L’amour des Mitsvots

De même, si on est érudit en Torah, il ne faut pas s’abstenir de rendre visite aux Justes de la génération, sans tenir compte de la fatigue et des dépenses engendrées par ce déplacement

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 05.04.21

 Véhayah Quand tu seras arrivé dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne en héritage… (Deutéronome 26:1). Comme nous l’avons vu dans des leçons précédentes, Véhayah implique toujours une notion de joie. Or, de quelle joie s’agit-il ici? Les parents de tous ceux qui étaient entrés en Terre Sainte étaient morts dans le désert. On pourrait répondre qu’il s’agit de la joie des enfants d’Israël à offrir les prémices à l’Eternel dans le Saint Temple à Jérusalem. Dans ce cas, pourquoi la Torah n’écrit-elle pas directement: …au pays, tu amèneras les prémices de tous les fruits de la terre. Pourquoi mentionne-t-elle: Quand tu seras arrivé dans le pays…? La joie est engendrée précisément par la venue au pays.

C’est que la Torah nous apprend ici deux principes sur lesquels il faut œuvrer; elle veut aussi nous expliquer pourquoi nous devons éprouver de la joie en entrant au pays d’Israël.

1) Comme nous l’avons vu, nos Sages nous enseignent que nous devons bénir Dieu pour le bien comme pour le mal (Bérakhoth 54a; Zohar II, 174a). Ceci concerne l’observance des mitsvoth. Sachons que tout vient de Dieu, le Juge suprême équitable. Ne nous posons pas des questions sur la voie selon laquelle Il dirige Son monde. Si nous croyons qu’Il a mal agi à notre égard, examinons notre conduite méticuleusement et cherchons les raisons en nous-mêmes, car du Ciel ne sort jamais le mal. L’Eternel ne recherche que notre bien (Bérakhoth 60b). Si des malheurs s’abattent sur nous, nous en sommes seuls responsables: Celui qu’Il aime, l’Eternel le châtie (Proverbes 3:12) et Dieu fait tout pour le bien.

A leur entrée en Terre Sainte, les enfants d’Israël étaient certes affligés par la mort de leurs parents qui n’ont pas eu le mérite d’y être enterrés. Mais s’ils ont connu un tel sort, c’est parce qu’ils ont médit de la Terre Sainte. Ce n’est que par la joie de l’offrande des prémices qu’on peut prendre possession de la Terre d’Israël et ce n’est que par la joie qu’on peut servir Dieu d’où leur joie en rentrant dans la terre promise. Ce n’est qu’ainsi que le Saint, béni soit-Il, fait descendre un flux d’abondance matérielle et spirituelle sur le pays, et si on ne Le sert pas dans la joie, on s’attire des malédictions.

Les enfants d’Israël craignaient certes les guerres qui les attendaient avant leur entrée en Terre Sainte, mais ils devaient éprouver la joie de s’y installer et compter sur l’aide divine pour vaincre les nations qui l’occupaient. [C’est ainsi qu’on peut comprendre la juxtaposition des deux sidroth Ki Tétsé et Ki Tavo.] Si le souvenir de leurs parents, qui n’ont pas eu le mérite d’entrer en Terre Sainte, continuait à les affliger, ils ne pourraient mériter l’abondance et apporter les prémices au Saint Temple.

Ils devaient corriger la faute de leurs parents qui ont dit du mal sur la terre, et n’ont pas eu le mérite d’en voir les fruits. S’ils y entrent dans la joie, ils auront le mérite d’accomplir les mitsvoth inhérentes à Erets Israël et pourront offrir des prémices à l’Eternel.

2) Les pauvres qui avaient honte de leur pauvres prémices placées dans de simples paniers d’osier, alors que les riches les apportaient dans des paniers d’or, éprouvaient eux aussi de la joie à accomplir cette mitsvah. Car les choses cachées appartiennent au Seigneur, notre Dieu (Deutéronome 29:28). Seul, Lui, connaît toutes les causes des statuts de chacun.

Même le riche qui s’était appauvri offrait ses prémices dans la joie. Il ne devait pas avoir honte de se servir de simples paniers d’osier comme les pauvres, et ne craignait pas que les Cohanim ne lui réservent pas les mêmes honneurs qu’auparavant. Son service divin restait intact. Le seul fait de se trouver en cette terre où siège en permanence la Providence Divine, ce pays sur lequel veille l’Eternel… et qui est constamment sous l’oeil du Seigneur, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin (Deutéronome 11:12) devait le remplir d’une grande joie (Véhaya la joie). Grâce à la Chékhinah et à la sainteté du pays, le cœur du riche comme celui du pauvre grandit dans les voies de l’Eternel (cf. Chroniques II, 17:6).

La Guémara enseigne que celui qui offre un cadeau à un Sage de la Torah, est considéré comme s’il offrait des prémices (Kéthouvoth 105b). La génération du désert a médit de la Terre Sainte, qui fait allusion au Tsadik. Car, comme on le sait, la Terre d’Israël est la plus sainte de toutes (Kélim 1:6; Bamidbar Rabah 7:8), et au lieu de s’y implanter, de lui offrir un cadeau et d’y accomplir les mitsvoth qui lui sont inhérentes, comme on s’attache à un Juste, ils ont parlé du mal d’elle. C’est pourquoi Dieu les a condamnés à ne pas y entrer et ils sont morts dans le désert. Leurs enfants en revanche ont reçu l’ordre de s’y implanter dans la joie et d’y surmonter toutes les épreuves, et ceci est considéré comme s’ils avaient offert des prémices, car la sainteté de la terre allait les imprégner et les élever.

Si on s’engage dans l’étude de la Torah sans avoir un verger qui produit des fruits, on ne peut pas offrir des prémices. La Torah nous incite toutefois à nous efforcer (même un peu) à travailler la terre pour pouvoir accomplir cette grande mitsvah. Même si on est riche et qu’on a des ouvriers, on doit les monter à Jérusalem pour les offrir soi-même et montrer l’amour qu’on porte à la terre et aux mitsvoth qui lui sont inhérentes. De même, si on est érudit en Torah, il ne faut pas s’abstenir de rendre visite aux Justes de la génération, sans tenir compte de la fatigue et des dépenses engendrées par ce déplacement. Car on a toujours quelque chose à apprendre du Tsadik.

Faisons-le avec une joie similaire à celle qu’éprouvaient ceux qui offraient des prémices au Temple Saint. Nous pourrons de la sorte surmonter tous les obstacles placés sur notre chemin.
 

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