La Tora s’acquiert par l’humilité – Tétsavé

La construction du sanctuaire et du Temple montre la grande modestie de D-ieu. Même si l’univers est empli de Sa gloire, Il désire se contracter dans le sanctuaire

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

Commentant le verset : “Toi, Tu ordonneras aux enfants d’Israël de te choisir une huile pure d’olives concassées…” (Exode 27:20), l’auteur de “Vaye’hi Yossef ” se demande pourquoi le verset se sert en même temps des termes “ata” (toi) et de la lettre “tav” qui précède “tsavé” (tu ordonneras) : l’un d’entre eux aurait suffi. Le verset aurait mentionné : “véata tsavé”.

Le Or Ha’haïm explique que le Saint, béni soit-Il, a ordonné à Moïse de ne pas prescrire aux enfants d’Israël cette mitswa en Son nom, car il n’est pas séant que D-ieu ordonne d’allumer des lampes dans Sa maison. Moïse a donc prescrit ce Précepte divin en son nom personnel, au nom de la dignité de la maison de D-ieu.

Une question se pose : les enfants d’Israël ne savaient-ils pas que tout ce que leur ordonne Moché n’est que l’expression de la Volonté divine ? (cf. Méguila 31b).

On peut répondre qu’en ce qui concerne cette mitswa particulière, la Chékhina (la Présence divine) ne s’exprimait pas “par la gorge de Moché”, selon les termes du Zohar (III, 232a). Quelle en est la raison ? Et est-ce que l’Éternel a vraiment besoin de cette lumière ? (cf. Chabath 22b).

On peut en outre se demander pourquoi D-ieu n’a pas prescrit à Moïse de transmettre aux enfants d’Israël la mitswa de l’édification du sanctuaire en son nom personnel, et non au Nom de Dieu ? Est-il éthiquement séant pour Lui de leur demander de Lui construire un sanctuaire avec leurs offrandes ? Qu’a-t-Il besoin de leur argent ? Tout Lui appartient ! Pourquoi enfin, en ce qui concerne la mitswa de l’huile du candélabre, D-ieu a-t-Il prescrit à Moïse de la transmettre directement aux enfants d’Israël en son nom personnel ?

C’est que, nous l’avons vu, la construction du sanctuaire et du Temple montre la grande modestie du Saint, béni soit-Il. En dépit du fait que l’univers est empli de Sa gloire, Il désire se contracter dans le sanctuaire, qui fait allusion au corps du juif. D-ieu veut résider dans le corps de chaque juif, à condition toutefois que l’union règne entre nous. Agissons par conséquent comme Lui, et épousons cette vertu capitale qu’est la modestie.

La mitswa d’allumer les lampes, implique également les vertus de contraction, d’humilité, et de soumission, mais elle ne trouve sa perfection que par l’étude assidue de la Tora qu’on peut comparer à la lumière, comme il est écrit : “La mitswa est une lampe, et la Tora une lumière” (Proverbes 6:23). “Ce qui prime, c’est l’action” (Avoth 1:17) ; grande est l’étude de la Tora qui conduit à l’action (Qidouchine 40b ; Bava Kama 17a). La Tora ne subsiste que chez celui qui fait preuve d’humilité (’Irouvine 54a ; Ta’anith 7a) ; seul l’homme modeste peut l’acquérir (Avoth 6:6).

D-ieu dit à Moïse : “Seul, toi qui es monté aux cieux, et M’as parlé face à face (Nombres 12:8), tout en demeurant le plus humble des hommes (id. 12:3), connais vraiment la valeur de la modestie. Inculque donc cette vertu aux enfants d’Israël, apprends leur à étudier la Tora avec humilité. De Moi, ils apprendront cette qualité de contraction en général comme Je l’ai montrée au Sanctuaire. Je n’ai besoin ni de la lumière des lampes, ni du sanctuaire, car “toute la terre est remplie de Ma gloire. Le ciel est Mon trône et la terre Mon marchepied” (Isaïe 66:1).

Dieu a donc voulu honorer Moïse en lui demandant de leur apprendre à étudier la Tora avec le maximum d’enthousiasme et d’humilité (“katit lamaor” concassé, humble, pour la lumière de la Tora). C’est qu’en fait, comme nous l’avons vu plus haut, les enfants d’Israël savaient bien que toutes les paroles de Moïse ne font qu’exprimer la Volonté divine.

Rabbi ‘Hanania ben Akachya dit : “Le Saint, béni soit-Il, a voulu faire acquérir des mérites à Israël ; aussi a-t-Il promulgué la Tora et des mitswoth nombreuses” (Maqoth 23b ; Avoth de Rabbi Nathan 41:17). Les enfants d’Israël auront ainsi droit à deux récompenses : la première pour avoir, conformément à sa volonté, étudié la Tora avec enthousiasme et fait plaisir à leur Créateur.

La seconde parce que cette Tora est aussi sublime que celle qui émanait de nos ancêtres saints. D-ieu dit à Moïse : “Du fait que tu es le seul à ressentir la douceur de la Tora, Je t’ordonne de la transmettre aux enfants d’Israël. Il n’est pas du tout naturel que Je le fasse Moi-même, car c’est dans ce but qu’ils ont été créés.”

La première récompense qu’ils reçurent fut donc d’avoir étudié la Tora. Le Talmud (Qidouchine 31a) enseigne à cet effet que celui qui étudie la Tora parce qu’on le lui a ordonné, a plus de valeur que celui qui l’étudie sans en avoir reçu l’ordre. La seconde récompense a été d’avoir eu le mérite de recevoir des ordres de Moïse directement.

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