Un terrain miné

Si nous nous tournons vers D-ieu afin de Lui demander Son aide nous pourrons prendre conscience de ce qui est réellement obligatoire...

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

3 kislev 5769 – 30 novembre 2008

Faisons un rêve : celui dans lequel nous désirerions faire entièrement la volonté de D-ieu. Dans cette vie imaginaire, nous avons atteint l'annulation personnelle complète (le bitoul) et nous n'éprouvons plus aucun désir, si ce n'est celui de servir D-ieu. Plus aucune envie, plus aucun désir ; peu importe où nous habitons et le style de logement dans lequel nous résidons (un 350 m² avenue Neuilly dans le 16ième arrondissement de Paris ou… un studio dans les quartiers malfamés des quartiers nord de Marseille), le métier que nous occupons (avocat prestigieux au Tribunal de Grande instance ou ramasseur d'ordures), les vêtements que nous portons (à la mode, de grandes marques ou ceux dont le style n'aurait pas déplu à Robinson Crusoé). Dans ce rêve, notre rapport avec la nourriture a également changé : plus d'attrait pour les gâteaux, les sucreries. Le navet nous semble aussi attirant que la côte à l'os et peu importe si nous mangeons salé ou sucré, et dans quel ordre nous le mangeons). Nous vous l'avons dit : nous sommes dans le domaine du rêve. Pourtant…
 
Même si la possibilité que ce rêve devienne réalité est aussi improbable que notre prochaine marche sur la lune, il doit nous inspirer à suivre une certaine voie : celle du rapprochement avec D-ieu, un peu plus chaque jour.
 
Selon cette optique, nous pensons souvent – à tort – qu'il existe une dichotomie entre le service de D-ieu à proprement parler et les occupations de ce monde. Ainsi, lorsque nous prions, étudions la Tora, faisons de bonnes actions… nous sommes conscients-tes que cela procure un certain plaisir à D-ieu et que nous sommes occupés-ées à la tâche sainte de servir le Créateur du monde. D'autre part, lorsqu'il nous faut travailler afin de subvenir à nos besoins et à ceux de notre famille, nous pensons souvent que cela n'est pas réellement servir D-ieu. Plutôt, cela serait nous soumettre aux vicissitudes de la vie et remplir des obligations que nous aurions tort de vouloir rejeter.
 
Non seulement cette conception est erronée, mais ses conséquences peuvent même nous éloigner du Maître du monde, que D-ieu nous préserve. Si nous pensons que D-ieu est absent de notre lieu de travail, nous courons le risque de nous comporter sans tenir compte de la Volonté divine et d'accepter les lois peu scrupuleuses qui règnent dans de nombreux domaines. Après tout, la lutte pour obtenir un gagne-pain en est une de survie et dans ce cas, ne doit-on pas accepter les “lois de la jungle” du milieu du travail ?
 
Ce raisonnement déficient ouvre la porte toute grande à tous les abus. Sans vraiment le réaliser, nous pouvons devenir des “saints” lorsque nous tenons un livre de prières, tandis que nous nous transformons – que D-ieu nous préserve – en véritables “loups” au sein de notre entreprise : aucun mensonge et aucune retenue ne peut nous empêcher de grimper l'échelle de la promotion sociale.
 
D-ieu se trouve partout
 
L'idée est simple et ne devrait pas sortir de notre esprit : la gloire de D-ieu remplit le monde et il n'existe aucun endroit dans lequel la Présence divine ne se trouve. Certes, il est plus facile de sentir la présence de D-ieu dans un lieu de prières qu'au supermarché, mais nous devons avoir l'émouna (foi) qu'en réalité il n'en est rien. En fait, la réalité est opposée à ce que nous croyons souvent : plus un lieu semble éloigné de la sainteté, plus la Présence divine est forte. Il est possible de comprendre ce phénomène si nous prenons l'exemple d'une personne malade qui nécessite un masque à oxygène afin de l'aider à respirer. L'air se trouve partout dans le monde, mais celui ou celle dont l'état est extrêmement faible a besoin d'un air plus pur, plus puissant. Il en va de même avec nous : lorsque nous sommes “près” de D-ieu – lorsque nous Le prions, nous étudions la Tora… – nous pouvons être assurés-ées de Sa présence à nos côtés. Cependant, plus nous sommes dans un lieu très éloigné de la sainteté – que D-ieu nous préserve – plus la Présence divine se fait forte ; il nous suffit de la chercher réellement pour nous apercevoir que D-ieu est présent, même dans ce lieu peu recommandable.
 
Si nous comprenons que D-ieu se trouve partout, même lorsque nous sommes occupés-ées à gagner notre vie, l'envie peut nous venir de vouloir nous occuper qu'à cela. Dans la mesure où nous savons que nous pouvons nous rapprocher de D-ieu même lorsque nous travaillons, nous pouvons nous assigner la tâche de Le chercher exclusivement dans notre entreprise, notre commerce… Cependant, la vérité est différente.
 
De fait, il est interdit d'augmenter notre implication dans les affaires de ce monde pour deux raisons : 1) cette façon de servir D-ieu – à travers le travail – est une situation dangereuse car le niveau de sainteté y est très bas et les tentations sont très nombreuses pour nous éloigner du Maître du monde et, 2) il existe un niveau de sainteté et de service plus élevé : l'étude de la Tora, la pratique des mitswoth… Par conséquent, nous devons nous efforcer de limiter notre participation aux affaires de ce monde, tandis que nous devons tout faire pour augmenter le temps que nous passons à servir D-ieu en étudiant Sa Tora, en réalisant des mitswoth et bonnes actions.     
 
Lorsque nous savons tout cela, nous avons le devoir de l'appliquer à notre situation personnelle qui est unique. Bien sûr, il n'est pas question de dire que le travail est interdit et que nous devons nous occuper exclusivement à l'étude et à la prière. En même temps, toute notre vie doit tendre vers cet objectif : nous contenter du strict nécessaire dans ce monde afin de ne pas être occupés-ées à courir après les vanités matérielles qui ne revêtent pas l'aspect de nécessité.
 
Si nous nous tournons vers D-ieu afin de Lui demander Son aide nous pourrons prendre conscience de ce qui est réellement obligatoire et de ce qui ne l'est pas. Certes, nous devons tous-tes nous nourrir ; la question est de savoir si notre table doit ressembler tous les jours à celle des rois ; nous devons tous-tes nous habiller ; la question est de savoir si nous devons dépenser 200 euros à l'achat d'un pantalon (ou d'une robe)…
 
Ce monde ressemble à un terrain miné que nous devons traverser : le danger est omniprésent et c'est seulement grâce à l'aide du Ciel que nous pouvons espérer le traverser sain et sauf. Si notre pensée reste collée à D-ieu, nous revêtons l'armure qui pourra sans doute nous sauver de tous les dangers.   

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