Chabath: un investissement précieux! -Vayéqel

“Qu’adviendra-t-il de toi si tu continues à ne pas travailler le Chabath ? Comment nourriras-tu ta famille ?”, 'Amaleq demande.

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

Moïse convoqua toute l’assemblée des enfants d’Israël, et leur dit : 'On travaillera six jours, mais le septième jour sera pour vous une chose sainte… Vous n’allumerez point de feu dans aucune de vos demeures'.” (Exode 35:1-3)

Ces versets posent un certain nombre de raisons :
 
1) Moïse avait convoqué les enfants d’Israël pour recevoir d’eux les offrandes destinées à la construction du sanctuaire et du Temple, comme il est écrit : “Prélevez sur ce qui vous appartient une offrande pour l’Éternel” (id. 5). Pour quelle raison leur parle-t-il soudain de Chabath ? Moïse leur en avait déjà parlé dans la section hebdomadaire “Ki Tissa” (id. 31). Pourquoi y revient-il ?
 
Nos Sages expliquent que cette répétition a pour but de nous enseigner que la construction du sanctuaire ne repousse pas le Chabath, et que les trente-neuf travaux y sont interdits (Chabath 70a ; Mekhilta, Rachi). Je voudrais, quant à moi, développer une nouvelle explication.
 
2) Le Zohar (II, 194b ; 195a) compare 'Amaleq à un serpent qui tend une embuscade dans un carrefour de chemins. Quel rapport peut on établir entre 'Amaleq, le serpent et la section biblique Vayaqhel ?
 
C’est que, nous apprend Moïse, pour bâtir et réparer, pour servir son Créateur avec enthousiasme et se dévouer corps et âme à Lui, pour L’aimer dans la crainte et la joie, on doit se dépouiller de toute entité physique, se débarrasser totalement de toute passion, faire preuve d’humilité, et ne jamais prétendre que “c’est ma force et la puissance de ma main qui m’ont acquis des richesses” (Deutéronome 8:17).
 
Au moment du péché du veau d’or, les enfants d’Israël se sont passionnément liés aux vanités de ce monde et ont fabriqué le veau d’or avec flamme, y consacrant une grande quantité d’argent. En tout premier lieu : “Vous n’allumerez pas de feu dans aucune de vos demeures” leur préconisa Moïse ; débarrassez-vous du feu de l’idolâtrie et de l’orgueil. Que votre “demeure”, c’est-à-dire votre corps, se sanctifie exclusivement pour D-ieu. Fiez-vous complètement à Lui.
 
On travaillera six jours” : la réussite de toutes vos entreprises ne vient que du Saint, béni soit-Il. Ce n’est que de cette façon qu’on réussit à se construire et s’offrir soi-même en térouma à D-ieu pour le sanctuaire par l’étude de la Tora et la dévotion. Que fait alors le mauvais penchant ? Il met constamment l’homme à l’épreuve, l’assaille de soucis, de doutes. Ceci arrive an particulier le vendredi, et spécialement avec sa femme, pour détruire le Chabath.
 
Qu’adviendra-t-il de toi si tu continues à ne pas travailler le Chabath ? Comment nourriras-tu ta famille ?”, 'Amaleq demande. (Remarquons d’ailleurs la similitude des valeurs numériques successives de 'Amaleq, de “safeq” (doute), et même de “dollar”). Moïse nous avertit donc : “Unissez-vous le Chabath, comme le font toutes les bonnes communautés d’Israël, étudiez ensemble la Tora (cf. Yalqouth Chimoni, Vayaqhel 408). Vous aurez alors un avant-goût du monde futur, le feu de la passion s’éteindra alors en vous, et vous triompherez aisément du mauvais penchant.”
 
Mais, comme nous l’avons vu, seul celui qui peine la veille de Chabath, mange le Chabath ('Avoda Zara 3a) : en d’autres termes, pour avoir un avant-goût du monde futur, il faut peiner toute la semaine et anéantir tous ses mauvais traits. On ressent alors pleinement la sainteté du Chabath et cette âme supplémentaire qu’on y reçoit, nous élève, nous rassasie, à la façon des mets les plus plantureux. Elle nous efface devant notre Créateur et nous fait prendre conscience que tout provient exclusivement de Lui. Elle éteint ce feu de passion qui nous dévore, et nous aide enfin à triompher du mauvais penchant.
 
Comme nous l’avons vu à plusieurs reprises dans la paracha de Ki Tissa, le Chabath élève spirituellement l’homme. D’ailleurs “tissa” (plus un, pour le collel) et Chabath ont la même valeur numérique (702). Les lettres de ChaBaTh sont les premières lettres de “Tichmor ChaBath a’hath” (“garde un Chabath”). Dans le verset : “kitissa eth ROCh”, les lettres de l’aleph-beth qui viennent après les lettres ROCh sont ChaBaTh, car le Chabath élève l’homme (roch (la tête), idée d’élévation).
 
Celui qui poursuit les futilités de ce monde (aspect d’idolâtrie) pendant toute la semaine, ne ressentira assurément pas la sainteté du Chabath, son émouna (foi) sera vacillante, son âme ne s’élèvera pas, et il ne sera pas en mesure de subvenir aux besoins des pauvres et des Yéchivoth.
 
Mais celui qui s’efforce tout au long de la semaine d’éteindre le feu de la convoitise qui le dévore, celui qui fait preuve d’humilité et de soumission, brisera la qélipa et accédera à des niveaux spirituels sublimes. Il sera en mesure d’aider généreusement les Yéchivoth, et ne pensera pas à son commerce fermé. Son visage rayonnera enfin de béatitude (remarquons à cet effet la similitude des valeurs numériques de “orpéné Moché” (“la lumière du visage de Moïse”) avec le nombre de lettres, plus un pour le collel, et Chabath).
 
L’Éternel n’a certes créé le monde que par les dix paroles (Avoth 5:1 ; Zohar II, 43a) ; Il ne s’en est pas moins reposé le septième jour (Exode 20:11). “Il a terminé le septième jour, l’œuvre faite par lui” (Genèse 2:2). Fions-nous donc entièrement en D-ieu pendant toute la semaine, effaçons-nous devant Lui.
 
Commentant le verset : “Si tu retiens ton pied pendant le Chabath… si tu fais du Chabath tes délices, en ne te livrant pas à tes penchants et à de vains discours” (Isaïe 58:13), nos Sages prescrivent que les paroles que tu prononces le Chabath soient différentes de celles que tu prononces en semaine (Chabath 113b ; Zohar II, 63b). “Alors tu mettras ton plaisir en l’Éternel, et Je te ferai monter sur les hauteurs du pays, Je te ferai jouir de l’héritage de Jacob, ton père, ainsi la bouche de l’Éternel a parlé” (id.).
 
En commettant le péché du veau d’or, les enfants d’Israël ont donc souillé la Tora par la parole (car ils n’ont pas compris la parole de Moïse qui leur dit d’attendre quarante jours et se sont trompés de six heures), au lieu de la sanctifier par la parole de Moïse. Leur péché a été essentiellement engendré par la souillure du Chabath (car Chabath, c’est l’arrêt du travail, le repos, le repos des paroles incongrues qui ont engendré l’erreur), qui est tellement important aux yeux de l’Éternel, et équivaut à toutes les mitswoth de la Tora (Yérouchalmi, Bérakhoth 1:5).
 
La section hebdomadaire Péqoudé suit celle de Vayaqhel, pour nous enseigner peut-être que pendant le Chabath on doit se sonder, faire son examen de conscience, pour pouvoir triompher du mauvais penchant qui cherche à nous diviser, à nous éloigner les uns des autres. Ne nous soucions pas des dépenses occasionnées par le Chabath et n’oublions pas que tout nous vient du Ciel et que c’est grâce à cet argent que nous avons reçu de Lui que nous pouvons accomplir des mitswoth.
 
Le verset : “Voici les comptes du Tabernacle, du Tabernacle d’assignation, qui ont été révisés” (Exode 38:21) semble nous apprendre que toutes les dépenses occasionnées pour la construction du Tabernacle ont en fin de compte été couvertes par le Saint, béni soit-Il, que tout l’argent vient de D-ieu pour nous donner le mérite d’accomplir des mitswoth et d’honorer comme il convient le Chabath et les jours de fête. Fions-nous à D-ieu qui nous a promis : “Faites des emprunts [pour honorer le Chabath], Je me chargerai de les honorer” (Betsa 15b ; Zohar II, 255a).
 
Nous avons vu aussi que toute la subsistance de l’homme est fixée depuis Roch Hachana jusqu’à Yom Kipour, à l’exception des dépenses occasionnées par les Chabath et les jours de fête. Et plus on fait de dépenses, plus on reçoit d’argent (Betsa 15b ; Vayiqra Raba 30:1).
 
Prenant conscience de l’importance du Chabath, le mauvais penchant s’efforce d’en rompre l’harmonie et la sainteté. Que de plaintes nous avons reçu de femmes, que les maris critiquent pour leurs dépenses trop importantes ! Comme ils ont tort ces gens qui, au lieu d’exploiter à fond ce mérite qui leur a été attribué de préparer un bon Chabath, au lieu de remercier D-ieu qui les a nantis d’assez d’argent à cet effet, qui leur a permis d’avoir un avant-goût du monde futur, et de s’unir dans l’harmonie à toute la collectivité d’Israël, ne cessent de gémir. Ce n’est que l’œuvre du Satan.
 
Le prophète Isaïe (56:2) dit : “Heureux l’homme qui garde le Chabath pour ne point le profaner.” En d’autres termes, en dépit du fait que ces gens font des dépenses pour le Chabath, ils le profanent en se mettant en colère contre leurs femmes, en détruisant l’atmosphère de joie.
 
Le Chabath doit se passer dans la paix et l’harmonie, la sérénité la plus totale doit y régner. Celui qui fait preuve d’irritation et d’orgueil en ce jour de repos où l’on goûte la saveur du Gan Eden, s’enfonce au plus profond du Guéhinam (Nédarim 22a), à D-ieu ne plaise.
 
N’allumons donc point de feu dans nos demeures : éteignons la passion de l’orgueil et de la colère, soumettons-nous à D-ieu, agissons en toute humilité, et nous nous imprégnerons pleinement de la sainteté du Chabath.

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