Tous les débuts sont difficiles- Réé

De fait, chaque action faite en sainteté possède un aspect de “naissance”. Conséquemment, chaque action doit être accompagnée de...

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le Rav Shmuel Stern

Posté sur 06.04.21

Tous les débuts sont difficiles

“Que s'il y a chez toi un indigent d'entre tes frères, dans l'une de tes villes, au pays que l'Éternel ton D-ieu te destine, tu n'endurciras point ton cœur, ni ne fermeras ta main à ton frère nécessiteux. Ouvre-lui plutôt ta main ! Prête-lui en raison de ses besoins, de ce qui peut lui manquer.” (Deutéronome 15:7-8).
 
Rabbi Na'hman de Breslev a écrit dans le Liqouté Moharan (II, 4) que donner la tsédaqa (charité) représente l'ouverture et le début de l'entrée dans le Service divin et la pratique des mitswoth. La raison en est que pour tout ce que nous désirons réaliser dans notre service à D-ieu – toutes les actions que nous voulons entreprendre, toutes les réponses que nous attendons, etc. – nous devons multiplier les gémissements et les efforts.
 
Cela doit durer jusqu'au moment où nous réalisons ou obtenons réellement ce que nous voulions faire dans le domaine de la sainteté. De fait, chaque action faite en sainteté possède un aspect de “naissance”. Conséquemment, chaque action doit être accompagnée de cris, de gémissements, des douleurs habituelles de l'enfantement… jusqu'à ce que nous méritions véritablement de compléter la chose sainte que nous avons entreprise.
 
C'est à se sujet qu'il est dit : “À la personne qui a commencé de faire une mitswa, il faut crier : 'Termine-là !'” De fait, commencer une mitswa est plus facile que de la terminer. C'est pour cette raison que de nombreuses personnes commencent une mitswa, mais qu'elles ne la terminent pas. De plus, même le début peut s'avérer quelques fois extrêmement difficile. Comme il est dit : “Tous les débuts sont difficiles.” Nous savons tous qu'avant de commencer quelque chose, nous devons surmonter de nombreux obstacles avant d'être capables de faire la chose sainte que nous désirons réaliser. C'est pour cette raison qu'il nous faut l'aide du Ciel et la permission d'En-Haut si nous voulons faire une mitswa.
 
Également, lorsque nous avons déjà entrepris la réalisation d'une mitswa, la difficulté réside souvent à la poursuivre jusqu'à son point de conclusion. C'est à ce propos qu'il est écrit : “ Ouvre-lui plutôt ta main !” Grâce à la mitswa de la tsédaqa, c'est à dire donner de l'argent à ceux et celles qui en ont besoin, la tsédaqa elle-même est l'équivalent de “Ouvre-lui plutôt ta main !” Ainsi, c'est en ouvrant la main – qui est le symbole du début de la mitswa – que nous pouvons réaliser la mitswa !
 
Ceci est l'aspect particulier de la mitswa de la tsédaqa : afin de commencer la mitswa, nous devons ouvrir la main (afin de donner l'argent) et c'est ce même geste qui représente la conclusion de la mitswa (lorsque l'argent a été donné). D'avoir ouvert la main nous permet de commencer et conclure la mitswa d'une façon plus aisée que si nous gardions la main fermée. Cette attitude nous permet également d'amoindrir le nombre de cris de douleurs, d'obstacles et autres retards dans la réalisation de toute bonne action.
 
Nous apprenons de cela que si nous sommes occupés-es dans la réalisation d'une mitswa et que nous constatons qu'il nous est impossible de la terminer, si nous donnons la tsédaqa, cela ouvrira une fenêtre d'opportunité, l'équivalent de “Ouvre-lui plutôt ta main !”. De la sorte, il nous sera donné la possibilité de terminer la mitswa dans laquelle nous étions précédemment engagés-es.
 
Soigner le mal par le mal
 
Arrivés à ce stade de notre réflexion, nous relevons une difficulté : si donner la tsédaqa représente la mitswa elle-même, et que le geste de donner est censé faciliter la réalisation de la mitswa, de quelle façon est-il réellement possible de commencer à réaliser la mitswa ? Nous avons vu que l'acte de donner la tsédaqa ouvre des nouvelles fenêtres d'opportunité et que notre Service divin s'en trouve facilité. Cependant, nous avons également dit que tous les débuts sont extrêmement difficiles. Cela est encore plus vrai dans le cas de la tsédaqa où il s'agit de briser notre manque de cœur et d'inverser ce sentiment en de la compassion. Ainsi, l'acte lui-même facilite la réalisation, mais la difficulté qui le précède semble le laisser hors de notre portée !
 
La réponse à cette question réside en la nature spécifique de la tsédaqa : en ouvrant la main, ce qui précède la réalisation véritable de la mitswa, nous en facilitons en même temps son exécution… jusqu'à sa conclusion ! Il s'ensuit que l'ouverture créée lorsque nous réalisons une mitswa, s'applique à tous les types de mitswoth et qu'elle est l'inversion du sentiment de colère, d'amertume et de manque de cœur en celui de compassion. Grâce à la situation nouvelle que nous avons favorisée, il nous est possible de donner la tsédaqa et ce faisant, de révéler la volonté de D-ieu.
 
C'est à cela qu'a fait référence Hachem en s'adressant au prophète Éliyahou (Rois I 17:4) : “Tu boiras de ses eaux et les corbeaux, sur mon ordre, pourvoiront à tes besoins.” À priori, cela semble étonnant. De fait, les corbeaux sont d'une nature sans cœur : lorsqu'ils mettent au monde leurs petits, ils ne les nourrissent même pas ! Malgré tout, D-ieu a ordonné précisément aux corbeaux d'amener la nourriture au prophète Éliyahou ; l'objectif était de briser leur nature égoïste et sans cœur.
 
Cela nous apprend que grâce à la volonté de D-ieu, même les corbeaux sans cœur sont envahis d'un sentiment de compassion au point où ils subviennent aux besoins des autres, qui plus est qui ne sont même pas leurs enfants ! Tout cela grâce à l'Intervention divine.
 
Ainsi, nous devons briser notre manque de cœur et faire appel à notre sentiment de compassion. Cela est possible grâce à la mitswa de la tsédaqa qui nous permet d'ouvrir des nouvelles fenêtres d'opportunité, l'équivalent d'“Ouvre-lui plutôt ta main !” En d'autres termes : le mal combat le mal (mida kéneguède mida). Le fait que nous ouvrons la main, ce qui correspond au concept de donner la tsédaqa, nous permet de créer de nouvelles occasions dans notre Service de D-ieu et de réaliser un plus grand nombre de mitswoth.
 
Par conséquent, il est important de donner la tsédaqa avant de prier. Grâce à cela, nous brisons notre manque de cœur et nous le transformons en compassion, ce qui correspond au concept d'“Ouvre-lui plutôt ta main !” À son tour, cela nous permet d'ouvrir les portes de la prière. Le mal est soigné par le mal (mida kéneguède mida).
 
Parce qu'en ouvrant la main nous avons fait preuve de compassion, Hachem agit en conséquence en ouvrant les portes du Ciel pour laisser passer nos prières.

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