Aimer D-ieu – ‘Eqev

Lorsque nous comprenons que la sagesse d'Hachem est sans limites, nous pouvons atteindre un sentiment infini de languissamment pour le Tout-Puissant.

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le rabbin David Schallheim

Posté sur 06.04.21

La contemplation de la nature

“Et maintenant ô Israël, que te demande l'Éternel ton D-ieu ? Uniquement de craindre l'Éternel, ton D-ieu, de suivre en tout Ses voies, de l'aimer, de Le servir de tout ton cœur et de toute ton âme.” (Deutéronome 10:12).  
 
J'ai toujours aimé méditer longuement au bord d'une falaise qui surplombe l'Océan pacifique. Assis à cet endroit magique pendant de longs instants, je regarde les couleurs changeantes d'un coucher de soleil d'été. Je me souviens du sentiment de peur qui me saisissait lorsque je me frayais un chemin à travers les fougères vertes qui tapissaient le sol de la forêt et dans laquelle régnaient en maîtres les majestueux arbres séquoia, véritables tours imprenables.
 
Chacun d'entre nous connait ces moments magiques pendant lesquels nous nous lions à la beauté de la nature : regarder une cascade, parcourir une prairie parsemée de plantes sauvages… Que possèdent de spécial ces moments magiques où nous ressentons un sentiment de peur indescriptible ?
 
En regard des commandements d'amour et de peur envers D-ieu, le Rambam a écrit : “Et quelle est la façon de L'aimer et de Le craindre ? En contemplant Ses actions et Ses grandes et merveilleuses créatures, il est possible d'apprécier la sagesse de D-ieu qu'il est impossible d'évaluer et qui ne possède pas de fin. Immédiatement, nous aimons, louons, glorifions et nous languissons grandement de connaître le Grand D-ieu, comme le Roi David l'a dit (Psaumes 42:3) : 'Mon âme a soif de D-ieu, du D-ieu vivant.'” (Hilkhoth Yessodé HaTora 2:2). 
 
Selon le Rav Mordekhaï Gifter, contempler les merveilles de la nature nous permet de remplir la mitswa d'aimer Hachem. Tout ce que nous devons faire, c'est d'ouvrir nos yeux et de constater le monde merveilleux qu'Hachem a créé : les montagnes et les vallées, les mers et les rivières, le soleil et la lune… Grâce à cette contemplation, nous pouvons comprendre la nature spécifique de la Sagesse divine qui se cache derrière toute chose. Ceci peut également nous aider à atteindre la même conclusion qu'Avraham Avinou (Avraham notre père) : “Il existe un Maitre du château !”
 
Grâce à notre méditation devant l'infinie sagesse de la Création, nous pouvons parvenir à reconnaître l'infinie Sagesse divine “qu'il est impossible d'évaluer et qui ne possède pas de fin.” Lorsque nous comprenons que la sagesse d'Hachem est sans limites, nous pouvons atteindre un sentiment infini de languissamment pour le Tout-Puissant. Selon le Rambam, il est important de savoir que ce processus est presque automatique. Lorsque nous contemplons la beauté extraordinaire de la Création, nous nous sentons envahis par un sentiment d'amour irrésistible et général pour Dieu.  
  
Cet amour nous amène à prononcer des louanges, des chansons et des remerciements nombreux envers le Créateur. Ces chansons de louanges nous servent d'autant plus à augmenter notre prise de conscience de notre sentiment d'envie de nous rapprocher d'Hachem. En fin de compte, nous sommes comptés parmi ceux qui désirent réellement “connaître le Grand D-ieu.”
    
Une soif qui n'a pas besoin d'eau
     
À propos du verset des Psaumes : “Mon âme a soif de D-ieu, du D-ieu vivant”, le Rambam a écrit que la soif du Roi David était le résultat de sa contemplation de la création. Cependant, cette soif allait bien au-delà d'une soif ordinaire.
 
“Psaume de David lorsqu'il était dans le désert de Juda. Ô D-ieu, Tu es mon D-ieu que je recherche avidement : mon âme a soif de Toi, mon être Te désire passionnément sur un sol aride, altéré et sans eau.” (Ibid. 63:1-2)
  
Lorsque David HaMelekh (le Roi David) essayait d'échapper à Chaoul HaMelekh (le Roi Saül), il se cacha dans le désert aride et étouffant de la Judée. Sous le soleil brûlant, se cachant d'une cave à l'autre tandis qu'il était poursuivi par les soldats royaux de Chaoul, David poussa un cri : “Mon âme a soif de D-ieu, du D-ieu vivant !” Ce cri voulait dire : “Tout mon corps se languit de Toi ! Ma soif en n'est pas une d'eau ! Ma grande envie et mon désir ardent est de me rapprocher de Toi, de Te connaître, Ô D-ieu !”
 
Ceci est le type de soif auquel le verset fait allusion. “Mon âme a soif de D-ieu, du D-ieu vivant.” Grâce à sa contemplation de la nature, David parvint à atteindre un niveau extrêmement élevé d'amour pour D-ieu. Il considérait l'entière création comme l'expression de Sa Divinité, la vitalité du D-ieu vivant. Par conséquent, même “sur un sol aride, altéré et sans eau”, il avait soif de proximité avec D-ieu plutôt que d'eau.  
 
Si nous ne parvenons pas à atteindre le même niveau d'amour et de soif pour D-ieu, cela est dû uniquement au fait que nous ne savons pas contempler d'une façon appropriée les merveilles stupéfiantes de Sa création.
   
La véritable conscience
    
Le Rambam poursuit : “Et lorsqu'une personne réfléchit à tout cela, elle est immédiatement alertée et apeurée : elle réalise qu'elle est seulement une création chétive, d'un bas niveau et qui vit dans l'obscurité. Elle prend également conscience qu'elle se tient devant l'Unique et parfait savoir. À ce sujet, le Roi David a écrit (Psaumes 8:4-5) : 'Lorsque je contemple Tes cieux, œuvre de Ta main, la lune et les étoiles que Tu as fondées… Qu'est donc l'homme que Tu penses à lui ?'” (Hilkhoth Yessodé HaTora 2:2). 
 
Afin de remplir la mitswa de craindre D-ieu, nous devons approfondir notre réflexion, encore plus. C'est pour cette raison que le Rambam a écrit : “Et lorsqu'une personne réfléchit à tout cela…” Après la contemplation qui nous amène à aimer D-ieu, nous sommes “immédiatement alerté(s) et apeuré(s)”, c'est à dire que lorsque nous commençons réellement à aimer D-ieu, nous devons réfléchir encore plus profondément à propos de tout ce qui démontre la grandeur de D-ieu et son élévation. À son tour, cela nous amènera vers la crainte de D-ieu.
 
Les pensées que nous avons à propos de notre stature médiocre, notre petitesse et notre insignifiance, comparés à la grandeur impressionnante et infinie de D-ieu fait naître en nous un sentiment de peur envers notre Créateur. Ce sentiment nous amène à son tour à une prise de conscience : celle de Son essence effrayante. Ceci est la “Yirath Hachem ” (la “crainte de D-ieu”), c'est à dire la réalisation de l'impressionnante nature d'Hachem. La peur de D-ieu.
 
Après une contemplation profonde “des cieux, l'œuvre de Ta main”, l'entière création, nous arrivons à la conclusion : “qu'est donc l'homme que Tu penses à lui ?” Cette conclusion en est une de peur du Grand et Terrible D-ieu.
 
Le Rav Gifter a raconté l'histoire de Nathan Birenbaum, un des plus connus balé téchouva (personne devenue religieuses) des générations passées. Il fit partie des élites intellectuelles de nombreux partis politiques et des mouvements d'idées. Un jour, tandis qu'il revenait d'une série de conférences aux États-Unis, il se tint debout, seul sur le pont du bateau ; il regarda le bleu clair du ciel qui s'étendait à l'horizon et la mer calme qui semblait sans fin. Ce paysage splendide l'enveloppait de toutes parts.   
 
Soudainement, Nathan Birenbaum fut saisit d'un sentiment particulier : celui d'être très seul et insignifiant en comparaison au monde vaste et indescriptiblement beau. Brusquement, tout ce qu'il avait fait dans sa vie lui apparaissait d'aucune conséquence ; il était seul sur le pont d'un bateau fragile et il réalisait qu'il tenait une place infinitésimale. Ce sont ses pensées qui le menèrent à faire techouva (à se repentir) et à mener en fin de compte une vie de Tora et de mitswoth.
 
Ceci sont les paroles du Rambam : “Immédiatement [elle est] alertée et apeurée.” Le sentiment  de notre petitesse face à la terrifiante grandeur de la Création est un outil puissant pour nous ramener vers D-ieu et à Sa connaissance.
 
Puisse Hachem nous accorder la compréhension afin d'utiliser ces moments précieux de solitude pour augmenter l'amour et la peur du Tout-Puissant.
 
(Inspiré par l'oraison funèbre prononcée par le Rav Mordekhaï Gifter lors des funérailles du Rav Ya'aqov Israël Kanievsky, le Gaon de Steipler.)

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