Une chambre secrète dans le cœur

Le plus grand souhait de beaucoup de couples est de renforcer leur relation et d’améliorer leur mariage. Comment ?

4 Temps de lecture

Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

Le plus grand souhait de beaucoup de couples est de renforcer leur relation et d’améliorer leur mariage. Comment fait-on cela ? En ouvrant la chambre secrète qu’on a dans le cœur. Demandez à Sharon Roter ! Elle l’a fait…

Traduit par Carine Illouz

Cette année, mon mari et moi allons célébrer dix ans de mariage, grâceà D.ieu.

Avant de nous marier, nous avons vécu ensemble pendant quatre ans, comme le veut la stricte tradition Tel-Avivienne… Mais, pour je ne sais quelle raison, j’ai tendance à ne pas considérer cette période prénuptiale comme une chose ayant contribué à construire notre relation. Bien que nous ayons vécu ensemble certains aspects de la vie de couple, on ne peut comparer le niveau d’engagement l’un envers l’autre et les difficultés d’avant et d’après le mariage.

Je me souviens de ce jour, celui où il m’a demandée en mariage, d’une façon très peu conventionnelle.
Cet après-midi-là, nous étions assis : ma mère, son mari Adi et moi, dans un restaurant d’affaires à Tel Aviv. Ma mère et Adi s’étaient mariés la même année, et j’avais un peu de mal à contenir sa présence, qui était différente de tout ce que j’avais jamais connu.

Adi Abraham, le shérif de Hébron, alors âgé de presque quatre-vingts ans, barbe blanche, kéfié, djellaba, un M16 à la main et des balles à la ceinture. Avec son lourd accent américain, il m’expliqua qu’il fallait absolument que je me marie et que c’était vraiment un manque d’honneur pour moi-même que de vivre comme ça, pendant quatre ans sans mariage.

La vérité ? C’est que je ne comprenais pas vraiment d’où est-ce qu’il me tombait dessus. Un homme âgé et archaïque, primitif et provincial, qui venait mettre son nez dans ma vie et me dire comment la vivre ? Mais qu’est-ce qu’il en savait ? Et de toute façon, comment se permettait-il ? Je mis court à la conversation et refusai de continuer à parler de ça, et même d’y penser.

Le soir, lorsque mon compagnon rentra à la maison, je ressortis rapidement et sans réfléchir, tout ce que j’avais entendu lors de cette conversation. C’était comme si quelqu’un d’autre parlait du plus profond de moi, sans que je le contrôle vraiment. « Il faut qu’on se marie, » je lâchai la bombe, « c’est vraiment déshonorant pour moi que tu ne te maries pas avec moi, ça me blesse » continuai-je, sans pitié.

Je le vis changer de couleur, du vert au blanc, puis au gris, et balbutier doucement, avec hésitation: « je ne savais pas que tu ressentais les choses comme ça ».

Dès le lendemain, il se mit à chercher un endroit approprié pour se marier, et en un mois, c’était fait.

Dix ans sont passés depuis, et quatre enfants sont nés, D.ieu merci. Et je regarde notre relation, émerveillée et pleine d’une estime sans bornes. Le terme d’amour a pris, pendant ces années, tant de couleurs, de nuances et de formes différentes que je ne pouvais absolument pas m’imaginer.

Tout récemment, je découvre de nouvelles émotions, d’autres sentiments, de ceux qu’on nous montre dans les films, ou que je m’étais imaginés. Quelque chose de profond qui nous lie, qui s’est construit et a grandi au fil des années, comme un arbre sur lequel poussent de nouvelles branches et de nouvelles feuilles, et qui pousse encore un peu plus haut, sans que l’œil ne remarque vraiment le changement. Mais un beau jour, en passant à côté de lui après un certain temps, on voit combien il a poussé, combien il est beau et impressionnant, combien il est stable et solide, on peut s’appuyer sur lui sans crainte, il sait se protéger et donne de beaux fruits.

Au fil des années, chacun de nous a changé, mais au lieu d’être cause de peur et d’éloignement, ce changement nous a justement rapprochés. Nous comprenons tous deux, grâceà D.ieu, qu’une relation demande du travail et des efforts afin de prospérer. Chacun de nous travaille sur lui-même, en apprend sur lui-même et sur l’autre, grâce aux sages enseignements de la Torah, en s’efforçant de les mémoriser, de se les rappeler et de les mettre en application.

Il y a ce désir mutuel de bien vivre ensemble et de construire un véritable petit Beit Mikdach (Temple) : celui de notre maison et de notre famille.

Ce n’est pas facile et ça demande la concordance de plusieurs choses à la fois, comme le fait d’avoir une vue d’ensemble et de ne pas rester coincé dans une situation particulière, d’être conscient et de comprendre que tout vient d’Hachem, béni soit-Il, et que tout est pour le bien, d’accepter la réalité telle qu’elle est, sans essayer de la contrôler, de remercier et d’être reconnaissant, d’encourager et de s’efforcer d’être dans la joie.

Ces derniers temps, je me sens comme si mon cœur s’était élargi, comme s’il contenait une pièce supplémentaire, jusqu’alors inconnue. Une pièce vraie, profonde et extrêmement sensible, que je n’avais jamais osé ouvrir dans le passé, par peur de me faire mal. Cette pièce s’est ouverte à moi, car après de nombreuses années ensemble et énormément de prières pour la paix dans notre foyer et une vie de couple sereine, j’ai réalisé, un beau matin, combien j’appréciais mon mari, sa sagesse et sa façon de voir la vie.

Cette prise de conscience m’amena à me libérer d’une certaine prise de contrôle que j’avais en moi et à vraiment me consacrer à lui. Comme dans ce jeu oùl’on se jette en arrière,pour tomber dans les bras de quelqu’un censé nous rattraper. Etonnamment, c’est un exercice très difficile pour beaucoup de gens, même si l’on connait la personne qui doit nous rattraper et qu’on a toute confiance en elle.Cela demande de croire en l’autre, de se lâcher et de s’annuler face à elle ; ce qui est délicat pour la plupart d’entre nous.

Pourtant, quelque chose s’est ouvert en moi et soudain, j’ai compris que j’avais confiance, une totale confiance et une profonde appréciation. Mais parallèlement, je ressentis aussi de la peur et une certaine panique : que se passerait-il si, maintenant que j’ai une telle confiance, je me retrouvais seule, D.ieu préserve ?

Cette peur intense me fit comprendre pourquoi, jusqu'à présent, je ne m’étais jamais donnée ainsi. Et en même temps, j’eus un sentiment de libération, de reconnaissance et de joie quant à cet élargissement de mon cœur – laissant place à la sensibilité, la dévotion et une foi stable, résultat d’années de travail et de conseils.

Cette découverte incroyable m’a remplie de curiosité et de la volonté de continuer sur cette voie, d’ouvrir d’autres pièces dans mon cœur, d’approfondir et de renforcer le lien entre nous dans l’unité et la sainteté, pour plaire au Créateur.

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire