Alors ? C’est blanc ou noir ?

Un des doutes qui est difficile à accepter est celui qui sépare l'avis des autorités de la Tora. Chez une autorité, un morceau de viande est reconnu kacher, tandis qu'une autre le proscrit.

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

 8 sivan 5769 – 31 mai 2009

L'être humain n'aime pas l'incertitude. Des rumeurs de licenciement dans l'entreprise où nous travaillons ? Des nuits blanches assurées ! Un examen médical qui nécessite une visite chez un spécialiste ? Que d'inquiétude jusqu'au jour du rendez-vous ! Une réponse qui se fait attendre pour un futur mariage ? La vie bascule ! Les exemples ne manquent pas qui nous mettent face à notre fragilité face à l'incertitude.
 
Le doute possède ceci de désagréable qu'il nous laisse dans le flou. Qu'il s'agisse d'aller vers la droite ou vers la gauche, peu importe souvent : le principal est que nous sachions s'il faut tourner à droite ou à gauche. La tranquillité d'esprit est certainement plus facilement à notre portée si nous connaissons à l'avance la suite des évènements. À l'exception des séries télévisées, le fait de ne pas savoir ce qui va se passer nous crispe plus qu'on ne le voudrait.
 
Le doute religieux
 
De tous les doutes, un qui est extrêmement difficile à accepter est celui qui sépare l'avis des autorités du monde de la Tora. Chez une autorité, un morceau de viande est reconnu kacher, tandis qu'une autre le proscrit. Un Sage recommande tel produit… et un autre le déconseille. Rabbi Na'hman de Breslev nous a demandé d'être auprès de sa tombe le jour de Roch Hachana (le jour de l'an juif) ? Une autorité contemporaine s'en étonne. En fin de compte, nous ne savons plus qui suivre et notre tête est saisie de vertige.
 
Ce vertige ne serait pas si grave s'il ne nous menait pas régulièrement à commettre des fautes conséquentes. Ainsi, le rabbin de Lévi a dit “oui” pour une chose à propos de laquelle le rabbin de David a dit “non.” Lévi – ou David – ne peut pas s'empêcher de critiquer ce rabbin qui ne partage pas l'avis du sien. C'est à croire que Lévi est devenu en quelques minutes une autorité du droit juif pour se permettre d'en critiquer une autre.
 
Dans de telles situations, ce sont les lois de la médisance que nous enfreignons le plus souvent. Pauvre de nous !
 
Notre attitude serait différente si nous sortions la tête du bac de sable où nous la laissons habituellement et si nous nous interrogions réellement sur les sources de ces différences d'opinion. En Israël – plus qu'ailleurs dans le monde – c'est tous les jours que nous sommes bombardés d'avis qui s'opposent. Tel parti politique doit-il participer à tel gouvernement ? Doit-on augmenter ou baisser les allocations familiales ? Doit-on donner une partie de la Terre d'Israël aux arabes ? Etc.
 
Si le discours des personnes sans émouna baigne régulièrement dans la violence verbale, l'usage excessif des superlatifs et le manque de respect pour l'Autre, il est particulièrement regrettable de constater que ce type de discours se retrouve également dans la bouche des personnes qui essaient de se rapprocher de D-ieu, sans qu'elles trouvent cela condamnable.
 
Des débats réparateurs
 
Afin de comprendre l'importance de ces différences d'opinion – ainsi que leur aspect essentiel dans notre vie – il est utile de reconnaître que le monde est divisé en deux parties : celui de la Sainteté et celui des forces du mal. Peu importe ce qu'une personne fait et ce qui se déroule dans le monde, chaque fait et geste appartient toujours à une de ces deux catégories.
 
Connaissant les dégâts importants que peuvent causer les différences d'opinion – disputes, paroles sorties trop vite de notre bouche… – les forces du mal s'en régalent. Ce sont elles qui assistent régulièrement à nos chutes dans leur piège. Ce sont nos paroles déplacées et notre attitude négative qui “nourrissent” ces forces spirituelles du mal.
 
La puissance des forces du mal est grande. Afin de les contrer, il faut que ce qui fait chuter tant d'individus se déroule de la même façon du côté de la sainteté. Ceci est accompli lorsque les autorités religieuses débattent de différents sujets et arrivent… à des conclusions opposées. Si les forces du mal se servent des différences d'opinion pour nous faire chuter, les forces de la Sainteté s'en serve pour nous relever.
 
C'est à cet instant que notre intelligence doit fonctionner. Entendant un rabbin prononcer une chose permise et un autre l'interdire, nous savons que nous sommes les témoins d'une lutte d'un type qui nous dépasse : un combat sans merci entre le bien et le mal, entre la vie et la mort, entre la Tora et le mensonge.
 
Lorsque nous entendons ces débats, nous ferions bien de nous tenir éloignés-es de la zone de turbulence. Surtout, que notre bouche ne prononce aucune parole dérogatoire envers l'autorité qui s'est prononcée d'une façon différente que l'autorité que nous avons l'habitude de suivre ! Si nous pouvons tenir notre bouche fermée, nous aurons fait un pas de géant pour nous rapprocher de D-ieu. Dans le cas contraire – que D-ieu nous préserve – nous tombons entre les bras des forces de la mort qui sucent notre vitalité jusqu'à nous tuer spirituellement, que D-ieu nous garde.
 
N'essayons pas de jouer au plus malin. Rien ne sert de ne rien dire tout en se comportant d'une manière qui permet à notre entourage de comprendre notre désapprobation envers un Sage. Que les personnes qui se prêtent à ce jeu soient averties : leur jugement final ne sera sans doute pas une partie de plaisir.
 
Un des conseils les plus utiles de Rabbi Na'hman de Breslev est celui qui nous demande de rester simples. Ce concept aussi existe du côté de la Sainteté et du côté des forces du mal. En sainteté, être simple signifie essayer de faire ce que nous devons, sans s'occuper du reste du monde. Si l'autorité que je suis habituellement m'a déclaré que telle chose est permise, je dois être confiant-e que je peux avancer les yeux fermés dans cette direction.
 
D'autre part, si d'autres autorités ont exprimé une opinion contraire, cela ne doit pas m'atteindre. Pour quelles raisons aurais-je besoin de donner mon avis sur tout ? Ai-je besoin de transformer mon cerveau en un centre névralgique des dernières nouvelles à transmettre dans tout l'univers ?
 
Les forces du mal n'aiment pas ce comportement simple et sans prétention. C'est pour cela qu'elles se sont saisies de ce concept pour le transformer en négatif. Pour elles, être simple d'esprit signifie être stupide. Quel gâchis ! Et nous qui nous laissons souvent berner !
 
Maître du monde, aide-moi à rester simple, simple d'esprit en sainteté. Que mon cerveau, mes oreilles et mes yeux ne s'occupent que d'une chose : me rapprocher de Toi !
 
P.S. : à titre purement personnel, je demande à Hachem de faire rencontrer à ma fille un jeune homme simple d'esprit et qu'elle puisse l'épouser dans la joie, le bonheur et la Tora. Que de millions donnerais-je pour avoir un beau-fils simple d'esprit !
 
Vous êtes cordialement invités à lire les billets du jour sur le blog de David-Yits'haq Trauttman à www.davidtrauttman.com/

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