La crainte du Ciel

Il ne s'agit pas de s'accabler ! Il s'agit de nous demander si, compte tenu de notre âme si magnifique et de ses infinies possibilités, il convient d'agir comme nous agissons.

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le rabbin Israël Yits'haq Besançon

Posté sur 06.04.21

Peur de rien
 
Nous ne devrions craindre que D-ieu : Lui seul possède le pouvoir et, sans Son consentement rien ne peut nous atteindre. Qui craint D-ieu vraiment, ne craint plus rien d’autre.
 
Mais lorsque des agents terrestres éveillent notre peur, tels que les fléaux, les maladies, les animaux ou la méchanceté de certains êtres, tout cela signifie que nous avons perdu la vraie compréhension, nous avons oublié que ces dangers n’ont aucun pouvoir en eux-mêmes, mais sont uniquement des délégués du Jugement. À partir de cela, nous nous en prenons aux causes immédiates de nos troubles et ressemblons en cela, au chien qui mord le bâton – parce qu’il croit que c’est ce bout de bois qui l’a frappé ! (‘Hafetz ‘Haïm)
 
Pour ne plus avoir peur des ombres et des menaces, pour ne plus s’enrager sur des triques, il faut élever notre crainte au niveau de la conscience véritable, alors, les dangers et les menaces se vident, ils n’ont plus aucun moyen de nous effrayer.
 
Pour parvenir à élever la crainte à son juste niveau, il faut se juger soi-même. Qui se juge est dispensé de tout autre jugement. Il ne s’agit pas de s’accabler ! Il s’agit au contraire, de nous demander si, compte tenu de notre âme si magnifique et de ses infinies possibilités, il convient d’agir comme nous agissons ?
 
Il ne s’agit pas de nous décourager, mais, au contraire, de nous rappeler les innombrables bienfaits que notre Père nous a prodigués et en dépit desquels nous nous montrons si souvent ingrats ! Il s’agit de peser nos actions, de les analyser, de stabiliser notre esprit pour échapper au tourbillon de l’inconscience et du chaos mondial.
 
Moyennant quoi, toute peur nous quittera. En nous jugeant nous-même au moment où nous nous isolons pour parler à notre D-ieu, nous aurons redonné à la crainte sa vraie place et plus rien ne pourra nous effrayer.
 
Lorsque nous n’avons plus peur des choses, nous nous libérons de leur joug et cela, certes, ne peut s’obtenir en un jour ! Mais – ceci est certain – dès que nous entamerons notre propre jugement, l’analyse de nos actes, nous cheminerons déjà vers la libération et les premiers progrès ne tarderont pas à apparaître et nous encourager.
 
(Ce principe n’est nullement contradictoire avec l’indulgence recommandée en d’autres paragraphes de ce recueil. Rigueur et mansuétude sont complémentaires, car, sans l’un, l’autre s’annule. La réussite dépend de l’alliance harmonieuse que nous parvenons à établir entre ces deux tendances).
 
Il suffit d’une heure
 
Il suffit d’une heure pour réparer des années d’erreurs. Le jour où l’on se réconcilie avec D-ieu, ce jour est au-dessus du temps !
 
L’heure où notre cœur se tourne vers son Créateur pour essayer de se réconcilier: cette heure aura un goût d’infini.
 
Lampe et lumière
 
Quand l’action est une lampe, la pensée y brille de toute sa lumière ! Exiger de l’illumination sans fournir de réceptacle, ce serait faire fi d’une des grandes règles de la vie.
 
Voici à cet effet, une question qui se pose fréquemment: pourquoi donc formuler verbalement sa prière ?
 
En fait, l’Éternel sonde les cœurs et connaît toutes nos pensées. S’il ne s’agissait que de lui faire savoir notre désir, il suffirait de se concentrer en pensée et D-ieu lirait nos pensées. La prière parlée ne serait pas indispensable.
 
Et pourtant nous voyons qu’à l’unanimité, toutes nos références sacrées : Tora, Talmud, Midrach, Zohar etc. s’accordent pour exiger une prière énoncée avec la bouche. En fait, il y a des raisons très profondes à cela.
 
La kabbale nous explique qu’avant d’arriver à son stade ultime de concrétisation, avant de se manifester sous forme de matière, la Lumière ou Énergie divine traverses plusieurs phases. D’étape en étape, la pensée se concrétise pour arriver enfin à sa formule finale, qui est le monde où nous vivons, le monde des formes et des actions. La matière sert, à la fois, de véhicule et d’écran pour la pensée créatrice, pour l’esprit qui s’y cache.
 
La raison de ce voilage est de permettre à l’homme le libre choix de ses actions. Car, si la Présence était plus évidente, nul n’oserait s’opposer à elle, nul ne pourrait se révolter et désobéir. Dans l’état actuel des choses, grâce aux écrans sous lesquels le Créateur voile son évidence, il est possible, aux prix d’efforts, de Le chercher et de Le trouver (d’où mérite et récompense) ou bien de refuser Ses appels et de nier, malgré les indices (d’où nécessité d’une correction).
 
Pour circuler, nos idées ont besoin de véhicules : les mots. De même pour pouvoir briller, la lumière a besoin de récipient, la lampe. C’est la raison pour laquelle, si nous voulons être aidés de façon spirituelle ou matérielle, il est nécessaire de préparer un récipient concret dans lequel viendra prendre place la bénédiction. Ce récipient, c’est la parole.
 
Nous n’avons fait que survoler le sujet. Le lecteur attentif notera combien ce passage nécessiterait d’approfondissements. Heureux qui pourra compléter cette étude à la lumière des textes valables ou – mieux encore – guidé par un maître ou un compagnon compétent.
 
Ce qu’il faut retenir, c’est que la constitution générale du monde – et celle de l’homme dans ses moindres détails – suit des infrastructures spirituelles très précises que les kabbalistes ont étudiées et révélées dans leurs ouvrages. En suivant fidèlement leurs instructions, nous arriverons à respecter l’ordre merveilleux que le Créateur a établi. Les Sages enseignent que la prière doit être essentiellement verbale; nous gagnerons beaucoup à mettre toutes nos forces pour suivre leurs conseils.
 
Ceci dit, il existe parfois des cris silencieux tout autant que des prières muettes… et celles-ci ne sont pas des moindres.
 
Le bouclier de David
 
Les âmes de tendances mystiques recherchent à tout prix le Divin ; elles se consacreront donc essentiellement à la prière, tandis que les esprits assoiffés de connaissances – ceux qui visent avant tout la sagesse – s’adonneront en priorité à l’étude.
 
L’idéal serait cependant d’unir les deux. Comment y parvenir ? Le moyen est très simple, à la portée de chacun.
 
Nous venons d’étudier un passage de Tora. La vérité de ce texte est présente en notre esprit. Nous savons, par ailleurs, que le but de l’étude est l’accomplissement du principe étudié. Or, qu’il s’agisse de code de la vie juive ou bien de principes éthiques, il s’agira de découvrir dans quelle mesure ce texte s’applique à nous, comment nous allons le mettre en pratique, dans sa juste mesure. Quelle que soit la nature du texte, quel que soit notre degré personnel, deux éléments seront requis pour l’application de ce texte :
 
1. Trouver la mesure par rapport à notre situation (ni trop, ni trop peu !), c’est-à-dire ce que D-ieu attend de nous.
 
2. Supposons que nous sachions ce que D-ieu veut de nous (comme dans le cas des prescriptions que nous connaissons bien et rencontrons au quotidien), il n’est pas toujours évident de pouvoir les accomplir ! Les forces peuvent nous manquer, le courage ou bien – tout simplement – les moyens pratiques (se procurer une mezouza, surmonter sa colère, résister à nos passions etc.).
 
Nous ne savons plus que faire. Notre ciel s’est obscurci, la lumière du texte de Tora s’est voilée, nous nous trouvons dans la nuit.
 
Mettons-nous à prier !
 
Par ce moyen, nous attirerons la clarté dont nous avons besoin. Peu à peu, les choses se préciseront et, alors, surgiront de l’ombre des solutions inespérées. La mesure – si dure à situer – nous apparaîtra sous un angle évident.
 
C’est ce que nous appelons: transformer la sagesse en prière.
 
Par sa structure – cinq livres – et son contenu – d’innombrables supplications – le Livre des Psaumes est une illustration parfaite de ce principe. Ces cinq parties correspondent aux cinq livres du Pentateuque : le Roi David a cherché et trouvé comment accomplir la Tora au moyen de la prière.
 
A suivre…
 
Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Israël Yits’haq Besançon. Reproduit avec l’aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.

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