Qui a ouvert la mer rouge ? Béchala’h

Nos Sages enseignent que sans le tombeau de Yossef, nous n'aurions pas pu sortir d'Égypte et traverser la mer rouge ; ni rentrer en Terre d'Israël.

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le rabbin Éliyahou Haviv

Posté sur 06.04.21

D'après certains Midrachim, la mer rouge ne s'est ouverte que lorsque Nah'chon ben Aminadav, chef de la tribu de Yéhouda est rentré à l'intérieur de la mer jusqu'aux narines. C'est au moment où il allait perdre sa respiration que la mer s'est séparée. D'autres Midrachim nous enseignent que la mer rouge ne s'est ouverte que grâce à la présence du tombeau de Yossef  Hatsadiq. Il nous faut alors essayer de comprendre comment les deux opinions peuvent se rejoindre.

Nah'chon ben Aminadav est le chef de la tribu de Yéhouda qui a reçu d'Hachem (D-ieu) la promesse que la royauté appartiendrait à sa descendance. Le Roi David appartient à cette tribu et le Machia'h (le Messie) – qui viendra nous délivrer rapidement et de nos jours – descend lui même de David Hamelekh. Si l'on regarde l'action de Nah'chon, on constate que sa qualité qui a valu que la mer rouge se sépare est une confiance absolue en D-ieu.

Cette qualité, appelée en hébreu émouna, est le fondement de la royauté d'Israël. D'ailleurs, en termes kabbalistiques, l'émouna correspond à la Séfira de Malkhouth (Royauté). Nous comprenons alors que par le mérite de l'émouna nous avons pu sortir d'Égypte et voir nos oppresseurs disparaître.

Quel rapport peut-il alors bien y avoir avec le tombeau de Yossef ?

Nos Sages enseignent que sans le tombeau de Yossef, non seulement nous n'aurions pas pu sortir d'Égypte et traverser la mer rouge, mais aussi nous n'aurions pas pu rentrer en Terre d'Israël. Yossef est le Tsadiq présenté comme le “Fondement du monde” (“Yéssod 'Olam”) parce que toutes les bénédictions du peuple d'Israël passent par lui. En termes kabbalistiques il représente la Séfira de Yéssod (fondement) dont la caractéristique principale est la pureté de l'Alliance ; cette pureté est la garante de notre survie.

À ce sujet, Rabbi Nah'man de Breslev enseigne que tous les malheurs et toutes les souffrances d'Israël proviennent de la souillure de l'alliance c'est à dire l'émission séminale en vain, à des endroits ou à des moments interdits. Il faut savoir que notre semence provient de ce qu'il y a de plus sacré dans notre cerveau, c'est à dire le “Da'ath” (connaissance de D-ieu). Quand nous l'éparpillons de manière interdite, nous perdons notre Da'ath et notre esprit devient alors impur. Nous rentrons dans un monde de confusions où la Présence divine n'est plus le facteur principal dans notre grille d'analyse intellectuelle.

Ces troubles de l'esprit peuvent amener un individu jusqu'à l'athéisme ou l'hérésie – que D-ieu nous préserve – ou tout au moins à une assimilation partielle ou totale à la culture de ceux chez qui la dépravation est une valeur acceptée. La conséquence de tout cela est que nous perdons notre foi en D-ieu, la foi simple de nos grands-parents ou arrière grands-parents chez qui le respect de l'Alliance était chose sacrée. Hélas, nous sommes aujourd'hui rentrés dans un cercle vicieux dangereux.

La dépravation des mœurs entraîne une perte de la foi qui entraine elle-même une dépravation accrue parce que moins on a foi en D-ieu (émouna) et plus on transgresse l'Alliance car tout devient permis, à D-ieu ne plaise.

Malgré tout, Hachem n'abandonne pas dans ce cercle vicieux celui qui désire inverser la tendance. C'est pourquoi il nous envoie des Tsadiqim du niveau de Yossef Hatsadiq qui vont nous enseigner par quels moyens réparer l'alliance sacrée. Ces moyens prennent la forme de conseils précis qui vont nous aider à reconstruire notre émouna afin de ne plus fauter comme auparavant. Il nous faut donc nous attacher à ces Tsadiqim qui sont du niveau de Yossef Hatsadiq dans la mesure où ils ont préservés leur pureté de manière absolue.

Ils ont alors le Da'ath nécessaire pour nous aider dans cette génération où jamais la dépravation n'a été aussi forte. Leur action est d'autant plus nécessaire que le Zohar (parachath Chémoth) affirme que c'est à cause de l'émission séminale vaine que notre exil continue.

Nous pouvons maintenant résoudre la contradiction entre les Midrachim. C'est grâce à l'émouna de Nah'chon ben Aminadav que la mer rouge s'est ouverte mais cette émouna n'existait que grâce à l'attachement à Yossef Hatsadiq qui est le garant de la pureté de l'Alliance.

Sefer HaMidoth

“Le mensonge entrave la délivrance car le mensonge dévoile les fautes de l'individu afin qu'il ne soit pas sauvé”

Premièrement, le mensonge entraîne l'homme vers des solutions qui ne l'aideront pas. Deuxièmement, même dans la sainteté, il existe un mensonge qui consiste à ne voir en soi que les fautes et les points négatifs. Cette attitude, qui fait croire à l'homme qu'il ne se ment pas à lui même, le rend de mauvaise humeur et l'empêche de servir D-ieu dans la joie, entravant ainsi la délivrance.

En effet, il existe un principe selon lequel celui qui est toujours joyeux est sauvé tandis que l'individu triste attire sur lui les décrets rigoureux. Être conscient de ses imperfections ne doit pas susciter la tristesse mais des prières envers le Créateur afin que nous puissions les corriger.

“La vérité délivre de tous les malheurs”

En effet, c'est le mensonge qui attire sur nous le malheur, que D-ieu nous préserve. Par conséquent, quand un homme voit les problèmes s'accumuler sur lui, il doit savoir faire sa propre introspection et rechercher quel est le mensonge qui les a entrainés. Bien évidemment c'est dans son rapport avec D-ieu qu'il faut faire cette introspection et faire téchouva (se repentir). En adoptant cette attitude de vérité, on sera délivré de tous les malheurs.

“Il vaut mieux mourir plutôt que vivre en étant considéré comme un menteur aux yeux des hommes”

Imaginez un homme ayant menti à tout le monde et qui voit son mensonge dévoilé aux yeux de tous. Quelle honte incroyable va emplir sa vie ! Il n'osera plus regarder personne en face ni demander de l'aide car plus personne ne le croit, il a perdu sa bonne réputation. Nos Sages ont comparé la honte en public à la mort. La mort dure un instant tandis que cette honte aux yeux du public est permanente.

La crainte de D-ieu sur la visage

Rabbi Nathan de Breslev raconta au sujet de Rabbi Nah'man que son service de D-ieu, sa sainteté redoutable et la crainte de D-ieu qu'il portait sur le visage – notamment les soirs de Chabath – alors qu'il était adolescent, étaient incommensurables. Il arriva qu'une fois – après qu'il se soit lavé les mains et récité la bénédiction sur le pain – tout de suite après avoir mangé son morceau, il s'élève par la pensée et s'attache à D-ieu dans une adhésion et une crainte formidables.

Il resta silencieusement assis, les yeux grands ouverts, dans une union totale pendant toute la nuit. Les gens présents ne placèrent pas d'aliments sur la table car ils étaient trop impressionnés par son visage et craignaient de le déranger. Jusqu'au moment où l'aube commença à poindre, ils récitèrent alors les Birkath Hamazone (les bénédictions d'après le repas) et se retirèrent.

Une autre fois, son frère Rabbi Yéh'iel vint chez lui à Chabath et observa son comportement pendant le repas du soir ; cela plut à ses yeux. Le lendemain, au cours du repas du midi, les gens commencèrent à parler de choses de la vie de tous les jours et cela ne plut pas à Rabbi Yéh'iel. À la sortie du Chabath, ce dernier rentra dans la chambre de Rabbénou et lui parla de cela. Rabbi Na'hman lui répondit : “Te souviens-tu de toutes les histoires qui ont été racontées à table ce midi ?”. Rabbi Yéh'iel ne se souvenait pas de toutes. Rabbénou lui répondit : “Je m'en souviens de toutes.”

Sur ce, il ferma à clef la porte de la chambre et commença à mettre en ordre toutes les histoires en lui expliquant un petit peu leur signification (c'est à dire que Rabbénou dévoila le sens caché de ces histoires apparemment ordinaires et montra ainsi à son frère à quel point son lien avec D-ieu avait été total, même à ces moments là). Il parla avec lui pendant plusieurs heures. Les fenêtres étaient fermées et Rabbénou regarda la pendule ; il constata que l'heure de la récitation de la prière du Chéma' du matin était arrivée ; il arrêta alors de parler.

Rabbi Yéh'iel sortit de chez lui en larmes avec un désir ardent de se rapprocher du Créateur et un réveil spirituel incroyable.

Son nouvel état était tellement exceptionnel qu'il resta sans manger ni dormir pendant plusieurs jours et demeura assis à pleurer à cause de sa nouvelle passion, de son désir ardent et de la motivation incroyable qu'avait suscités en lui les paroles de Rabbi Nah'man. À partir de cet instant, il s'attacha à Rabbénou d'un lien authentique et exceptionnel. Il ne faut pas oublier que cela arriva tandis que Rabbénou était encore adolescent. ('Hayé Moharan 240)

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