Croître en spiritualité

Au niveau spirituel, Tou BiChevat est une date importante. Ce jour-là, nous pouvons nous engager à préparer le terrain pour obtenir...

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Libi Astaire

Posté sur 06.04.21

Un bouclier et une délivrance

Dans le sefer Téhilim (le livre des Psaumes), le Roi David nous apprend que D-ieu “est un bouclier pour quiconque espère en Lui” (18:31) et qu'“Il délivre ceux qui cherchent refuge en Lui” (17:7).
 
Le commun dénominateur de ces deux déclarations du Roi David est que nous devons toujours nous réfugier en D-ieu. Pourtant, il existe une différence entre D-ieu considéré sous son aspect de “bouclier” pour protéger une personne et “délivrer” la même personne de ses difficultés.
 
Selon notre tradition, le psaume 17 fut écrit lorsque David se trouvait au beau milieu des batailles de sa vie. Lorsqu'il était jeune, il fut obligé de se sauver du Roi Saül ; lorsqu'il était avancé en âge, sa royauté fut menacée par son propre fils. Le psaume 17 est un chapitre composé de 15 versets dans lequel David supplie D-ieu de venir à son aide. Non seulement le Roi David demande au Créateur qu'Il vienne l'aider, mais il Lui demande de l'aider immédiatement.
 
Cet état d'esprit est le plus souvent le nôtre lorsque nous nous trouvons dans une situation difficile. Lorsque tout va bien, nous ne ressentons pas le besoin de nous tourner vers D-ieu. Cependant, lorsque tout semble aller de travers, lorsqu'il nous semble que notre monde s'écroule, nous n'hésitons pas à faire appel au Maître du monde et à Lui crier : “S'il Te plaît, laisse-moi prendre refuge sous Toi.”
 
D'autre part, le psaume 18 fut écrit par David HaMelekh lorsque celui-ci était déjà âgé. À ce moment de sa vie, il pouvait jeter un œil sur son passé et constater que non seulement D-ieu l'avait régulièrement sauvé des situations difficiles, mais qu'Il l'avait également était un bouclier afin de le protéger des coups qui auraient pu le frapper tout au long de sa vie.
 
Si l'on nous donnait le choix, la plupart d'entre nous préférerions certainement que D-ieu soit notre bouclier et qu'Il nous épargne des difficultés et autres douleurs inhérentes à la vie. Cependant, il nous est impossible de comprendre les voies de D-ieu et la raison pour laquelle certaines personnes doivent souffrir. Malgré tout, s'il nous est donné de voir d'une façon claire que D-ieu nous a protégé des embûches à maintes reprises, lorsque celles-ci surgiront – que D-ieu nous préserve – il nous sera plus facile de comprendre qu'il existe certainement une bonne raison à cela.
 
Il est important de noter que dans le judaïsme, nous ne sommes pas censés-es accepter les difficultés en adoptant une attitude passive. Plutôt, nous devons être dans une situation de “mitqabel” (accepter ce que D-ieu nous donne) et de “mitpalel” (prier D-ieu pour qu'Il nous délivre). David HaMelekh – l'archétype du Roi – est un exemple parfait d'une personne qui joue ces deux rôles durant sa vie. Psaume après psaume, lorsque les difficultés surgissent, il fait appel à D-ieu en Le louant et en Le suppliant pour qu'Il le délivre.
 
De plus, David a toujours eu confiance en D-ieu, que ce soit dans Son rôle de bouclier ou de sauveur.
 
Une telle confiance en D-ieu a permis au Roi David de relever les défis de la vie, sans succomber à un état d'inquiétude négative. Cependant, lorsque nous expliquons notre vie par les “évènements naturels” – qu'il s'agisse des cours financiers dans le monde, des tremblements de terre, des raz de marées ou tout autre facteur apparemment temporel – nous ouvrons la porte à une vie gouvernée par le hasard ou la chance.
 
Évidemment, D-ieu guide toujours notre vie. Cependant, nos yeux ne peuvent pas voir cela d'une façon évidente. De plus, nous aggravons notre situation lorsque nous nous considérons comme des feuilles que le vent amène où il désire. Dans ce cas, l'intervention de D-ieu dans notre vie nous est entièrement cachée. Nous nous sommes coupés-es du Da'ath, notre source de savoir véritable en D-ieu et qui nous permet d'atteindre la tranquillité d'esprit. Comme conséquence, nous sommes submergés-es de soucis, inquiétudes, doutes et autres avatars.
 
Notre capacité à retrouver notre Da'ath – c'est-à-dire à nous tourner vers D-ieu et à chercher refuge en Lui, même si nous ne pouvons pas Le voir, ni sentir Sa présence à l'aide de nos cinq sens – est une réflexion de notre niveau spirituel. À son tour, cela indique le plus souvent notre capacité réelle – et notre ouverture – à étudier la Tora.
 
Parmi nous, trop nombreuses sont les personnes qui n'ont pas eu le privilège de recevoir une éducation sérieuse en Tora, jeunes ou à l'âge adulte. Cela explique la raison pour laquelle dans bien des cas, la Tora est devenue un concept qui nous est étranger, distant. Les nombreuses lois qui gouvernent la vie d'une personne juive religieuse qui gouvernent la vie d'une personne juive religieuse peuvent sembler complexes et sans raison apparente.
 
Même les principes de base du judaïsme – croire en D-ieu, mettre notre confiance en Lui… – sont considérés comme suspects dans une société où l'individualisme règne.
 
Pourtant, dans notre société sujette au stress, qui n'aimerait pas posséder un “bon cœur” débarrassé des soucis et de la crainte ?
 
La seule façon pour atteindre cette tranquillité d'esprit – une véritable paix en soi – consiste à revenir aux sources. L'arbre de vie qui a assuré la vie du peuple juif depuis plusieurs centaines générations. À ce sujet, le Ba'al Chem Tov – le fondateur de la 'hassidouth – nous offre des précieux conseils.
 
Humilié, séparation et adoucissement
 
Selon le Ba'al Chem Tov, toute les formes de croissance nécessitent trois étapes : 'anava (humilité), havdala (séparation) et hamtaqa (adoucissement ou conciliation).
 
L''anava – l'humilité – est ce qui nous permet d'accepter de nouvelles idées. Cela implique une certaine capacité à changer. Lorsque l'esprit se trouve dans un état de 'anava, il peut être comparé à un champ qui vient d'être labouré. Tous les anciens modes de pensée – endurcis et rassis par le temps – doivent être labourés de l'esprit afin de faire place aux nouvelles graines qui seront la source de notre croissance de l'année qui commence.
 
Lorsque l'esprit est malléable, les graines d'un nouvel enseignement peuvent prendre racine plus facilement. Leur croissance possède également plus de chances de rencontrer le succès. Naturellement, cela ne signifie pas que nous devons accepter toutes les idées qui se présentent à nous. Nous devons toujours analyser les qualités de chaque nouvelle idée avant d'avoir une opinion ferme à son propos. Cependant, nous devons aussi faire attention à ne pas devenir fermés-es à la nouveauté et à la rejeter d'un revers de main.
 
Simplement parce qu'une idée ne correspond pas à notre mode actuel de penser ne signifie pas toujours qu'elle soit mauvaise.
 
De nombreuses personnes trouvent difficile l'idée de changer leur mode de vie. Inutile de dire que le changement lui-même apparaît encore plus difficile ! Pourtant, si nous sentons que nous sommes coincés-es ou qu'il nous est presque impossible de faire face aux difficultés de la vie, nous devons admettre que notre mode de penser doit certainement posséder des failles et que nous devons l'adapter, en changer. Nous devons faire preuve de modestie et admettre que – sans doute – nous ne savons pas tout et que nous ne pouvons pas tout faire tout-e seul-e.
 
Sans doute, serait-il temps de nous tourner vers D-ieu afin de Lui demander Son aide.
 
Que devons-nous faire pour cela ? Il est certain que chaque personne peut faire appel à D-ieu à n'importe quel moment, avec n'importe quelle demande. Cependant, sommes-nous certains-es que ce que nous demandons sera réellement bon pour nous ?
 
L'étape suivante dans le parcours proposé par le Ba'al Chem Tov est celle de la havdala, c'est-à-dire celle de notre capacité à séparer et distinguer le bon du mauvais.
 
Le judaïsme représente une tradition de 4 000 années avec diverses ramifications : la halakha (la loi juive), la hachqafa (l'aspect moral), la 'hassidouth, la kabbale… C'est uniquement en étudiant tous les aspects de cet “arbre de vie” que nous pouvons commencer à mieux percevoir l'ensemble. Par conséquent, afin de continuer à croître, chaque personne doit être ouverte à accepter tous les aspects du judaïsme, même ceux qui peuvent lui sembler à priori étonnants ou trop difficiles.
 
Tandis que la personne continue d'étudier, elle commence à sentir certains changements dans sa vie. Son âme commence à se réveiller et à vivre réellement. Sa perception de la vie – à travers les yeux de son âme – obtient une nouvelle approche. Les questions qu'elle se pose changent de nature… et ses demandes deviennent également nouvelles. En investissant du temps et des efforts dans l'étape de havdala, chaque personne devient plus à même de faire les distinctions entre ce qui est superficiel et ce qui est important, entre le provisoire et l'éternel.
 
L'étape finale de notre croissance spirituelle est celle de hamtaqa, lorsque la personne est capable d'engranger les fruits de ses efforts. Si nous avons investi des efforts importants dans l'étude de la Tora – dans tous ses aspects – nous ressentirons naturellement une sensation de réconciliation entre ces différentes branches.
 
Ce qui nous semblait au départ bizarre, deviendra une part intégrale de notre vie ; ce qui paraissait difficile ne l'est plus… De la même qu'il est impossible de séparer les racines d'un tronc et le tronc de ses branches, il devient maintenant impossible de mettre de côté la loi juive de la morale juive et de ses valeurs intrinsèques.
 
Auparavant, tout nous semblait dépendre du hasard et sans lien. Maintenant, un motif général se dessine en notre esprit. C'est ce motif qui va devenir l'aspect le plus doux de notre vie et qui obtiendra une place unique dans nos préoccupations quotidiennes.
 
Lorsque ceci arrive, la Tora revêt son aspect véritable d'“arbre de vie pour ceux qui s'en rendent maîtres” (Proverbes 3:18). “Ses voies sont des voies pleines de délices” (Id. 3:17). Grâce au processus d''anava (humilité), d'havdala (séparation) et d'hamtaqa (adoucissement ou conciliation), nous pouvons atteindre notre objectif de posséder un bon cœur, c'est-à-dire un cœur qui est solidement enraciné dans les voies de la Tora. À son tour, cela nous permet de trouver refuge sous les ailes protectrices de D-ieu, avec une confiance entière.
 
Adieu à l'ancien et bonjour au nouveau
 
Les trois étapes enseignées par le Ba'al Chem Tov représentent un programme de croissance spirituelle ; ce programme n'est pas à mettre en branle une seule fois dans notre vie. Plutôt, nous devons prendre conscience qu'en notre qualité de personne juive, nous devons croître d'une façon spirituelle touts les jours de l'année. C'est pour cette raison que le jour de Tou BiChevat est unique : il nous sert de pense-bête afin de ne pas oublier que dans ce monde, nous avons un travail spécifique à réaliser.
 
À l'époque où le Temple se tenait à Jérusalem, Tou BiChevat était la date qui servait à déterminer à quelle année appartenaient les récoltes pour la dîme. Certaines récoltes appartenaient à l'année qui venait de s'écouler, tandis que les autres récoltes seraient affectées à la nouvelle année.
 
Au niveau spirituel, Tou BiChevat est encore une date importante. Ce jour-là, nous pouvons nous engager à préparer le terrain pour obtenir de nouvelles perceptions de la Tora. Ce sont ces perceptions qui nous aideront à purifier notre cœur. Grâce au travail spirituel que nous ferons pendant les mois à venir, nous mériterons de recevoir un splendide étrog pour la fête de Soukoth. En fin de compte, c'est pour cela que nous prions à Tou BiChevat.
 
Bonne fête de Tou BiChevat et bon mois de travail !
 
Libi Austaire est une artiste, une femme écrivain et une réalisatrice de courts-métrages. Elle vit à Jérusalem. Pour visiter son site internet : http://www.decoupageforthesoul.com

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