Un talon, de la joie et… – ‘Eqev

Nous voulons atteindre ce sentiment de joie véritable, même si pour cela, nous devons adopter une attitude légère, danser et applaudir sans fin.

4 Temps de lecture

le Rav Shmuel Stern

Posté sur 06.04.21

“Grâce à ('AiQaV) votre obéissance à ces lois et de votre fidélité à les accomplir, l'Éternel, votre D-ieu, sera fidèle aussi au pacte de bienveillance qu'Il a juré à vos pères.” (Deutéronome 7:12) 

Selon Rachi, parce que ce verset utilise le mot hébreu “EiQaV” au lieu du mot plus fréquent “Im” (“si”), il est possible de dire que cela est une allusion aux mitswoth (commandements) qui nous semblent avoir peu d'importance et que nous avons tendance à piétiner avec nos talons ('AQeV). Ainsi, dans la mesure où nous prêtons attention à ces commandements, notre “D-ieu sera fidèle aussi au pacte de bienveillance qu'Il a juré à [nos] pères.”
 
Selon les Tossafoth, c'est pour la même raison que le Roi David a écrit (Psaumes 49:6) : “Pourquoi aurais-je peur aux jours de l'adversité, à me voir enveloppé par le péché qui s'attacherait à mes talons.” Le Roi David ne craignait pas de ne pas respecter les commandements qui nous apparaissent d'emblée importants. Cependant, en ce qui concerne les mitswoth plus légères, celles qui nous semblent moins importantes et que nous avons tendance à piétiner du talon, nous pouvons avoir peur.
 
De fait, parce que ces commandements nous apparaissent secondaires, il est possible que nous n'ayons pas été précautionneux à les respecter comme nous aurions dû. C'est pour cela que la mise en garde voilée du verset nous prévient de faire attention à ces mitswoth considérées légères, de la même façon que nous faisons attention à celles que nous savons être de la première importance.
 
Le Roi David a également écrit (Psaumes 19:12) : “Aussi Ton serviteur les respecte-t-il avec soin : les observer est d'un haut prix ('AiQeV).” Le Roi David fait également référence dans ce verset aux commandements légers qu'il nous faut respecter d'une façon scrupuleuse car en vérité, nous ne connaissons pas la récompense liée à chacun d'entre eux.
 
Il est écrit dans le livre “Kokhvé Or”, dans le chapitre “Bonheur et joie” (prière 3) : “Il n'existe pas de mitswa que nous piétinons avec nos talons autant que celle de la joie et de la danse. Cela s'explique par le fait que les commandements d'être toujours joyeux et de danser régulièrement sont très éloignés de nous. Parce que nous nous sentons très loin d'une telle attitude, nous les piétinons régulièrement avec nos talons.”
 
Pour quelle raison nous sentons-nous si étrangers à ces deux mitswoth ?
 
Cela s'explique par la façon simple dont le commandement de la dance s'effectue : taper fort le sol avec nos talons et danser en les levant l'un après l'autre. C'est à propos de cela que le verset nous apprend : “Grâce à ('AiQaV) votre obéissance à ces lois et de votre fidélité à les accomplir…”
 
Nous devons prendre conscience que le mauvais penchant revêt très souvent ses apparats de “crainte du Ciel.” Cet artifice n'a qu'un seul objectif : nous tromper sur sa véritable nature. Ce que nous croyons s'apparenter à un sentiment positif, la révérence due à D-ieu, entra ainsi dans notre cœur. Désirant bien faire, nous décidons en pleine conscience qu'en aucune sorte prendre plaisir à ce que nous faisons, danser, taper des mains et se réjouir appartiennent à la gamme des attributs du Service divin.
 
C'est pour cette raison que nous avons un grand besoin de prières dans lesquelles nous demandons de mériter d'ouvrir notre cœur opaque et confus. Nous demandons D-ieu de nous faire connaître le sentiment de la joie véritable, même si pour cela, nous devons adopter une attitude légère, celle de la danse et des mains qui applaudissent sans fin.
 
Rabbi Na'hman de Breslev a écrit (Liqouté Moharan I 41) que la guématria du mot hébreu “'AQev” (“talon”) correspond à deux fois celle du mot “Eloqim” (le Nom de D-ieu qui fait référence à Son attribut de Justice divine). Cela nous apprend que le talon de chaque personne représente la place dans laquelle se tient une force potentielle importante : celles de nombreux et puissants Jugements célestes stricts à son égard, que D-ieu nous préserve.
 
Nous pouvons chasser et éloigner ces jugements stricts de notre personne grâce aux danses. De fait, lorsque nous dansons, nous affichons notre joie. Cette attitude a le pouvoir d'entraîner avec elle les jugements célestes stricts et de les adoucir. Tout cela est possible grâce à nos pieds et à nos genoux que nous plions en dansant. Il est intéressant de noter que le mot hébreu “BeReKh” possède la même racine que le mot “BeRaKHa” (“bénédiction”).
 
Ainsi, grâce à nos danses et à notre enthousiasme, nous pouvons vaincre et annuler les forces potentielles des nombreux et puissants jugements célestes stricts à notre égard qui se tiennent dans nos talons. La force de la joie que nous mettons à jour et que nous entraînons dans nos pieds permet d'adoucir les jugements stricts comme cela est expliqué dans le Liqouté Moharan I 10. C'est pour cela que Rabbi Na'hman a dit que grâce aux danses et à nos mains qui se frappent l'une contre l'autre nous réalisons quelque chose de grand : l'amoindrissement des Décisions divines sévères à notre égard.
 
Chaque personne peut réaliser tout cela en s'isolant tous les jours pendant une heure afin de parler à D-ieu et en analysant ses actions. Il est écrit : “Grâce à ('AiQaV) votre obéissance à ces lois…” (Deutéronome 7:12). “À ces lois” précisément car c'est en tenant compte de nos propres actions et en nous appliquant les lois que nous devons suivre que nous méritons de ressentir la joie.
 
Ceci est encore plus important en cette période de l'année. Du jour de Tich'a be-Av (le jour de la destruction du Temple de Jérusalem) à celui de Yom Kipour (le jour du Grand pardon) et en passant par Roch Hachana (le jour de l'an juif), nous devons réfléchir à la nature véritable de nos actions et nous repentir. Nous devons également réparer tout ce que nous avons fait dans le but de rendre le tout conforme aux règles et lois de la Tora. Pour réaliser cela, nous devons nous juger et nous demander si nos actions sont bel et bien conformes à ces lois ; si elles sont adéquates ou non.
 
En agissant de la sorte, nous mériterons de modifier les jugements célestes stricts qui étaient prévus à notre égard, que D-ieu nous préserve. En conséquence, nous éprouverons le sentiment de joie d'avancer dans une direction convenable et adéquate. Cette joie nous amènera naturellement à danser, ce qui renforcera d'autant plus l'adoucissement la sévérité des Jugements célestes.
 
Puissions-nous mériter d'éprouver la véritable joie, particulièrement pendant ces quelques semaines. Puissions-nous remercier D-ieu et tous dire (Isaïe 12:1) : “Je Te remercie ô Seigneur d'avoir fait éclater sur moi Ta colère car Ta colère s'apaise et Tu me consoles.” Puissions-nous mériter d'échanger la nature stricte des Jugements divins en un bonheur et une joie éternels, rapidement et de nos jours. Amen.    

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire