Prendre la responsabilité –Mikets

C’est une grande leçon pour chacun. Chacun doit savoir qu’il est le garant de ses enfants et que ses enfants sont garants de lui...

5 Temps de lecture

le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 05.04.21

«Yehouda dit : je suis garant de mon petit frère»

Expliquons maintenant le sens simple de ces écrits.

Yéhouda n’a pas pensé un seul instant que l’un de ses frères ait pu voler la coupe de Yossef, puisqu’il est dit des chefs des tribus (Téhilim 122:4): «C’est là que montent les tribus, les tribus de l’Eternel, selon la charte d’Israël, pour célébrer le Nom du Seigneur» .

Pourquoi ces hommes saints voleraient-ils la coupe? Il eut donc l’audace d’affronter le serviteur de Yossef venu les accuser d’avoir volé la coupe de son maître. Il était tellement sûr qu’aucun de ses frères n’avait volé la coupe, qu’il a dit «que celui de tes serviteurs qui l’aura en sa possession meure» , et il a renchéri en ajoutant que tous les autres frères seraient ses esclaves. Mais le serviteur de Yossef craignait que, s’il trouvait la coupe dans une des sacoches, les frères le tueraient, et il savait qu’ils étaient puissants et tenaient parole.

C’est pourquoi il a rejeté d’emblée les paroles de Yéhouda, en disant que seul celui chez qui se trouverait la coupe deviendrait esclave, et que les autres frères seraient considérés innocents.

Nous avons demandé pourquoi le serviteur de Yossef ne leur fit pas savoir d’emblée de quoi il les accusait, mais commença par leur demander pourquoi ils avaient rendu à Yossef le mal pour le bien. Il y a deux réponses à cette question:

1. Il voulait leur signifier que Yossef était devin même sans coupe. Il leur fit savoir qu’il ne doutait pas qu’ils n’eussent pas tous volé la coupe, mais que l’un d’eux l’eût volée et en cela ils avaient rendu le mal pour le bien.

2. Il leur a intentionnellement dit tout d’abord qu’ils avaient rendu le mal pour le bien afin de les troubler, pour leur faire dire que le coupable devrait mourir ou devenir son esclave. S’il avait abordé d’emblée le sujet à l’amiable, les frères auraient sans doute cherché la coupe sans prononcer de sentence contre le voleur. Dans ce cas, Yossef aurait tout perdu. Mais parce qu’il s’est adressé à eux avec dureté, qu’il les a troublés en leur disant qu’ils avaient rendu le mal pour le bien, Yéhouda a tout de suite pris les devants afin d’extirper tout soupçon du coeur du serviteur de Yossef, et cela parce qu’il n’a pas pensé un seul instant que l’un des frères ait pu commettre un tel vol puisqu’ils étaient tous «les tribus de l’Eternel» . Cela nous montre la grande sagesse de Yossef qui réussit à confondre ses frères grâce aux paroles pleines de sagesse qu’il mit dans la bouche de son envoyé.

Par ailleurs, nous constatons la grandeur de Yéhouda et des autres frères. S’ils avaient voulu s’enfuir d’Egypte, sans revenir chez Yossef, ils auraient pu le faire, puisqu’ils étaient déjà hors de la ville, comme il est écrit (Béréchith 44:4): «Ils venaient de quitter la ville, ils en étaient à peu de distance…» Bien qu’ils n’en fussent pas loin, ils auraient pu s’enfuir car ils étaient déjà sortis de la ville. De plus, ils étaient tous vaillants, ils auraient pu tuer l’envoyé de Yossef et poursuivre leur route. Mais parce que Yéhouda avait juré que celui chez qui se trouverait la coupe serait passible de la peine de mort et les autres esclaves, ils retournèrent tous chez Yossef autant pour s’expliquer avec lui que pour effacer tout soupçon de son coeur et lui faire savoir qu’ils n’avaient rien volé. Ils étaient certains que Benyamin était innocent, d’autant plus que la divination leur était interdite, comme il est écrit (Vayikra 19:26): «Ne vous livrez pas à la divination».

Benyamin lui-même était un homme pieux et vertueux qui, de sa vie n’avait pas goûté au péché, comme disent de lui les Sages (Baba Bathra 17a): «Il n’est mort qu’à cause de la faute du serpent» (Il est possible aussi de dire qu’il avait tellement de peine de cette
accusation que c’est comme s’il en était mort, car le mot Nahash, serpent, ressemble au mot Nihoush, la divination).

En elles-mêmes, les paroles de Yéhouda ne constituaient aucune obligation car il savait qu’il s’agissait d’une accusation sans fondement et qu’il n’y avait pas lieu de soupçonner Benyamin d’avoir volé la coupe. Mais, pour tenir sa parole, il accepta que les autres frères deviennent esclaves, pourvu que Benyamin retournât chez son père, parce qu’il s’était porté garant de lui. Celui qui est garant d’un autre prend sa place et, si Benyamin est accusé de vol, Yéhouda peut recevoir à sa place la punition qui lui revient. Le mot Arèv, garant, est formé des mêmes lettres que le mot Avour, en faveur de, c’est-à-dire qu’il se porte garant de lui, et Yéhouda ne trahirait pas sa parole en prenant sur lui-même la punition de Benyamin. C’est comme si lui – Yéhouda – était le voleur, ce qui est correct puisque quiconque se porte garant d’un autre doit se mettre en danger pour lui.

Yéhouda déclare donc la guerre à Yossef, car il se sentait lui-même accusé à la place du jeune homme dont il s’était porté garant. Il savait qu’il devait se tenir à la place de l’autre et il n’a trahi ni sa promesse, ni son serment, ni sa parole.

C’est une grande leçon pour chacun. Chacun doit savoir qu’il est le garant de ses enfants et que ses enfants sont garants de lui, comme le disent les Sages (Kala 2; Chir HaChirim Rabah 1:24; Yalkout Chimoni Yérémia 267): «Au moment du don de la Torah, les Enfants d’Israël ont pris leurs enfants pour garants, et D. a accepté cette garantie» . L’homme doit savoir que ses enfants sont ses garants.

Lorsque nous transgressons les commandements de D., nos enfants qui sont nos garants sont punis, ce qui est aussi une punition pour le père, comme il est écrit (Chemoth 34:7): «Il poursuit les méfaits des pères sur les enfants, sur les petits-enfants, jusqu’à la troisième et la quatrième génération» , et ailleurs il est écrit (Yérémia 32:18): «Tu fais retomber la faute des pères sur la tête de leurs descendants» . Pourquoi les enfants sont-ils punis? Parce que les parents ont privé leurs enfants de la Torah, ne les ont pas habitués à obéir à ses commandements et ne les ont pas éduqués dans la voie de D.

Telle est la responsabilité des Enfants d’Israël les uns envers les autres, comme le disent les Sages (Chevouot 39a; Sanhédrin 27b; Sotah 37a): «Si l’un faute, l’autre qui est son garant (et aurait dû l’en empêcher) est aussi puni» , et c’est pourquoi les Sages enseignent la responsabilité réciproque sur la base du verset (Vayikra 26:37): «Ils trébucheront l’un sur l’autre…» car du fait qu’ils sont liés les uns aux autres, l’un est puni pour la faute de l’autre, et tous deux sont coupables.

Nous comprenons que Yéhouda ait pris un tel risque et fût prêt à se faire esclave à la place de Benyamin dont il s’était porté garant. Chacun doit se porter garant de l’autre, l’aider et le soutenir dans l’observance de la Torah et de ses commandements, afin qu’aucun ne soit puni et que chacun reçoive sa juste récompense
 

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire