L’attachement à D-ieu – Va-Et’hanan

S’il s’imprègne de la crainte du Ciel son étude de la Tora et l’accomplissement des mitswoth, l'homme ressentira l’existence de D-ieu qui est en son sein et se rapprochera de Lui.

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

La Tora conduit à l’attachement à D-ieu
 
Un verset enseigne: “Et vous tous qui êtes attachés (littéralement : collés) à l’Eternel…” (Deutéronome 4:4). Un autre enseigne : “A Lui votre culte, à Lui votre attachement.” (id. 13:5). Comment peut-on s’attacher au Saint, béni soit-Il, qui est un feu dévorant ? Plusieurs réponses ont été fournies à cette question par nos Sages et nous voudrions à notre tour proposer la nôtre.
 
L’Eternel a insufflé dans les narines de l’homme un souffle de vie (cf. Genèse 2:7). Ce dernier ne s’est toutefois pas brûlé et est resté en vie à cause de son attachement avec son Créateur, l’auteur de sa vie. Cependant, quand l’homme pèche, la lumière – celle que l’Eternel a insufflée en lui – se dissipe. Il incombe donc à l’homme de s’efforcer de garder en lui cette Lumière divine et de s’en imprégner toute sa vie.
 
C’est essentiellement par l’étude intensive de la Tora, qui porte le nom de vie et d’élixir pour son corps, qu’il y accédera. D’autre part, il est écrit : “C’est après l’Eternel, votre Dieu, que vous devez marcher.” (Deutéronome 13:5). Mais comment marcher après Lui ?
 
“Si vous vous conduisez selon Mes lois” (Lévitique 26:3). “Si vous marchez dans Mes lois”, c’est-à-dire si vous vous engagez pleinement dans l’étude de la Tora, vous vous attacherez au Saint, béni soit-Il.
 
C’est cette même idée que nous trouvons dans la paracha Bo. L’Eternel dit à Moïse : “Rends-toi chez Pharaon.” (Exode 10:1). “Viens, Je t’accompagne chez lui", lui propose Dieu. Si D-ieu est avec l’homme, il ne doit craindre personne, même pas un mécréant comme Pharaon. Il s’attachera ainsi à Lui. Il faut toutefois qu’il sache que tout dépend de ses actes. “Tes actes te rapprocheront et tes actes t’éloigneront” enseigne la Michna Edouyoth 5, 7.
 
La paracha Miqetz fait également allusion à cette idée. Il est écrit : “Joseph reconnut ses frères, mais eux ne le reconnurent point.” (Genèse 42:8). Plus loin il est écrit : “En vérité, nous sommes coupables envers notre frère…” (id. 23). Joseph représente, si l’on peut dire, l’aspect de D-ieu qui insuffle le souffle de vie chez l’homme ; D-ieu reconnaît l’homme depuis sa création. Par la suite, toutefois, tout dépend de la conduite de l’homme. De fait, il est écrit dans le Zohar (I, 59a) que tout se trouve entre les mains de D-ieu, à l’exception de la crainte de D-ieu. S’il s’imprègne de cette crainte son étude de la Tora et l’accomplissement des mitswoth, il ressentira l’existence de D-ieu qui est en son sein et se rapprochera de Lui. Mais si, à D-ieu ne plaise, il s’éloigne du Service divin, il ne Le ressentira pas, la Providence divine s’étant à son tour éloignée de lui. Par conséquent, s’il ne reconnaît pas D-ieu, il en est seul coupable, car il n’a pas fourni assez d’efforts pour se rapprocher de Lui.
 
En outre, le Jour du Jugement, on rappellera à l’homme que D-ieu a insufflé en lui une âme pure et qu’il a perpétré de mauvais actes qui ont engendré son éloignement du Créateur. Il en exprimera de vifs regrets et avouera qu’il est coupable de la disparition du souffle de la vie du fait qu’il ne s’est pas engagé dans l’étude de la Tora. D’ailleurs, il est écrit dans le verset : “Ce fut au bout de deux années, Pharaon eut un songe…” (Genèse 41:1) ; ceci fait allusion à la fin de la vie de l’homme dans ce monde. L’homme regrette alors ce monde du mensonge où il se plaisait tant, et prend conscience du fait que sa vie ne revêtait qu’un aspect de songe…
 
Le Tsadiq est triste de ce jour où il faut acquitter sa dette, car il aurait voulu vivre davantage pour continuer à servir son Créateur et se rapprocher de Lui. Le mécréant aussi est triste, mais pour une raison différente : sa vie est venue à échéance du fait de son éloignement de Dieu.
 
Nous voyons par là que le Ciel porte de graves accusations contre ceux qui se sont éloignés du Saint, béni soit-Il, en dépit du fait qu’ils ont reconnu et perçu la vérité ; les accusations sont graves également contre ceux qui se sont abstenus de s’engager dans l’étude de la Tora : ils n'ont pu se rapprocher de D-ieu et ils ne se sont donc pas élevés au plan spirituel.
 
Celui qui veut se rapprocher de Dieu doit partager les charges de son prochain. Il pourra alors se rapprocher de D-ieu, c’est-à-dire de Ses attributs : la clémence, la miséricorde… Quand l’Eternel voit l’homme dans sa détresse, Il s’en afflige et crie : “Aïe ma tête ! Aïe mes bras !” (Sanhédrin 46a). Dans toutes leurs souffrances, Il a souffert avec eux (Isaïe 63:9). Celui qui se conduit de la sorte, la Providence Divine réside en lui…
 
Nos Sages enseignent en effet que les soixante-dix Sages du peuple d'Israël étaient en Egypte les commissaires des enfants d’Israël qui étaient battus par les inspecteurs de Pharaon (Exode 5:14). Parmi ces commissaires se trouvaient aussi les douze chefs de tribus qui ont apporté des offrandes à l’occasion de l’inauguration du Tabernacle (Nombres 7:2). C’est donc grâce à la miséricorde qu’ils manifestaient à l’égard de leurs frères qu’ils ont accédé à ce haut rang ; c’est grâce à cette vertu que la Chekhina résidait en eux.
 
Quand Moïse entendit qu’Eldad et Médad prophétisaient dans le camp d'Israël, il dit : “Plût au Ciel que tout le peuple de D-ieu se composât de prophètes” (id. 11:29). Moïse souhaitait que tous les enfants d’Israël partagent les charges de leur prochain comme ces anciens, pour qu’ils soient dignes d’être prophètes. On n’accède à ce rang sublime que par l’union, le fait de se porter garant de l’autre, et surtout par l’étude assidue de la Tora.
 
Ces anciens qui étaient doués de prophétie ne visaient nullement les honneurs ; ils aspiraient essentiellement à partager les charges de leurs frères. Nouveaux membres du Sanhédrin, ils devaient rendre un jugement équitable et semblable à celui de D-ieu, clément et miséricordieux. Car, comme on le sait, le Ciel fait emprunter à l’homme la voie qu’il veut emprunter (Makoth 10b).
 
De tout son cœur et de toute son âme
 
Que signifie réellement “s’attacher aux attributs divins” ? En quoi cet attachement diffère-t-il des autres formes de Service divin ?
 
Certains reconnaissent volontiers l’existence d’un Créateur, mais pas de leurs deux cent quarante-huit membres et trois cent soixante-cinq nerfs et tendons. Tout ce qu’ils font, ils le font par routine. Ils font leurs prières tous les jours, mettent les téfilines, etc. mais courent un danger dans ce sens qu’ils s’abstiennent d’améliorer la qualité de leurs mitswoth et de les accomplir dans la joie, la concentration, la soumission, etc. Tout cela leur permettrait pourtant de s’élever davantage et s’imprégner de plus en plus de la crainte du Ciel.
 
Bien qu’ils s’engagent dans l’étude de la Tora et fassent régulièrement la charité, ils sont susceptibles de tomber dans les filets du mauvais penchant car leur dévotion n’est qu’extérieure et ils ne s’attachent pas à Dieu… Il faut savoir que dans l’accomplissement des mitswoth, le corps doit participer avec l’âme. Autrement, on n’accède pas à la perfection et on est susceptible de se dégrader au plan spirituel. Il convient de s’attacher au maximum au Saint, béni soit-Il, imiter Ses attributs comme nous l’avons vu plus haut. Il a pitié de Ses créatures, même quand elles L’irritent par leur mauvaise conduite. Elles comprennent que tout ce qui leur arrive n’est que la manifestation de la Grâce divine, comme il est écrit : “Oui, Seigneur, tienne est la bonté, car Tu rémunères chacun selon son œuvre.” (Psaumes 62:13).
 
L’Eternel n’a pas besoin de Ses créatures. C’est par Sa grâce (gratuite) qu’Il subvient à leurs besoins… L’homme doit donc en faire de même : avoir pitié de son prochain sans s’attendre à la moindre récompense ni à des honneurs, et même si son prochain se conduit mal avec lui, il doit manifester grâce et miséricorde à son égard… C’est ce qu’on appelle s’attacher vraiment aux vertus de D-ieu…
 
La lumière créée par les mitswoth ou les bons traits de caractère de l’homme imprègnent ainsi son corps et l’homme se rattache au Saint, béni soit-Il, et Lui procure du plaisir. Il Le ressent dans tout son être : son cœur, son âme ; c'est toute sa vie est attachée à la sienne (Genèse 44:30).
 
L’homme doit s’avancer avec une force toujours croissante, accomplir une mitswa après l’autre, se rendre de la synagogue à la maison d’étude, c’est-à-dire s’élever sans répit, améliorer constamment ses qualités et intensifier sa crainte du Ciel. Au début, seule l’âme ressent la grandeur de la mitswa et perçoit la lumière qu’elle diffuse. Mais à mesure qu’on embellit la mitswa, le corps aussi la ressent.
 
Avant de savourer le goût de la mitswa, le corps n’en jouit pas : il l’accomplit “chélo lichma”, c’est-à-dire que l'intention n'est pas entièrement pure, désintéressée. Mais quand il s’y efforce, il l’accomplit “lichma”, d’une façon désintéressée ; de la sorte, il se conforme à l’enseignement de nos Sages selon lequel il faut toujours accomplir des mitswoth, même si au début cela peut être d'une façon intéressée ;  par la suite, on s’entraîne à les accomplir d'une façon désintéressée, pour la mitwva elle-même.
 
L’homme ne doit pas cesser de s’élever jusqu’à ressentir vraiment la mitswa qu’il accomplit et accéder au niveau de Josaphat – roi de Judah – dont le cœur grandit dans les voies de l’Eternel (Chroniques II, 17:6). En les accomplissant, il doit viser exclusivement l’amour du Ciel.
 
Même s’il est très pieux et intègre, le scribe doit dire chaque fois avant d’écrire sur le parchemin : “Au nom de la sainteté du rouleau de la Tora…” Il se peut en effet qu’au milieu de son travail, il s’enorgueillisse des belles formes des lettres qu’il écrit. Il doit aussi penser à l’objectif de son œuvre : “Célébrez mon Dieu !” (cf. Exode 15:2) et L’orner de Ses mitswoth (Nazir 2b). Il ne doit pas viser son propre honneur ou en arriver à éprouver de l’orgueil. Il doit dire chaque fois : “Au nom de l’union du Saint, béni soit-Il, avec Sa Providence” afin que tous ses deux cent quarante-huit membres et trois cent soixante-cinq tendons et nerfs, visent essentiellement à glorifier l’Eternel…

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