Progresser dans le service de D-ieu-Vayétsé

Pour atteindre les hauteurs, l’homme est obligé de se mettre en danger et de faire des efforts, car le service de D-ieu est une élévation progressive.

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

“Il eut un songe : voilà, une échelle dressée sur la terre et son sommet atteignait le ciel…” (Béréchith 28:12)

Les commentateurs disent à ce sujet que l’échelle symbolise l’homme qui est placé sur terre, debout sur ses deux jambes, mais qui par les forces qu’il acquiert, peut atteindre les hauteurs du ciel. Précisons cette idée.
 
Si la Tora veut nous faire sentir que l’homme bien qu’attaché à la terre par sa nature physique et terrestre, est susceptible de s’envoler et d’acquérir la capacité de parvenir à un niveau spirituel semblable à celui des anges, pourquoi doit-elle rendre cette idée justement en montrant à Ya’aqov une échelle ? Pourquoi ne lui fut-il pas montré qu’il parvenait lui-même au Ciel ? Quel est le sens précis de l’échelle ?
 
Il faut remarquer qu’une échelle est faite d’échelons qui permettent de monter – ou de descendre – ce qui serait chose impossible sans ces degrés. Cela signifie que pour atteindre les hauteurs l’homme est obligé de se mettre en danger et de prendre sur lui de faire des efforts, car le service de D-ieu est une élévation progressive.
 
Celui qui monte les échelons se fatigue, s’essouffle et geint tant à cause des efforts de plus en plus grands qu’il doit fournir pour continuer à grimper, qu’à cause du temps qui se prolonge avant d’atteindre le but (ce qui est le contraire de la descente qui ne nécessite que peu d’effort et peu de temps), car le but auquel il aspire, le sommet de l’échelle, est encore loin. De même celui qui veut progresser et parvenir à des fins spirituelles, doit avancer par ses propres forces, progressivement et s’élever par étapes.
 
C’est justement par une élévation progressive sur l’échelle de la perfection que l’on peut parvenir jusqu’au sommet.
 
Plusieurs fois dans le Talmud nous trouvons l’enseignement suivant (Cheqalim 6a ; 'Avoda Zara 20b ; Yérouchalmi Chabath 1:3) : “Rabbi Pin’has ben Yaïr dit : la Tora conduit à la prudence, la prudence conduit à l’attention, l’attention conduit à la propreté, la propreté conduit à l’ascèse, l’ascèse conduit à la pureté, la pureté conduit à la piété, la piété conduit à l’humilité, l’humilité conduit à la crainte de la faute, la crainte de la faute conduit à la sainteté, la sainteté conduit à l’inspiration divine, l’inspiration divine conduit à la résurrection, et la piété est la plus grande de toutes les qualités.”
 
Dans les livres d’éthique, cet enseignement est appelé “l’échelle de Rabbi Pin’has ben Yaïr” et il sert de base au livre de Rabbi Moché ‘Haïm Luzzatto, “Messilat Yécharim” (le Gaon de Vilna a dit de ce livre qu’il n’y a pas trouvé un seul mot de trop).
 
Le mot “soulam” (“échelle”) a comme valeur numérique cent trente, ce qui indique les cent trente ans durant lesquels Adam s’est séparé de sa femme ‘Hava (Érouvin 18b), après avoir mangé le fruit de l’arbre de la Connaissance. Adam voulait se séparer et se dissocier des choses matérielles, tant il se mortifiait d’avoir causé la mort dans le monde, et cette séparation lui valut d’être appelé “pieux” ('Érouvin 18b ; Zohar III, 76b).
 
Cela nous enseigne que pour parvenir au degré de la piété qui est le sommet de l’échelle (puisque la piété est la plus grande des qualités de l’échelle de Rabbi Pin’has ben Yaïr), l’homme doit s’éloigner autant que possible de désirs pour les futilités de ce monde, et c’est alors qu’il pourra s’élever de plus en plus haut dans les degrés de la sanctification. Après avoir gravi avec succès tous les degrés qui conduisent à la piété, il parviendra au comble de la perfection.
 
L’échelle de Ya’aqov – et son secret – représente la marche progressive, la montée pas à pas, qui permet d’atteindre les hauteurs, jusqu’à parvenir à la vertu de piété et à la résurrection des morts. Nous devons ajouter que le verset : “Et voilà, des anges de D-ieu montaient et descendaient de l’échelle…” (Béréchith 28:12), nous enseigne qu’abandonner les attraits et les tentations de ce monde est tellement difficile que malgré lui, l’homme “monte et descend”, il progresse et il chute. Mais l’homme ne doit ni paniquer ni se décourager, car il est dit tout de suite après : “l’Éternel se tenait debout au sommet.”
 
Si l’homme comprend que D-ieu se tient au-dessus de lui, qu’Il est là pour le soutenir malgré ses montées et ses descentes dues au fait même qu’il est “sur la terre”, attaché aux choses matérielles et terrestres, en fin de compte D-ieu l’aide à monter toujours plus haut et à parvenir aux plus hauts degrés, et il atteint le Ciel.
 
Pourtant, l’homme risque de se décourager et de se dire : comment est-il possible qu’un être comme moi de chair et de sang, de poussière de la terre, et ancré dans la matérialité, grimpe et atteigne le niveau d’un ange céleste ? Mais cette pensée ne doit pas le déranger. Il doit savoir que D-ieu l’aime et ne l’abandonne pas, mais qu’Il exige de lui toujours plus d’efforts.
 
Il est clair que ce n’est pas une chose facile, parce que le mauvais penchant se tient aux aguets et “cherche quotidiennement à tuer l’homme vertueux” (Qidouchin 30b), à l’attraper dans les filets qu’il lui tend, et à le faire tomber au plus bas. L’homme doit se garder contre ces dangers, sachant que D-ieu veille sur lui et l’appelle à Le servir et à L’honorer de tout son coeur.
 
Effectivement, nous voyons que Ya’aqov s’est élevé progressivement, même au-dessus des anges, comme dans sa lutte contre l’ange tutélaire d’'Essav (‘Houlin 91a), qu’il a vaincu et auquel il a dit : “Je ne te laisserai pas partir que tu ne m’aies béni” (Béréchith 32:27).
 
Mais l’ange ne pouvait pas partir sans la permission de Ya’aqov (Béréchith Raba 78:2). “Il lui dit : 'laisse-moi partir', et celui qui renvoie est supérieur à celui qui est renvoyé”, et (ibid. 78:6) : “Tu as lutté avec les puissances célestes et tu les as vaincues, tu as lutté avec les puissances terrestres et tu les as vaincues. Les puissances célestes font référence à l’ange d’'Essav.”
 
Il nous semble nécessaire de lier cet épisode au verset (Béréchith 28:14), “Tu t’étendras au couchant et au levant, au nord et au midi…” Rachi explique ainsi ce verset : “Tu t’étendras – tu seras puissant”, puissant dans le service de D-ieu.
 
Rabbi ‘Hiya explique le verset “Bénissez l’Éternel, vous Ses anges, héros qui exécutez Ses ordres” (Téhilim 103:20) ainsi : “les anges, ce sont les hommes vertueux de la terre qui sont, aux yeux de D-ieu, comme des êtres célestes car ils surmontent héroïquement leurs désirs, comme l’homme courageux surmonte ses ennemis… et dorénavant, qui peut se tenir à leurs côtés, sinon ceux qui sont sanctifiés et que la Présence Divine ne quitte jamais… ” (Zohar I, 90a, 108).
 
“Le monde entier reçoit sa subsistance grâce aux hommes vertueux” (Zohar III, 216a). Lorsque Israël marche dans les voies de la Tora et que “tout Ton peuple est vertueux” (Ychaya 60:21), toute la prospérité qu’ils reçoivent du Ciel leur revient de droit, et les nations du monde en jouissent aussi, grâce à Israël (Zohar III, 147b).
 
Dans un tel cas, les Enfants d’Israël, qui ont comme on sait le statut de “fils de rois” (Chabath 67a ; Baba Métzia 113b), sont comme le roi lui-même, qui ouvre le chemin (Pessa’him 110b), allant de l’avant et réussissant tout ce qu’ils entreprennent, car tout fut crée pour eux et pour leur mérite.
 
Cela nous permet de comprendre ce que D-ieu dit à Ya’aqov : “Tu t’étendras”, c’est-à-dire tu auras la force de monter et de t’élever sur l’échelle de la perfection et cela te permettra de recevoir ce qui t’est promis : “En toi, toutes les familles de la terre seront bénies” (ibid. v. 14), c’est-à-dire que tous les peuples seront bénis et jouiront de la prospérité qui vient de toi.
 
Malheur s’il devait en être autrement, si le peuple Juif devait ne pas suivre les voies de la Tora et de la justice, car alors les nations du monde recevraient les bienfaits destinés à Israël. Grâce à un comportement vertueux, nous pouvons dominer tant nos propres désirs que nos ennemis, et nous élever sur l’échelle de la perfection jusqu’à la piété et la résurrection. “Qui est l’homme pieux ? Celui qui se montre pieux envers son Créateur” (Zohar Michpatim 114b ; Pin’has 222b). D-ieu se tient à ses côtés et veille sur lui comme Il a veillé sur Ya’aqov, et Il l’aide à franchir les degrés et à s’élever toujours plus haut.

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