Ensemble devant D-ieu

Tout comme Roch HaChanah marque la naissance d’une nouvelle année, si nous nous unissons, aspect de Nitsavim, nous nous renouvellerons et l’Eternel tiendra Sa promesse de faire ...

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 19.10.21

Commentant le premier verset de notre sidrah, le Zohar explique qu’il s’applique au jour de Roch HaChanah où toute la création se présente devant Dieu pour être jugée (III, 231a).

Ce commentaire demande des explications:

1) Quel rapport peut-on établir entre la lecture de Atem Nitsavim et Roch HaChanah?

2) Pourquoi, comme le fait remarquer le Alchekh, le verset ne commence-t-il pas par la formule traditionnelle: L’Eternel parla aux enfants d’Israël et leur dit…? Pourquoi commence-t-il directement par: vous êtes placés aujourd’hui?

3) Si le verset mentionne vous tous (atem), pourquoi énumère-t-il vos anciens, vos chefs de tribus, etc.?
A cet effet, commentant le verset: voulant constituer aujourd’hui pour son peuple… (Deutéronome 29:12), Rachi cite le Midrach: Après avoir entendu les cent malédictions moins deux, les enfants d’Israël furent saisis d’épouvante. Qui peut supporter tout cela? se dirent-ils.

Moïse a alors commencé à les rassurer. Il leur a dit: Bien que vous ayez beaucoup irrité l’Eternel, Il ne vous a pas exterminés. Vous voilà placés aujourd’hui devant Lui… (Tan’houma, id.). Que gagne Moïse à les apaiser, peut-on lire dans les écrits saints. Il n’a fait que leur apprendre à ne plus craindre désormais les malédictions. Ils ne s’abstiendront donc pas dans ces circonstances de mettre Dieu en colère. Comment pourra-t-il alors en faire un peuple homogène?

C’est que nos Sages enseignent que si Dieu pardonne les péchés commis par le Peuple Juif contre Lui, le Yom Kipour, le Jour Redoutable, ne pardonne les péchés d’un Juif envers son prochain que si chacun se réconcilie avec l’autre avant Kipour (Yoma 85b; Pessikta Rabah 39). Par conséquent, si les enfants d’Israël sont placés tous à l’unisson devant Dieu, et si chacun se réconcilie avec son prochain, Dieu les inscrit dans le registre de la vie, bonne, heureuse et prospère. C’est pourquoi le verset énumère toutes les conditions sociales d’Israël: si par exemple, quelqu’un lèse même le fendeur de bois ou le puiseur d’eau et ne le juge pas favorablement, sa faute est impardonnable; si on nomme un chef et que certains s’opposent à sa nomination, la controverse peut s’enflammer. Par conséquent, il convient de faire régner dans tous les cas une atmosphère d’harmonie pour que le pardon soit complet.

Le verset ajoute le terme ATeM, où on retrouve les lettres EMeTh (vérité) pour montrer que le Peuple d’Israël est celui de la vérité, qu’il est attaché à la Torah qui porte le nom de doctrine de la vérité (Bérakhoth 11b), comme il est écrit: Achète la vérité et ne la vends pas (Proverbes 23:23; voir aussi Avodah Zarah 4b). Le Peuple d’Israël est aussi lié au Saint, béni soit-Il, dont le sceau est la vérité (Chabath 55a). Dans ces circonstances, il est Nitsav placé devant l’Eternel, car seule la vérité est ferme, alors que le mensonge n’a pas de pieds (Yalkouth Torah 3), et ne tient donc pas. On arrive à cette fermeté en s’unissant avec le maximum de sincérité, en jugeant son prochain favorablement et en lui pardonnant de tout cœur. Sachons à cet effet que si on lèse autrui, on enfreint la stabilité de tout le Peuple d’Israël et le pardon n’est pas complet. Si nous nous unissons, Dieu n’attends pas Roch HaChanah pour nous innocenter, mais nous juge immédiatement, nous inscrit dans le registre de la vie et de la paix et efface complètement toutes les sentences rigoureuses qui ont été prononcées contre nous.

Tout comme Roch HaChanah marque la naissance d’une nouvelle année, si nous nous unissons, aspect de Nitsavim, nous nous renouvellerons et l’Eternel tiendra Sa promesse de faire de nous une entité unique dans le monde (cf. Bérakhoth 6a).
Si notre sidrah ne commence pas par la formule habituelle: Et Moïse dit aux enfants d’Israël…, c’est parce que le verset: Vous êtes placés aujourd’hui devant… vous tous est lié aux derniers versets de la Parachah précédente Ki Tavo: Vous êtes ainsi parvenus jusqu’à cette contrée. Là, Si’hon, roi de ‘Hechbon, et Og, roi de Basan, ont marché  à notre rencontre… Nous avons pris leur pays et l’avons donné, comme possession héréditaire à la tribu de Réouven, à celle de Gad et à la demi-tribu de Ménaché. Observez donc les termes de cette alliance et mettez-les en pratique… (Deutéronome 29:6, 7, 8). Un certain nombre d’éclaircissements s’avèrent ici nécessaires:

Pourquoi au début, Moïse ne s’est-il pas inclus avec les enfants d’Israël? Pourquoi a-t-il dit: Vous êtes ainsi parvenus jusqu’à cette contrée… et pas Nous sommes parvenus? Pourquoi ce n’est que par la suite qu’il a dit: Si’hon… et Og ont marché à notre rencontre. En outre, pourquoi le verset ne mentionne-t-il pas que d’autres territoires ont été donnés à ces deux tribus et demie? Pourquoi enfin le verset ajoute-t-il un youd aux noms de tribus Réouveni et Gadi?

Comme nous l’avons vu, au temps du Roi David, quand les guerriers partaient en guerre, ils étaient vaincus parce qu’ils médisaient l’un de l’autre; en revanche du temps d’A’hav, les guerriers remportaient des victoires sur leurs ennemis en dépit du fait qu’ils adoraient des idoles: la raison en est qu’ils ne médisaient pas l’un de l’autre (Vayikra Rabah 26:2). Par conséquent, Moïse considérait à juste titre que la victoire des enfants d’Israël sur Si’hon et Og était due principalement à leur union. C’est pourquoi il s’est inclus avec eux. Moïse ne s’est inclus avec eux que quand ils ont accédé à ce niveau. N’oublions pas à cet effet leurs dissidences diverses d’avant avec Kora’h et son assemblée, la faute des explorateurs, etc. La dissension en revanche conduit à la défaite et à la catastrophe comme le montre l’épisode de ceux qui s’obstinèrent à monter au sommet de la montagne et quitter l’assemblée, bien que l’Eternel ne f-t pas avec eux. Le résultat était connu par avance: les ennemis les taillèrent en pièces (Deutéronome 14:45).

Au début, Moïse s’est irrité contre les tribus de Réouven, de Gad et de la demi-tribu de Ménaché qui voulaient rester au-delà du Jourdain, à l’est, considérant qu’elles visaient de la sorte à se détacher de leurs frères. Mais après qu’elles lui eussent expliqué qu’elles passeraient en armes devant les enfants d’Israël et resteraient avec eux, il exauça leur vœu… Le youd qu’il ajouta à leur nom montre que l’Eternel est avec eux.

Par conséquent, si notre sidrah commence directement par Vous êtes placés aujourd’hui sans le préambule habituel, c’est parce qu’une union claire et évidente régnait désormais entre les enfants d’Israël: Même les tribus de Réouven, Gad et Ménaché se joignirent à eux, et c’est pourquoi elles reçurent les territoires de l’autre côté du Jourdain.

Moïse explique aux enfants d’Israël que si l’harmonie règne entre eux, qu’ils ne médisent pas l’un de l’autre, ils sont dignes de se présenter devant Dieu. Même s’ils adorent des idoles (comme du temps d’A’hav), même s’ils L’irritent, Il ne les extermine pas: Il les choisit parce qu’ils sont attachés à Lui, parce qu’ils voient en tout homme l’image de Dieu… C’est pourquoi ils ont accédé à ce niveau sublime d’amour de Dieu, de l’amour de la Torah et de l’amour d’Israël. Commentant enfin le verset: Et jusqu’à ce jour, le Seigneur ne vous a pas encore donné un coeur pour comprendre (Deutéronome 29:3), Rachi explique: Je comprends par là que jusqu’à ce jour vous êtes attachés à l’Eternel. Est-ce à dire que les enfants d’Israël ne l’étaient pas auparavant?

Comme nous l’avons vu, s’attacher au Saint, béni soit-Il, revient à s’attacher à Ses traits: clément, miséricordieux, etc. Et comme la discorde sévissait alors au sein des enfants d’Israël dans le désert, on peut dire que cette génération de la Connaissance qui a reçu la Torah (Vayikra Rabah, chapitre 1) ne Lui était pas attachée. Il n’en était plus de même maintenant dans les Arvoth (plaines) de Jéricho, où l’harmonie régnait entre eux et où ils étaient Arévim (garants) l’un de l’autre. Ils s’opposaient devant Moïse à ce que la Torah f-t donnée exclusivement à la tribu de Lévi (Rachi, Deutéronome 29:3), ce qui était susceptible de rompre le lien qui les unissait. Les enfants d’Israël rappelèrent à Moïse que c’est essentiellement parce qu’ils étaient comme un seul homme, d’un seul coeur (Mékhilta Yithro 19:2) qu’ils ont été dignes de recevoir la Torah; qu’en dépit du fait qu’ils pourraient adorer des idoles, ils seraient toujours unis par la Torah et pourraient revenir sur la bonne voie. Moïse leur répondit: Comme vous êtes placés aujourd’hui, tous unis , devant l’Eternel, la Torah appartient à chacun de vous.

Contrairement à de nombreuses nations qui ont disparu de la surface de la terre, Israël subsiste à jamais parce que la Torah les attache l’un à l’autre. A la fin de la sidrath Ki Tavo, Moïse dit aux enfants d’Israël: Observez donc les termes de cette alliance et mettez-la en pratique si vous voulez réussir dans toutes vos oeuvres (id. 29:8). L’Eternel se trouve en vous, vous aide dans toute entreprise de vos mains et ne vous abandonne pas. Tant que vous vous raffermissez, cette alliance se raffermit et vous accéderez aux plus grandes vertus.
 

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