Dans le ventre de notre Père

Quel bonheur avons-nous ! Nous célébrons maintenant la fête de Soukoth (la fête des cabanes). Peu importe où nous habitons : à Montréal, où la neige est quelquefois l’invitée surprise, à Paris, où un manteau chaud est de rigueur pour rester quelques temps dans la souka, en Eretz Israël (en Terre d’Israël), où il est habituel d’avoir la climatisation dans la souka pour contrer la rigueur… de l’été qui n’en finit pas de finir. Dans tous les cas, Hachem demande à chaque juif de vivre une semaine entière dans sa souka.

 

Après avoir célébré Roch Hachana (le jour de l’an juif), Yom Kippour (le Jour du Grand Pardon), nous avons le privilège de vivre la fête de Soukoth. On l’aura compris, le premier mois de l’année juive – le mois de tichré – est le plus riche en fêtes et en opportunités de se rapprocher de notre racine sainte. De toutes les occasions du mois, Soukoth est sans doute celle où nous pouvons le plus ressentir la présence de D-ieu proche de nous.

 

Lorsque nous sommes assis dans une souka, nous sommes littéralement enveloppés-es de mitswa. De tous côtés où nous regardons, la mitswa de la souka nous protège et crée une véritable écorce entre ce monde et nous. Cela ressemble un peu au bébé qui se trouve dans le ventre de sa mère.

 

La mitswa de la souka possède un point commun avec celle du miqwé (bain purificateur). Lorsque nous nous immergeons dans un miqwé, nous sommes également entourés-es de mitswa. Dans ce cas aussi, l’eau purificatrice nous protège du monde extérieur. Cela ressemble au bébé dans le ventre de sa mère et qui, lui aussi, est entouré de liquide.

 

Ainsi, s’asseoir dans une souka n’est pas anodin. La personne qui réfléchit quelques instants avant de profiter des avantages de la vie dans une cabane, pourra ressentir l’immense joie d’entrer dans le ventre de son Père, notre Créateur. Avec cette pensée en tête, nous pouvons comprendre plus facilement la raison pour laquelle la sainteté qui règne au sein d’une souka est d’un niveau extrêmement élevé.

 

Vivre dans une souka – si le climat le permet – pendant une semaine représente un cadeau du Ciel. Notre Père nous dit : “Vous avez commencé l’année en pensant (un peu, beaucoup, moyennement…) à Moi, et fait (un peu, beaucoup, moyennement…) d’efforts pour vous rapprocher de moi lors du jour de l’an et du Jour du Grand Pardon. Maintenant, c’est à Mon tour de faire un pas vers vous et de vous accueillir en Moi, si vous le désirez.”

 

Ce cadeau du Ciel n’est pas toujours donné à ceux et celles qui ont déjà atteint un niveau élevé de piété. Ce cadeau en est un qui correspond parfaitement à sa définition : “Chose qu’on offre à quelqu’un pour lui faire plaisir.” Rien n’est demandé en échange et rien n’a été demandé auparavant pour l’obtenir. Quelle est la raison de ce cadeau ? L’amour de celui qui le donne. La fête de Soukoth est celle où D-ieu nous offre le plus beau cadeau qu’on puisse rêver : nous recevoir sous son aile protectrice.

 

C’est sans doute pour cette raison que la construction d’une souka se fait le plus souvent dans une grande excitation et un sentiment important de joie et de bonheur. Peu importe que nous en prenions conscience ou non, notre âme sait qu’en construisant une cabane, nous préparons des rendez-vous d’un type spécial, une rencontre de l’au-delà. Laissons-nous emporter par l’excitation ; redevenons les enfants que nous avons oublié d’être depuis si longtemps ; il nous suffit de vouloir connaître D-ieu pour qu’Il nous ouvre les bras. En toute simplicité, sans sophistication.

 

La mitswa de la souka permet aussi de purifier notre cœur. Un point commun supplémentaire avec le bébé dans le ventre de sa mère : lui aussi possède un cœur d’une pureté parfaite.

 

Avoir un cœur plus pur n’est pas simplement une idée attirante. La personne dont le cœur s’est débarrassé de ce qui est impur (pensées négatives, tristesse, désirs égoïstes…) est plus à même de ressentir le véritable bonheur, la joie profonde. Ce bonheur et cette joie sont nos meilleurs atouts pour parler à D-ieu. Qu’il s’agisse d’un dialogue privé que nous établissons avec le Maître du monde (hitbodédouth), d’une prière plus formelle (rédigée dans un livre de prières) ou de simples pensées, nous sentirons plus souvent une envie nouvelle et excitante de nous élever, de laisser les tracas de la vie quotidienne pour ce qu’ils sont…

 

La mitswa de la souka est faite avec encore plus de perfection si nous ne ressentons pas particulièrement ce sentiment de proximité avec le Divin. Dans ce cas, n’hésitons pas à dire à notre Père : “Voilà ! Je ne comprends pas vraiment ce que Tu attends de moi, mais j’ai fait ce que Tu désires : j’ai construit ma souka, je m’apprête à y vivre une semaine entière… tout cela pour Toi.”

 

Profitons de cette semaine pour rester le plus longtemps possible dans le ventre de notre Père. Accumulons autant d’énergies célestes que nous pouvons ; ce sont elles qui nous permettront de tenir le cap dans les moments turbulents de l’année qui commence. Cette semaine de Soukoth devrait être ce qu’Hachem désire qu’elle soit : une véritable lune de miel entre Lui et nous. Dans le cas du couple, la lune de miel doit servir à jeter les fondations durables d’une vie harmonieuse, de confiance mutuelle et marquée par un amour profond. La lune de miel de Soukoth nous permet de montrer à D-ieu que nous aussi nous désirons ardemment une vie commune avec Lui remplie d’harmonie, de confiance et d’amour réciproque.

 

En ce début d’année, offrons-nous le plus beau cadeau au monde : celui d’écouter notre âme, notre côté invisible. Vivons une vie logique et tentons, du mieux que nous pouvons, de renouer le lien avec le Ciel. Cela nous permettra de prendre quelques hauteurs face aux tracas quotidiens !