Puisque tout le monde le fait…

Si notre vie consiste à chercher l'honneur et à nous affirmer à travers le regard des autres, nous sommes sur le point de perdre l'étincelle précieuse de divin qui est en nous...

7 Temps de lecture

le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Nous possédons tous un besoin important de nous conformer à notre environnement – de ressembler à tout le monde – même si cela peut nous coûter beaucoup d'argent ou nous demander une dépense d'énergie – physique ou mentale – importante. Le besoin de ressembler aux autres est tel qu'il peut même – dans certains cas – nous forcer à adopter un comportement qui va à l'encontre de notre intérêt. Dans tous les cas, la réflexion est la même : si tout le monde le fait, pour quelle raison ne devrais-je pas le faire également ? Pour quelle raison devrais-je être différent ?
 
Posée d'une autre façon, la question est : être à la mode consiste-t-il à être comme les autres? Cependant, nous pouvons également poser la question autrement : être à la mode consiste-t-il – peut-être – à être différent des autres ? Le problème reste délicat à régler…
 
Rabbi Yossef Yozel Hourwitz, le Alter de Novordok avait l'habitude de demander à ses élèves d'agir d'une certaine façon qui les aiderait à ne plus se soucier de ce que les autres personnes pouvaient penser d'eux. Par exemple, il leur conseillait  d'entrer dans une pharmacie afin d'y acheter des ongles ! Les comportements excentriques de cette sorte étaient une garantie à ne plus prêter attention au regard des autres (de nos jours, notre mode de vie à changé et il n'est pas conseillé de se comporter ainsi).  
 
Rabbi Yossef Yozel savait que la façon d'être fort de l'intérieur consiste à vaincre notre sentiment de gêne. Ces exercices donnaient à ses élèves le courage qu'il leur fallait pour vivre selon leurs principes, plutôt que d'être emportés dans le courant des valeurs de la majorité. Le courage interne que ces élèves développaient était un véritable mur protecteur contre les influences dépravées qui viennent du monde extérieur.
 
Nous aussi, nous devons apprendre à résister aux défis de la pression sociale et trouver le courage de dire “non”, en dépit du sentiment de dérision que cela peut créer dans notre entourage.
 
La première chose que nous devons comprendre est la raison pour laquelle nous nous sentons souvent obligés de suivre la dernière tendance à la mode et pour quelle raison nous avons tellement peur de nous sentir différents des autres.
 
Kavod (honneur) et qina (jalousie)
 
Le mot “kavod ” (honneur/réputation) possède – en hébreu – la même racine que le mot “kaved ” (lourd). Lorsqu'une personne est concernée par son propre honneur – sa propre réputation – elle tient à savoir si elle représente un certain poids, si elle a une certaine importance. Cette personne croit – par erreur – qu'être important, d'avoir du poids, veut dire ressembler aux autres, être comme les personnes qui l'entourent.
 
Cependant, c'est seulement en utilisant nos compétences uniques et en faisant passer notre potentiel dans le monde de la réalité que nous pouvons remplir notre rôle exclusif – et important ! – dans ce monde. Nous ne devons pas perdre notre sérénité et notre sang-froid en prêtant de l'attention à ce que les autres pensent de nous, même si nous n'agissons pas comme tout le monde.
 
Voici ce qu'à dit Rabbi Na'hman de Breslov à propos de cette étincelle d'individualité :
 
“Chaque juif possède un aspect précieux en lui. Cet aspect doit être considéré comme un “point” (détaché et séparé) qui est entièrement unique et que personne d'autre ne possède. Ce “point” (unique) – qu'il possède d'une façon plus importante que son compatriote juif – (doit être utilisé) afin d'influencer, d'éclairer et de stimuler le coeur de son compatriote” (Liqouté Moharan I, 34).
 
Selon Rabbi Na'hman, l'importance de notre contribution dans la société est directement liée à notre capacité à transformer notre étincelle d'individualité – notre potentiel – en quelque chose de concret, de réel. Cependant, si nous n'accordons pas d'importance à notre individualité, nous renonçons également à cet “aspect précieux” qui est en nous et nous accordons de l'importance à un objectif superficiel : être comme tout le monde.
 
Il existe deux types de kavod : celui qui est positif, il s'agit du kavod intérieur et celui qui est négatif, il s'agit du kavod extérieur.
 
Lorsque nous cherchons le kavod positif – le kavod intérieur – cela signifie que nous sommes conscients de qui nous sommes réellement et que notre “poids” (notre importance) mérite que nous y prêtions attention. Nous réalisons pleinement nos qualités et nous essayons de trouver des façons afin de les mettre en pratique. Notre volonté de connaître nos véritables capacités et de les concrétiser montre notre respect pour cette étincelle de divin qui est en nous. En adoptant cette attitude, nous remplissons le rôle que nous sommes sensés avoir dans notre vie.
 
Ceci est le véritable kavod, honneur. Si nous croyons en nous-mêmes et en notre façon de vivre, nous n'avons nullement besoin de compliments ou de médailles pour confirmer notre amour-propre. Également, les éventuelles critiques que nous pourrions entendre n'auront pas d'effet dévastateur sur notre moral.
 
Cependant, lorsque nous sommes à la recherche du kavod extérieur – le kavod négatif – nous essayons de nous affirmer à travers l'existence des autres. Nous faisons tous les efforts possibles pour être populaires et appréciés de notre entourage. Quelques fois, nos efforts semblent ne pas avoir de limites.
 
L'honneur extérieur – notre réputation – est basé sur un quelque chose de superficiel, qui manque de profondeur : le montant de notre richesse, notre statut social, notre façon de s'habiller, notre aspect physique… Ce type d'honneur n'est pas réel. Même si à la surface, il peut sembler attrayant et fascinant, la vérité est qu'il est vide et carié de l'intérieur.
 
Si notre vie consiste à chercher l'honneur extérieur – le kavod négatif – et à nous affirmer à travers le regard des autres, nous sommes sur le point de perdre l'étincelle individuelle précieuse de divin qui est en nous.  
 
Jalousie
 
La jalousie est une force que nous pouvons utiliser soit pour notre croissance spirituelle, soit pour notre destruction spirituelle. Pour en savoir plus sur la façon de canaliser notre jalousie, cliquez ici.
 
Le plus souvent, il est important de savoir que la jalousie est un trait de caractère négatif qu'il faut combattre. Notre désir d'essayer de copier ce que font les autres trouve sa racine dans notre sentiment de jalousie et d'envie. De plus, le désir d'être comme tous les autres peut souvent aboutir à nous coûter une petite fortune !
 
Il est bon de reconnaître que nous avons tous été les victimes – un jour ou l'autre – de la jalousie. Prenons un exemple : notre voisin nous invite à venir voir les rénovations qu'il a récemment faites dans sa maison. Après avoir admiré les nouvelles boiseries, les nouvelles fenêtres et la nouvelle salle de bains, nous rentrons chez nous, les yeux encore éblouis. Même si en quittant notre voisin, nous lui avons fait part de notre sentiment de joie à son égard, nous constatons que notre demeure aurait bel et bien besoin du même type de rénovations.
 
C'est alors qu'un sentiment nouveau naît en nous : même si nous ne possédons pas les ressources financières nécessaires pour nous lancer dans des rénovations importantes, nous décidons que nous n'avons pas réellement le choix : “Si les Kohen l'ont fait, nous pouvons le faire également ! Pour le financement, nous aurons toujours le temps de réfléchir à ce qu'il faut faire.”  
 
Notre volonté de garder le même standing que nos voisins nous force à acheter ce dont nous n'avons pas toujours besoin et/ou ce que nous ne pouvons pas toujours nous payer. Le résultat de cette attitude est dévastateur : nous nous retrouvons avec des dettes qu'un minimum de sagesse nous aurait permis d'éviter.
 
De quelle façon pouvons-nous vaincre ce sentiment d'envie et de jalousie ?
 
En gardant la tête froide. En dressant calmement la liste de nos priorités et en calculant ce que nous pouvons dépenser … et pas un euro de plus. Si nous commençons à réfléchir à notre véritable besoin d'acheter tel ou tel article et à nous demander si l'achat de cet article correspond à notre budget, nous arrêterons également – avant d'avoir acheter le produit en question – de désirer ce que nos voisins possèdent.  
 
Être content de ce que nous possédons
 
“Qui est réellement riche ? Celui qui est content avec ce qu'il possède.” Nos Sages nous ont appris que si une personne est heureuse avec ce qu'elle possède, elle ne ressentira aucun besoin de copier les autres, de faire des compromis sur ses principes, d'oublier qui elle est véritablement. Afin d'intérioriser ce principe – d'en faire une partie intégrante de notre existence – nous devons constamment nous dire que ce que nous possédons représente exactement ce dont nous avons besoin.
 
Nos Sages ont dit (Nedarim 41) : “La seule pauvreté qui existe est celle qui consiste à ne pas se rendre compte [de ce que nous possédons réellement].” De fait, si nous ne prenons pas conscience de ce que nous avons, nous commençons à sentir un sentiment de pauvreté et à nous concentrer sur ce qui nous manque. Dans la mesure où nous sommes incapables de nous réjouir de ce que nous avons, nous pensons – à tort – que nous n'avons pas de poids, aucune importance. Nous oublions que la seule façon d'être quelqu'un est de nous “brancher” sur notre “identité intérieure”.
 
Dans la Meguilath Esther il est écrit (3 : 2): “Mais Morde'haï ne se courbait pas, ne se prosternait pas [devant Haman].” Même si tous les serviteurs du Roi – y compris de nombreux juifs – se prosternait devant Haman, Morde'haï restait ferme et refusait de se courber."
 
Lorsque Esther fut forcée de devenir la reine, de nombreux juifs considérèrent cela comme un développement positif et ils se réjouirent d'avoir une compatriote dans le palais royal. Cependant, Morde'haï ne partageait pas leur joie. De fait, il savait que les juifs de la ville de Chouchan ne seraient pas sauvés grâce au jeu politique ou au fait d'avoir une de leur compatriote aussi proche du pouvoir royal. Morde'haï comprenait que se sont seulement la prière et le jeûne – les outils uniques de la nation juive – qui pourraient les sauver.
 
Si Morde'haï percevait cela, c'est qu'il réalisait que nous ne sommes pas “une nation identique à toutes las autres nations”. Il était conscient de l'aspect unique du peuple juif et il savait utiliser cette spécificité.
 
Chaque génération a besoin d'individus de la stature de Morde'haï : des individus qui restent fermes dans leurs convictions et qui refusent d'être “happés” par les influences extérieures. Nous avons tous besoin d'individus qui sont satisfaits de ce qu'ils possèdent et qui sont conscients de leurs capacités.
 
C'est seulement grâce à notre prise de connaissance de ce que nous avons – et de qui nous sommes réellement – que nous pourrons faire face à la montée de la pression sociale qui menace de nous engloutir dans le vide de l'anonymat, là où notre véritable personnalité aura complètement disparue. C'est en mettant en pratique cette étincelle unique qui existe en nous-mêmes que nous pourrons être véritablement “branchés”.  

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire