L’offrande rapproche de D-ieu – Térouma

D-ieu n’a pas obligé les enfants d’Israël à apporter leurs offrandes. Il comptait sur leur bon cœur, sur leur crainte du Ciel et leur désir de s’élever dans le service de D-ieu.

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

Les offrandes données par les enfants d’Israël pour la construction du sanctuaire, présentent un certain nombre de problèmes. Nous en avons résolu quelques uns dans les chapitres précédents, mais il en reste encore qui demandent des éclaircissements :

Manque-t-il de l’argent et de l’or à D-ieu, pour qu’Il demande aux enfants d’Israël de Lui en offrir ?

C’est à Lui qu’appartient l’argent et l’or. Le monde entier est rempli de Sa gloire ! (Isaïe 6:3). C’était certes pour donner aux enfants d’Israël l’occasion d’aider à couvrir les dépenses occasionnées par la construction du sanctuaire, mais pourquoi D-ieu dit-Il : “Vous recevrez cette offrande de tout homme qui la fera de bon cœur” (Exode 25:2). Il n’avait qu’à ordonner aux enfants d’Israël de les Lui apporter. Après tout, n’oblige-t-on pas le malade à prendre des médicaments ?

C’est que l’homme doit observer tous les commandements prescrits par D-ieu, les mettre en pratique… pour marcher dans Ses voies et s’attacher à Lui (Deutéronome 11:22). Proportionnellement au niveau spirituel auquel il a accédé, il doit s’offrir à Lui, si l’on peut s’exprimer ainsi. Il y arrive en participant à la construction du sanctuaire, c’est-à-dire en s’élevant dans son Service divin.

L’Éternel recevra l’offrande de chacun selon la ferveur avec laquelle il la Lui donne. “Tous les enfants d’Israël Lui feront un sanctuaire, et l’Éternel résidera alors au milieu d’eux” (cf. Exode 25:8). D-ieu nous demande de “nous prendre”, c’est-à-dire nous attacher au Tsadiq pour nous imprégner de son esprit de sainteté et accéder à des niveaux de plus en plus élevés. Nous ressemblerons alors à une Couronne placée sur la tête du Saint, béni soit-Il.

D-ieu nous demande de Lui offrir cette partie qui nous attachait au Jardin d’Eden avant la descente de notre âme dans ce monde. Nous Lui ressemblerons alors, si l’on peut dire. Nous nous attacherons à Lui par l’étude de la Tora et l’accomplissement des mitswoth et des bonnes actions, au lieu d’attacher cette partie aux futilités auxquelles nous incite le mauvais penchant.

Imitons les Justes de la génération ; efforçons-nous de nous conduire comme eux et leurs disciples (Sifri, ‘Eqev 11:22). Nous accéderons à des niveaux très élevés et la Providence divine résidera en nous. Éloignons-nous des “plaisirs” de ce monde, veillons surtout à faire le premier pas et D-ieu nous aidera (cf. Chir Hachirim Raba 5:3). Ce que D-ieu demande au juif, c’est de ne pas du tout convoiter l’argent et l’or (…). Il veut que son argent serve à aider ceux qui étudient la Tora, car “la Tora est un arbre de vie pour ceux qui la soutiennent” (Proverbes 3:18).

Les bénéfices que faisait Zévoulon dans son commerce, servaient à entretenir les Yéchivoth de Issakhar, enseigne le Midrach (Béréchith Raba 99:11 ; Zohar I, 241b). Car ce sont ceux qui étudient la Tora qui édifient le Temple (voir Méguila 29a). Tout l’argent doit servir pour la Tora et les mitswoth. Un juif qui veut s’attacher à D-ieu doit contribuer financièrement à la construction d’écoles religieuses, Yéchivoth, bains rituels, etc. Toutes ces choses représentent le sanctuaire de nos jours. Il ne faut pas compter sur les miracles.

La générosité contribuera à faire descendre un flux spirituel abondant dans le monde. L’Éternel nous aide certes dans le domaine matériel : subsistance quotidienne, santé, etc., mais dans le domaine spirituel et la crainte du Ciel, tout dépend de l’homme. C’est pourquoi D-ieu n’a pas obligé les enfants d’Israël à apporter leurs offrandes: Il comptait sur leur bon cœur, sur leur crainte du Ciel et leur désir de s’élever dans le service de D-ieu.

“Tous ceux dont le cœur était bien disposé, offrirent des holocaustes” (Chroniques II, 29:31). Nous pourrons à ce point comprendre le lien entre les sections hebdomadaires Térouma et Tétsavé. La première paracha nous apprend à nous éloigner des plaisirs de ce monde – et surtout de la cupidité – et à nous rapprocher plutôt de D-ieu.

La Chékhina nous incitera alors, proportionnellement à notre ferveur, à servir D-ieu. Elle nous apprend aussi à contribuer financièrement à la construction de lieux de culte et d’établissements de Tora, à nous rattacher au Tsadiq de la génération qui est lui-même directement lié à l’Éternel.

Dans le verset : “Tu ordonneras aux enfants d’Israël de te choisir une huile pure d’olives concassées pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence” (Exode 27:2), D-ieu ordonna à Moché – dont l’âme se propage et est présente en toute génération (Tiqouné Zohar 69, 112a) – d’imprégner les enfants d’Israël de sa sainteté. Ils pourront ainsi se rapprocher de lui ; il leur ordonnera alors de purifier leur âme et leur corps et d’acquérir des vertus telles que la modestie en particulier. “Toi le Tsadiq de la génération, rapproche de toi tes frères afin d’éclairer et purifier leur âme comme de l’huile.”

Remarquons à cet effet la similitude des lettres dans les termes “chémen” (huile) et “néchama” (âme). Pour les vertus que tu leur feras acquérir, tu concasseras, tu soumettras totalement leur corps et leur âme à Mon service. Alors “celui qui est aimé des hommes, est aussi aimé de D-ieu” (Avoth 3:13). Grâce à la Tora, cette lumière qui fait reprendre le bon chemin à l’homme (Yérouchalmi, ‘Haguiga 1:7), ils acquerront de bons traits. Comme nous l’avons vu, l’offrande (…) élève l’homme, comme il est écrit : “Rabbi Méir dit : 'l’étude de la Tora rend l’homme supérieur à toutes les autres créatures'" (Avoth 6:1).

Le terme “li ” (pour moi), ayant comme guématria 40, par l’étude de la Tora qui a été donnée après quarante jours, on peut se rattacher au Nom de D-ieu : “li lichmi ”. En outre, le nombre de madriers du sanctuaire fait allusion aux quarante-huit vertus par lesquelles on acquiert la Tora (Avoth 6:5). D’ailleurs, le terme même de “kérachim”, fait allusion aux kécharim (liens) rapports de l’homme qui étudie la Tora à son Créateur, et à chékarim (mensonges) : sans la Tora, le monde entier n’est qu’un grand mensonge.

Cependant, avant de chercher à se rapprocher de D-ieu, l’homme doit se sonder et se corriger. “Nadav et Avihou prirent chacun un brasier. Alors le feu sortit de devant l’Éternel et les consuma ; ils moururent devant l’Éternel” (Lévitique 10:2). Pourquoi ? Ils avaient très certainement acquis les quarante-huit vertus de la Tora. Autrement, le verset (ibid. 10) n’aurait pas témoigné à leur sujet: “Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent de Moi” et : “toute la maison d’Israël n’aurait pas pleuré l’embrasement que l’Éternel a allumé" (id. 6).

C’étaient certes de grandes personnes, mais comme ils avaient saisi que le sanctuaire visait à rapprocher Israël de son Créateur, ils voulurent se lier au Saint, béni soit-Il, avant même l’édification du sanctuaire, lors du don de la Tora, comme il est écrit : “Ils virent D-ieu et mangèrent et burent” (Exode 24:11). Le Midrach (Vayiqra Raba 20:7) explique qu’ils s’étaient délectés de la vue de la Providence divine, comme on se délecte de la nourriture. Mais D-ieu qui ne voulait pas déranger les réjouissances, ne les châtia qu’au moment où ils sacrifièrent un feu étranger (Vayiqra Raba 20:7).

Nadav et Avihou périrent parce qu’ils voulurent trop en voir; trop se rapprocher du Saint, béni soit-Il. Contrairement à Moïse qui se cacha la face devant la Chékhina (Exode 3:6).

Cepndant, comme ils ne visaient en fin de compte qu’à sanctifier le Nom de D-ieu, le lieu où ils périrent fut également sanctifié, et tout le peuple en comprit l’importance. Malheur donc à celui qui se croit parfait, qui ne veille pas constamment à ce que ses mitswoth soient accomplies conformément à la Volonté divine, exclusivement au nom du Ciel. Il n’est pas séant que le serviteur fixe le visage de son maître. Nadav et Avihou qui étaient foncièrement purs et saints, auraient dû se couvrir la face au lieu de fixer la Chékhina, précisément le jour de l’érection du sanctuaire.

Si nous accomplissons toute mitswa exclusivement au Nom de D-ieu, l’Éternel “habitera en nous.” Nous nous approcherons ainsi de Lui, et Il sera pour ainsi dire notre “voisin”. “Vous me ferez un sanctuaire.” L’homme doit tendre essentiellement à corriger ce monde de l'action, qui a été souillé par le péché d’Adam, puis par celui du veau d’or. (…)

Par l’accomplissement des mitswoth et l’étude assidue de la Tora, l’homme réussira à transformer ce monde en sanctuaire de D-ieu. Tout comme Je fais régner Ma Chékhina sur l’ensemble du peuple d’Israël, dit l’Éternel, Je peux La faire régner individuellement sur chacun de Mes enfants, qui sont chacun un cosmos en miniature (Zohar III, 257b). De même l’homme ne doit pas négliger la moindre mitswa qui fait descendre l’abondance dans le monde.

D-ieu désire que nous soyons sincèrement liés à Lui. N’agissons pas comme ces personnes qui Le trompent par la bouche et Lui mentent par la langue (Psaumes 78:36) ; leur cœur n’est pas ferme envers Lui et ils ne sont pas fidèles à Son alliance (id. 37). Ils transgressent les Préceptes divins… On ne peut cependant se rapprocher de Lui, Le reconnaître réellement et s’imprégner de la Chékhina, qu’en s’éloignant radicalement des plaisirs futiles de ce monde et en croyant en Lui simplement.

Que D-ieu donne à notre cœur l’intelligence et la sagesse nécessaires pour nous rattacher éternellement à Lui. Amen !

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