Cher président, cher premier ministre…

La classe politique israélienne baigne dans la culture occidentale et elle s'est complètement détachée de ses valeurs juives. Pour elle, la paix est plus importante que la justice…

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

  

Une fois n'est pas coutume, plongeons au beau milieu de la mêlée politique et permettons-nous quelques remarques – qui selon nous – font cruellement défaut dans la presse d'aujourd'hui. Les deux points que nous désirons aborder concernent : 1) l'élection récente d'un nouveau président États-Unis et 2) la nomination d'un nouveau premier ministre en Israël.
 
Ces deux facteurs sont les principaux qui possèdent une grande chance d'avoir un impact réel et immédiat dans la vie des israéliens et dans l'avenir du pays où ils vivent. En les abordant, nous désirons dénoncer les messages transmis le plus souvent dans les média.
 
Les États-Unis ne sont pas les amis d'Israël
 
L'arrivée d'un nouveau personnage à la Maison-Blanche a été vécue en Israël comme un épisode prometteur de difficultés accrues dans les relations entre les deux États. La politique américaine est omniprésente dans les débats politiques israéliens. À bien des égards, Israël peut être considéré comme le 51ième état américain et son indépendance vis-à-vis de Washington identique à celui de ces derniers : presque nul.
 
Depuis plusieurs décennies, la société israélienne a été élevée avec l'idée que la première puissance mondiale est l'“ami” d'Israël. Les États-Unis ne sont-ils pas les alliés fidèles d'Israël sur la scène internationale ? Qu'on pense au nombre de fois où les américains se sont abstenus lors des votes du Conseil général de l'Organisation des Nations Unies afin d'empêcher la promulgation d'un décret défavorable à Israël ! N'est-ce pas là une preuve de cette amitié ? Également, les Etats-Unis ne prêtent-ils pas des sommes colossales à l'État d'Israël ? A-t-on déjà vu des ennemis se rendre de tels services ?
 
Au risque de décevoir et de surprendre beaucoup de lecteurs, il est important de déclarer que les États-Unis n'ont jamais été les amis d'Israël, pas plus que d'autres pays. La notion d'“amitié” n'a pas sa place dans le monde politique. Si les États-Unis se sont montrés plusieurs fois sensibles aux intérêts israéliens, c'est que cela était dans leurs intérêts. Noyé au milieu des pays arabes dont l'hostilité envers les américains est connue, Israël a offert aux États-Unis l'occasion rêvée de “mettre un pied” au Proche-Orient et d'exercer une certaine influence dans la région où ils n'en n'avaient aucune auparavant.
 
La relation entre ces deux États ressemble en plusieurs points à celle qui existe entre la personne qui donne une certaine somme d'argent en charité et celle qui la reçoit. Le plus souvent, nous pensons que le donneur rend service au receveur. Pourtant, le judaïsme nous enseigne que c'est le receveur qui rend service au donneur. Ceci pour deux raisons : D-ieu désire ardemment que nous faisions preuve de compassion envers les plus faibles de notre société. En l'absence de pauvres, les plus fortunés n'auraient personne à qui donner la charité !
 
D'autre part, la personne qui désire se rapprocher véritablement d'Hachem est consciente de l'importance de mettre la main à la poche. Au-delà des bons sentiments, ce geste est une preuve concrète de notre bonne résolution de faire un pas vers le Créateur. Ici aussi, en l'absence de personnes susceptibles de recevoir la charité, il serait impossible de mettre les bonnes intentions en pratique !
 
C'est pour cela qu'Israël ne doit jamais oublier que l'attitude souvent favorable des États-Unis à leur égard sert – avant tout – les États-Unis. Lorsque ceci sera réalisé, les rapports entre les deux États pourront devenir plus sains et plus proches de la vérité. Malheureusement, le complexe de la souris face à l'éléphant est largement répandu sur la Terre sainte et nous ne devons pas nous attendre à un changement rapide des mentalités.
 
En ce qui concerne la prétendue aide financière américaine envers Israël, il est toujours frappant de constater qu'un nombre important d'individus pensent que Washington envoie régulièrement des sommes colossales à Jérusalem. Cela est faux est doit être dit le plus simplement possible : Washington n'a jamais prêté un seul dollar à Jérusalem. Il n'est pas dans l'habitude des États de jouer aux banques.
 
La réalité est autre : le rôle de Washington s'est arrêté à celui de garant – auprès des banques – pour les prêts financiers dont Israël dépend. Avoir les États-Unis comme garant possède un seul avantage : celui d'obtenir des taux d'intérêt légèrement plus faibles.
 
Cependant, même cet avantage est relatif car les américains ne sont pas les derniers à connaître les ficelles du commerce. De fait, à chaque nouvelle signature américaine, vient avec elle l'obligation de dépenser une certaine proportion du prêt dans l'achat de produits… américains. Dans ce cas aussi, il est donc possible de dire que celui qui pense aider et en fait celui qu'on aide.
 
La politique et l'art du discours
 
Le deuxième aspect de notre éditorial de cette semaine consiste à rappeler qu'en politique, le discours importe peu et que seules les actions possèdent leur importance. Il existe une règle de base en sciences politiques : il est inutile de prêter attention aux discours des hommes politiques ; plutôt, il est préférable de porter son attention sur les conséquences concrètes des politiques suivies par les gouvernements. Ce sont ces dernières qui révèlent le véritable visage – c'est-à-dire les véritables intentions – des instances politiques au pouvoir.
 
Les média aiment bien l'idée selon laquelle le Likoud de Netanyahu est opposé à la paix, tandis que celle-ci est favorisée par le Parti travailliste. Pourtant, il est intéressant de noter que tous les grands accords censés mener à la paix et signés avec les palestiniens l'ont été lorsque le Likoud était au pouvoir ! Camp David, Accords de Madrid, retrait de la bande de Gaza… tous ces moments importants de la courte histoire de l'État moderne d'Israël ont eu lieu à une époque où le Likoud possédait les rênes du pouvoir.
 
Ici, aussi, les média continueront de penser d'une façon qui ne correspond à pas à la réalité. Il est important d'en être conscient.
 
Nous commettons souvent l'erreur de prêter attention au moindre mot prononcé par les politiciens dans le but d'y déceler leurs véritables intentions. Un discours “dur” s'oppose-t-il à un discours “doux” ? Dans les deux cas… le résultat sera certainement le même. Aujourd'hui, le premier ministre israélien se vante-t-il de marquer sa différence vis-à-vis de Washington ? Nous donnons rendez-vous à tous nos lecteurs et lectrices dans quelques mois pour connaître le résultat concret de cette volonté. Un conseil : n'en espérez pas un grand !
 
La classe politique israélienne baigne dans la culture occidentale ; le résultat est qu'elle s'est complètement détachée de ses valeurs juives. Pour elle aussi, le mot “paix” est plus important que “justice.” Peu importe ce qu'il arrive à un État – y compris le sien – si cela se déroule dans la paix, nous pensons être sur le bon chemin. Fi de la justice et de l'histoire ! Fi de la plus élémentaire honnêteté intellectuelle et du moindre bon sens ! Tout cela se déroule tous les jours sous nos yeux et n'est pas prêt à s'arrêter.
 
Et la foi dans tout cela ?
 
La classe politique israélienne ne sait plus vers quoi se tourner. Israël possède-t-elle une des armées les plus puissantes du Proche-Orient ? Les palestiniens de font exploser dans les bus des villes. Une attaque en règle a-t-elle lieu dans la bande de Gaza afin d'y arrêter le lancement de missiles vers la Terre sainte ? Quelques semaines passent après la fin du conflit… et les missiles se remettent à pleuvoir !
 
Si ce n'était la vie des israéliens qui est en jeu, la vie politique israélienne ferait rire. Pourtant, les dizaines de civils tués par les tirs de missiles des arabes de Gaza sont une conséquence directe du manque d'émouna (de foi) des personnalités politiques des différents gouvernements successifs de Jérusalem. À mettre leur croyance en leur armée, en leur services secrets, en Washington… toutes ont été déçues et toutes nous ont déçus.
 
Si ces personnages regardaient la réalité en face, ils reconnaîtraient sans mal que leurs actions a été – et est encore – négative pour la société israélienne. La classe politique ferait bien de se tourner vers la seule autorité qui détient les clés de notre succès et de notre libération. Cette autorité n'est pas le président américain, ce n'est pas l'Organisation des Nations Unies, ni la Communauté européenne.
 
Plutôt, c'est vers Hachem qu'il faut se tourner. Il serait temps d'arrêter de mettre des espoirs vains en nous-mêmes ou en d'autres entités de chair et d'os. C'est vers le Ciel qui faut lever nos mains et nous écrier : “Maître du monde : c'est à Toi que j'ouvre mon cœur ! Je suis impuissant à me sortir de l'impasse dans laquelle je me trouve ; aide-moi, je t'en prie ! Ne me laisse pas seul : je suis mon propre plus grand danger !”                        
 
 
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