ieu dans l’histoire, de façon à mériter que la présence Divine résideentre nous. Dans ce domaine, j’essaie de chercher la proximité de D.ieu et de Le servir, au lieu d’en vouloir à mon mari – s’il travaille lui aussi sur lui-même et sur son service Divin, ou s’il en est loin, D.ieu préserve.

On peut changer chaque mauvais trait de caractère en positif, c’est très important de garder ça à l’esprit. Par exemple, dans un moment de colère, quand un feu intérieur s’embrase et chauffe, on peut avec le même feu, brûler, détruire et consumer la relation ; mais on peut aussi rediriger ce feu dans le sens du bien et de l’utile – vers un rapprochement, vers une chaleur douce et vers la sainteté.

Il y a quelques temps, j’ai assisté à un cours sur le couple. Pendant la partie pratique du cours, on devait préparer une cinquantaine de petites cartes sur toutes les bonnes qualités des hommes. Chaque femme devait ensuite choisir les cartes des qualités de son mari, puis les écrire sur une feuille. Ma liste était longue, grâceà D.ieu, et je la garde à portée de main, prête à être lue dans les moments difficiles ; de cette façon, quand je me sens blessée ou offensée, j’arrive à me rappeler combien mon mari est loyal et dévoué, responsable et sensé, combien il m’encourage, combien il aime les gens etc. Cette liste me remet devant les yeux tout ce qui me plait chez lui et m’aide à panser mes blessures, et le plus important, à lui pardonner plus vite et plus facilement.

Mais je pense que la chose la plus importante pour moi est le fait de comprendre que je suis le pilier de la maison, et que tout, sans exception, dépend de moi. Si je suis joyeuse, tout le monde est joyeux, et si je suis triste, tout le monde est triste. Si je suis dispersée, toute la maison est sens dessus dessous, et si je suis sur les nerfs, tout le monde est nerveux.

En être consciente n’est pas toujours facile et demande beaucoup d’endurance. Parfois, je suis comme une petite fille, je me dis que ce n’est pas juste. D’un autre côté, quand je réexamine les choses en profondeur, je me rends compte que justement, je suis contente que les choses soient ainsi et que je n’échangerais ma place pour rien au monde. Car être une femme juive, c’est un pouvoir incroyable et inépuisable, c’est comme être au-dessus de la nature, vraiment ! J’aime le fait que grâce à cela, je m’investis plus pour construire mon foyer, mon mari et mes enfants, et évidemment, pour me construire moi-même.

Puissions-nous mériter de nous rappeler et d’appliquer tous les bons conseils des sages quand c’est nécessaire, et de construire un foyer dans lequel la présence Divine pourra résider. Puissions-nous être comme les chérubins dans le Temple – toujours tournés l’un vers l’autre, réceptifs et compréhensifs.
 
 
 

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