Acquérir une foi parfaite a Pessah’

Comment exige d'un juif de se sentir à présent libre comme s'il était sorti d'Egypte, alors qu'il n'y a jamais été asservi ?

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 10.04.22

Dans la prière de la fête (plus précisément dans la ‘amida), on dit : « Dans Ton amour, Hachem notre D., Tu nous as donné des époques consacrées à la joie, des fêtes solennelles consacrées à l’allégresse, cette fête de Pessa’h, époque de notre délivrance, que tu as déclarée sainte et solennelle en mémoire de la sortie d’Egypte. »

Ces propos semblent contenir des contradictions : Au début, nous déclarons « cette fête de Pâque, époque de notre délivrance » comme pour remercier D. de la liberté qui est la nôtre aujourd’hui, mais nous poursuivons en disant « en mémoire de la sortie » d « Égypte », ce qui signifiait que toute la fête de Pessa’h n’est qu’un souvenir de la délivrance de nos ancêtres, et non un souvenir de la liberté. De plus, nos Sages ont déclaré que chacun doit se considérer comme étant lui-même sorti d’Egypte. Ceci est apparemment difficile à comprendre : comment exige d’un juif de se sentir à présent libre comme s’il était sorti d’Égypte, alors qu’il n’y a jamais été affirmé ?

Tentons d’expliquer cela : le seul moyen d’acquérir une foi stable, d’atteindre ce niveau élevé qui permet de ressentir que si D. n’avait pas libéré nos pères d’Egypte, nous et nos enfants y serions encore les esclaves de Par’o, est de prier abondamment. De même, il nous incombe d’inculquer à nos enfants une foi solide dès leur plus jeune âge. Il faut donc, cette nuit-là, raconter longuement le récit de la sortie d’Egypte, afin d’enraciner dans le cœur des enfants une foi sincère en D., dépourvue de doutes.

Alors que je rédigeais cet article le lendemain de la fête, mon jeune fils m’a demandé : « Pourquoi à Pessa’h nous ne mangeons que de la matsa, alors que durant le reste de l’année, le ‘hamets et la matsa sont autorisés ? » et je lui ai répondu : « Tu m’as déjà posé cette question le soir du séder en chantant ‘en quoi cette nuit-là est-elle différente des autres nuits ? (Ma nichtana halayla hazé mikol haleilot)’ et je t’ai donné la réponse ! » Mais il a répliqué : « Les réponses que tu m’as données n’étaient pas suffisantes », et j’ai donc commencé à le lui expliquer de nouveau.

Finalement, le voyant toujours sceptique j’ai déclaré : « C’est ainsi que D. a ordonné. » Il m’a alors lancé : « C’est ce que tu affirmes à chaque fois que tu n’as pas de réponse à mes questions. » J’ai souri et répondu : « Tu as raison. Laisse-moi le temps de consulter des livres et je te donnerai une réponse. »

Ainsi, si nous laissons un enfant se développer avec des doutes, que D. préserve, il grandira certainement avec ces doutes-là, et peut-être même davantage, et ne ressentira plus les miracles et les choses extraordinaires que D. a réalisé pour nos pères en les faisant sortir d’Egypte. Puis lorsqu’il atteindra l’âge de se marier et de fonder un foyer et qu’il célèbrera le séder chez lui avec sa famille, il lira la haggadah comme une histoire, sans éprouver intérieurement que sans Hachem qui, dans Sa miséricorde, avait délivrés nos pères d’Egypte, lui-même y seraient encore assujettis.

Méditer et nous lier au passé, à l’époque où les bnei Israël étaient opprimés en Egypte et où ils y ont terriblement souffert, éprouver leur douleur, prendre la mesure des miracles et prodiges réalisés en leur faveur ainsi que des grandes plaies qui ont frappé les Égyptiens et nous réjouissant pour nos ancêtres nous permettent de ressentir nous-mêmes le passage à cette liberté. Mais si nous ne sommes pas affligés par la détresse de nos pères, ni prospères par leur délivrance, il nous est impossible de reconnaître le miracle qui a été fait pour eux et pour nous-mêmes et nous n’éprouvons aucun sentiment de liberté.

C’est précisément pour cela que la fête de Pessa’h est la véritable époque de notre délivrance, puisque sans l’affranchissement de nos ancêtres en Egypte, obtenu avec de grands et redoutables prodiges, nous ne serions pas libres aujourd’hui. En effet, lorsque D. a réalisé ce miracle pour nos pères, il a fait en sorte que son impact et les forces de sainteté qu’il a engendrées sur terre se prolongent jusqu’aux générations suivantes et que celles-ci ont reçu l’immense et infinie lumière de la sainteté de la première fête et des miracles qui s’y sont produits. En nous éveillant avec une grande joie au service de Hachem, nous ressentons, sans aucun doute, la même joie de la liberté que celle de nos ancêtres lors de la sortie d’Egypte.

Pour illustrer cette idée, voici une histoire qui m’est arrivée : le lendemain de Pessa’h, pendant le repas, j’ai remarqué qu’un des invités qui était à ma table semblait pensif. Je l’ai interpellé : « Tsion, pourquoi êtes-vous soucieux ? C’est aujourd’hui le lendemain de la fête (issrou ‘hag), il faut donc se réjouir ! J’ai pourtant expliqué hier que nous devons prolonger la sainteté de la fête de Pessa’h, qui veut dire « enjamber », se soustraire à tous les problèmes et avoir confiance uniquement en D. ! Avez-vous oublié que Pessa’h est une allusion à l’adhésion à Hachem, à l’attachement rétroactif au passé au point de ressentir la souffrance ainsi que la joie de nos ancêtres asservis en Egypte puis libérés, que c’est un Pessa ‘h pour Hachem, quand Il les a fait sortir d’Egypte, et que sans cela, vous y auriez encore été esclave ? Avez-vous oublié que Pessa’h représente l’attachement aux mitsvot, elles-mêmes comparées aux matsot qui sont dures : il n’est donc pas facile de les respecter correctement et il nous incombe de fournir des efforts pour les accomplir, en étant soumis à la volonté de D. ! Pour quelle raison consomme-t-on de la matsa pendant sept jours ? En parallèle aux soixante-dix années de la vie d’un homme durant lesquelles nous devons nous fatiguer dans le service de Hachem sans recevoir de récompense dans ce monde-ci, car le salaire d’une mitsva ne vient pas dans ce monde. » Pour quelle raison consomme-t-on de la matsa pendant sept jours ? En parallèle aux soixante-dix années de la vie d’un homme durant lesquelles nous devons nous fatiguer dans le service de Hachem sans recevoir de récompense dans ce monde-ci, car le salaire d’une mitsva ne vient pas dans ce monde. » Pour quelle raison consomme-t-on de la matsa pendant sept jours ? En parallèle aux soixante-dix années de la vie d’un homme durant lesquelles nous devons nous fatiguer dans le service de Hachem sans recevoir de récompense dans ce monde-ci, car le salaire d’une mitsva ne vient pas dans ce monde. »

Alors Tsion m’a répondu : « C’est exactement pour cela que je suis inquiet. La grande élévation d’âme que j’ai éprouvée durant la fête de Pessa’h me manque à présent et je ressens une petite faiblesse. »

En entendant cela, j’ai déclaré : « C’est l’œuvre du Satan, qui veut introduire en vous le désespoir « par amour du Ciel » ! Ce découragement entache de doutes votre foi en D., vous fait tomber entre les mains du Satan, et vous perdez ainsi toute la confiance acquise durant la fête et voyez votre bénéfice détruit par cette tristesse. D. sait que la sainteté de Pessa’h est grande et sa lumière puissante au point de causer une certaine chute en nous lorsqu’elle prend fin. Il nous a alors donné, juste après la fête, la mitsva de compter le ‘omer afin de faire durer le lien avec Lui de Pessa’h à Chavouot, temps du don de la Torah, qui était le but de la sortie d’Egypte . C’est pourquoi Hachem nous a demandé de continuer à ressentir la lumière de la fête à travers le compte du ‘omer jusqu’à Chavouot, qui est le moment du don de notre Torah. Ainsi,

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