La mêlée du onze de France

Cette situation vous semble-t-elle loufoque ? Pourtant, elle ressemble à celle du juif qui désire se rapprocher de D-ieu sans tenir compte des règles du jeu qu'il n'est pas en son pouvoir de modifier.

 

Lorsque nous écoutons la petite voix en nous, celle de notre âme, qui nous crie d'être enfin humains, nous ne devons pas laisser passer cet appel crucial. La première chose à faire lorsqu'on désire renouer le contact avec nos racines saintes et se rapprocher de D-ieu, c'est d'apprendre ce que le Créateur du monde attend de nous. À l'image de l'apprenti joueur qui ne peut pas apprendre toutes les règles en une seule fois, il nous faudra du temps pour découvrir celles de la Tora. Ne nous inquiétons pas : D-ieu est patient et notre bonne volonté témoignera en notre faveur. Si nous désirons apprendre les règles du jeu, la halakha (la loi juive), les portes du repentir s'ouvriront devant nous.

 

Paul a finalement compris ; il a changé de maillot et a rejoint les joueurs de l'équipe locale de football. Il arrive à point nommé car un tournoi est annoncé et son équipe doit disputer un match important. L'entraîneur a réuni les joueurs afin de leur rappeler les principales règles du jeu. Très rapidement, Paul montre son agacement : à chaque règle dictée par l'entraîneur, Paul trouve dix raisons pour déclarer que la règle en question aurait dû être dictée autrement. À la fin de la réunion, la majorité des joueurs se demandent ce que fait Paul parmi eux ; il semble apprécier si peu les règles du jeu !

 

Lorsque nous avons décidé de suivre le chemin de la Tora, il nous faut apprécier les halakhoth (lois juives) pour ce qu'elles sont réellement : un moyen de nous rapprocher de D-ieu. Plutôt que de mettre notre grain de sel à chaque nouvelle loi apprise, remercions le Créateur pour nous donner autant de moyen d'avancer dans notre Service divin ! La racine du mot hébreu “HaLaKHa” et la même que celle du verbe “HoLeKH” qui veut dire : aller, avancer.

 

Nous commettons souvent la faute de considérer les halakhoth comme une liste d'interdictions et d'obligations qui nous empêchent de vivre comme nous le voudrions. Il serait plus intelligent de les voir comme un cadeau du Ciel et comme autant d'occasions de montrer à D-ieu que nous voulons suivre Sa volonté. Cela nous remplira de joie et de bonheur.

 

Après quelques mois d'entraînement, Paul demande à rencontrer l'entraîneur. Lors de l'entretien, Paul expose la connaissance qu'il a de l'ensemble des règles du football. De fait, il les a apprises avec beaucoup d'assiduité depuis quelques temps. Ainsi, il fait part à l'entraîneur de son désir de jouer… en équipe de France dès que possible ! L'entraîneur rappelle à Paul que connaître les lois du football ne l'a pas encore transformé en meilleur joueur national. Pour cela, il faut beaucoup plus qu'une connaissance théorique : il faut y mettre toute son énergie, y consacrer tout son temps libre…

 

Qu'est-ce que D-ieu désire de nous réellement ? Certainement pas que nous devenions des robots humains dont le but final consiste à respecter l'ensemble des lois inscrites dans le Choul'han 'Aroukh. Certes, le respect de ces lois représente la première étape pour entrer dans le club des serviteurs de D-ieu. Pour autant, D-ieu n'a que faire d'un juif qui respecte les lois juives tout en pensant vivre comme un non juif.

 

Ce que désire D-ieu est notre cœur. Il désire que nous L'aimions, que nous Le désirions de toutes nos forces. Il est impossible de devenir un serviteur exemplaire tant que nous ne mettrons pas notre cœur au service du Maître du monde. S'il est plus facile de penser à D-ieu lorsque nous tenons un livre de prières ou un volume du Talmud, qu'en est-il lorsque nous marchons dans la rue ? Pensons-nous à Lui lorsque nous sommes au supermarché ? Où se trouve-t-Il lorsque nous partageons un bon repas avec nos amis ? Si nous désirons réellement D-ieu, nous parviendrons sans difficulté à lier les plaisirs de la vie à notre Service divin. De fait, la dichotomie entre D-ieu et la personne n'existe pas dans le judaïsme. Ce sont tous les gestes et pensées de l'individu qui doivent être liés à D-ieu. Faisons le bilan et constatons si nous ne sommes pas loin de ce but.

 

Paul est maintenant bien intégré à l'équipe de football. Il joue de toutes ses forces, faisant attention à ne commettre aucune faute. Il a compris qu'aimer le football, c'est aimer – avant tout – ses règles. De plus, même s'il aimerait bien jouer un jour en équipe de France, cela n'est plus son but principal. Plutôt, il espère pouvoir jouer un peu mieux à chaque match. Qu'il termine le championnat le premier ne le concerne plus ; il désire simplement progresser et il a accepté l'idée que cela exige du temps. En fin de compte, il est le plus heureux des joueurs et la joie ne quitte jamais son visage.

 

Nous aussi nous pouvons espérer atteindre des niveaux de spiritualité élevés. Cependant, notre principal objectif doit être de servir D-ieu dans la joie. Cela est possible si nous désirons réellement suivre la Volonté divine et que les petits pas que nous faisons chaque jour vers la sainteté nous remplissent de joie et de bonheur. Peu importe si nous ne sommes pas encore le grand Sage que toute la génération admire. Peut-être ne le deviendrions-nous jamais ! Ce qui nous importe est d'avoir emprunté le chemin de la vie, celui qui nous était destiné. D-ieu s'occupera de nous faire progresser à Sa guise ; la seule chose que nous devons faire, est de consacrer le plus d'énergie possible à avancer.