Une lumière inattendue

Je me mis à réfléchir sur ma façon de faire les tâches quotidiennes qui remplissent mes journées : sortir le linge de la machine à laver, ranger les jouets …

5 Temps de lecture

une personne anonyme

Posté sur 14.12.22

Il y a quelques semaines, je suis allée assister à la fête de ‘Hanouka qui avait été organisée par l’école dans laquelle deux de mes fils étudient. Nous arrivâmes – mon mari, mes deux fils et moi-même – légèrement en retard et dès que nous mirent un pied dans la salle des fêtes, mes deux fils disparurent, comme engloutis par une mer de kippoth.

J’essayais de me frayer un chemin à travers les nombreuses mamans qui étaient venues assister à la fête. Je ne fus pas surprise de constater que les meilleures places avaient déjà étaient prises ; ceci est généralement la récompense que nous recevons pour être arrivés l’heure.
Dépitée, je me fis une raison d’être dans la dernière rangée de l’auditorium. Tant bien que mal – et en tendant le cou désespérément – j’essayais d’apercevoir mes fils rayonnants qui chantaient précisément à cet instant la chanson “‘Al hanissim.” L’estrade était pleine d’enfants et mes yeux essayaient de se fixer – non sans mal – sur mes deux perles. C’est alors que j’aperçus le gardien de l’école me faire signe. “Venez vous asseoir ici.” me dit-il. “J’ai une meilleure place à vous proposer.”
Rav Meir – comme le surnomment avec beaucoup d’affection les enfants de l’école – était en train de placer un banc supplémentaire pour les nombreuses mamans. Il avait placé ce banc à côté de l’estrade, ce qui en faisait le mieux placé dans toute la salle des fêtes. Pendant qu’il mettait tout cela en ordre, je le regardais faire. L’application qu’il mettait dans son travail était belle à voir ; il se démenait pour toutes les mères qui – comme moi – étaient arrivées en retard. Je trouvais cela très gentil de sa part.
Faisant un signe de tête pour montrer mon appréciation, je me dirigeai avec bonheur vers cette place inespérée. Je regardais Rav Meir et je relevais dans son regard un plaisir immense à faire ce qu’il faisait. “Toutes les mamans doivent pouvoir regarder leurs enfants ” s’exclama-t-il ! Son sourire était beau à voir et son travail le tenait occupé. De fait, toutes les personnes présentes cet après-midi là bénéficiaient – sans forcément le savoir – du travail assidu de Rav Meir.
Si le buffet était bien tenu, c’était grâce à lui. Si les bouteilles étaient toujours pleines, c’était aussi grâce à lui. Les gâteaux qui étaient bien présentés ; les serviettes, les fourchettes et les couteaux qui ne manquaient jamais… Tout était à sa place et le service était impeccable. Tandis que je m’asseyais finalement sur le banc, les enfants entonnaient une nouvelle chanson.
Ce qui m’avait plu dans la joie du gardien, c’est la chaleur qu’elle m’avait apportée dans mon cœur. La salle des fêtes était plutôt froide en cet après-midi du mois de décembre. Pendant toute la durée du spectacle, mon regard se posa régulièrement sur Rav Meir. Tantôt, il aidait une mère à retrouver le manteau qu’un de ses enfants avait égaré ; tantôt, il remplaçait sur le champ une ampoule électrique qui venait de s’éteindre ; un sourire doux ne quittait jamais ses lèvres et l’air qu’il fredonnait l’occupait continuellement. À la vue des enfants, sa joie semblait être à son comble et ceux-ci le lui rendaient bien.
Du début du spectacle, jusqu’à la fin, Rav Meir s’assura qu’il ne manqua rien à personne, que chaque parent était heureux d’être là, que personne n’avait  faim ou soif… Il insista même pour que chaque enfant reçoive sa soufgania (beignet de ‘Hanouka) ! Pas une seule seconde je le vis s’asseoir ou se reposer.
Sur mon chemin de retour, je pensais à la façon dont Rav Meir avait su – à sa façon, c’est-à-dire sans prétention – remplir la soirée de sa présence. Son enthousiasme et sa bonne volonté étaient tout simplement exceptionnels pour un après-midi qui – pour lui – ne devait rien avoir de spécial. J’étais encore sous le charme de ses efforts pour me trouver une place où je pourrai voir mes enfants.
Avec ses pensées dans mon esprit, je me mis à réfléchir sur ma façon de faire les tâches quotidiennes qui remplissent mes journées : sortir le linge de la machine à laver pour l’étendre, ranger les jouets des enfants éparpillés dans toute la maison… Je commençais également à penser à tous les gestes que je réalise – même à mon travail – sans être enthousiaste et remplie de joie. De fait, il m’arrive même de faire ces gestes en me sentant irritée de devoir les faire.
Je soupirai en admettant que ma façon de voir mes activités quotidiennes était loin du niveau de celui atteint par Rav Meir. Pour l’immense majorité de ces tâches, je devais avouer qu’il aurait été difficile de trouver sur mon visage la moindre trace d’enthousiasme et d’excitation, deux traits que j’avais vu pendant plusieurs heures sur le visage de Rav Meir.
Sans doute, je donnais au succès – et aux choses importantes de la vie – une mauvaise définition. Peut être que le secret d’une vie heureuse se trouvait dans l’enthousiasme contagieux de Rav Meir et dans sa capacité à être joyeux en faisant ce qu’il devait faire. En fin de compte, le succès d’une personne ne doit pas être mesuré en fonction de ses diplômes, de son salaire ou même de ce que pensent d’elle les autres personnes.
Plutôt, je pouvais trouver une grande satisfaction à m’assurer que ma fille aînée trouve dans son sac d’école son sandwich préféré, ce qui mettrait sur son visage un sourire radieux à l’heure de lunch. Son bonheur serait sans doute aussi grand que le mien, lorsque je vis Rav Meir me proposer une place sur le banc.
De fait, nos Sages ont enseigné que chacune de nos tâches quotidiennes a été prévue spécifiquement par nous par le Tout-Puissant. C’est pour cela que chacune d’entre elle contient des étincelles de Sainteté qui s’élèvent très haut dans le ciel lorsque nous complétons correctement cette tâche.
Je suis arrivée à la conclusion que le succès réside dans notre façon de faire ce qui est de notre responsabilité. Peu importe la nature de l’acte que nous devons réaliser – et encore moins son résultat – nous devons être heureux de le faire. Le reste se trouve entre les mains d’Hachem.
Ceci ressemble à ce qu’a dit Rabbi Na’hman de Breslev. Selon le Rabbi, chaque jour contient sa propre signification et notre devoir est de nous concentrer sur ce que nous devons faire aujourd’hui et uniquement aujourd’hui. De cette façon, nous pouvons découvrir chaque jour la mission que nous devons remplir et qui se cache dans les évènements quotidiens de notre vie.
Avec cette nouvelle approche, je me réveillai le lendemain matin chargée d’un nouvelle énergie. Plutôt que de prononcer la prière “Modé Ani ” en quelques secondes – et sans y prêter réellement attention – je pris le temps de prononcer lentement chaque mot. Pendant que je la récitais, je m’efforçais de ne pas penser à tout ce que je devais faire ce jour-là, mais simplement à ce que je disais.
Plutôt que réveiller mes enfants en allumant l’ampoule de leur chambre et en mâchant un “bonjour” rapide, je les embrassais un après l’autre. Je prenais le temps de me délecter à la vue de leurs petites mains frotter leurs yeux encore endormis et de les entendre me répondre dans leurs bâillements.
Ce jour-là, je fis griller les tartines de pain pour toute la famille, mais j’ajoutai quelque chose de spécial : une confiture au sucre roux que j’avais achetée quelques jours auparavant et que je désirais conserver pour un jour spécial. Je décidai que le jour spécial serait aujourd’hui ! Lorsque je vis le visage enchanté de mes enfants à la vue des tartines de confiture, je sus que j’avais fait le bon choix.
Lorsque mon mari rentra de la synagogue – après sa prière du matin – je lui souriais avec beaucoup de joie et  lui offrais une tasse de son café favori. Après avoir mis les bonnets de laine, les écharpes et les gants sur chaque tête, cou et mains de mes enfants, je fermai la porte de mon salon avec un sentiment de bonheur et de joie.
Ce matin-là, j’avais remporté un succès inestimable. Je sentais que mon succès avait été grand et qu’il me restait encore un grand nombre d’heures devant moi pour en remporter d’autres. Merci beaucoup Rav Meir.
En mémoire de ma mère Annilee Patricia bath Rita pour sa hiloula, le 22 chevat.

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire