La mélodie de la vie

Parfois, la vie ressemble à une mélodie qu’on joue à la guitare. C’est comme parcourir les cordes et savoir quand appuyer pour entendre le son juste…

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Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

Des fois, il me semble que la vie est un air de guitare. Pour sortir un son, il me faut gratter les cordes. On peut le faire doucement et obtenir ainsi un son délicat, ou plus fort, et le son sortira en fonction. On peut gratter plusieurs cordes ou bien une seule à la fois. Tout cela nous donne une mélodie, mais chaque mélodie est unique, sonne différemment des autres et éveille en nous toutes sortes de sentiments. Lorsque je veux jouer un accord harmonieux ou produire un son spécifique, je dois appuyer sur plusieurs cordes en même temps. Je dois appuyer sur la corde de façon régulière et suffisamment fort pour que le son sorte clairement, sans trembler ou sonner faux. Il est aussi possible d’appuyer sans trop faire attention et de créer ainsi ce qu’on appelle en musique une dissonance ou une cacophonie, c’est-à-dire une variété de sons qui ne vont pas ensemble et créent un brouhaha qui vous embrouille l’esprit. Dans la vie, c’est pareil, il faut savoir quand appuyer, combien, où, et quand relâcher et laisser le son se propager et influencer le monde. Nos sages disent : tout est prévu et on a le choix. Pour être franche, je m’embrouille toujours avec ce concept. Comment, si tout est prévu, connu et écrit dans le ciel, se peut-il qu’on ait encore notre mot à dire et le droit de choisir ? C’est comme si les choses se contredisaient. Je regarde mon quotidien et le rôle que je joue dans la composition de la musique de ma vie, et je me rends compte que, malgré le fait que le bon D.ieu a un excellent programme pour moi, un programme que j’ignore complètement, je dispose tout de même d’un espace de choix dans le cadre de ce programme. A l’intérieur de ce programme déjà prêt, je peux choisir comment agir et comment jouer la mélodie de ma vie. Cela peut être une mélodie monotone et ennuyeuse, ou bien une variété de tons assortis avec harmonie. Elle peut être forte et stridente ou fluide et agréable, elle peut être entrecoupée ou continue, mélancolique ou joyeuse, et ainsi de suite. Je peux jouer ma vie dans toutes sortes de genres musicaux selon mes goûts personnels, mais pour ça, il faut que je m’y connaisse en musique et que je dispose des instruments adéquats qui m’aideront à choisir la musique qui me correspond le mieux, et comment la jouer. Qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce qui m’émeut, me réjouit et m’élève le plus ? Qu’est-ce qui me donne des forces ? Comme en musique, dans la vie aussi, il y a des outils qui m’aident à adapter la mélodie qui élèvera, renforcera et me rendra la route plus agréable, et grâce à ces outils et à ce travail, je me construis et me développe en tant que personne. Evidemment, ces outils sont de l’ordre de la pensée, de la parole et de l’acte, et nous avons un merveilleux manuel d’utilisation, que D.ieu nous a donné afin que nous puissions jouer notre mélodie avec succès. C’est quelque chose qui demande un entrainement intensif comme lorsqu’on apprend à jouer d’un instrument, et pour atteindre un bon niveau, il faut s’investir dans des heures et des heures d’entrainement, jusqu'à devenir un vrai artiste. Dans la vie aussi, l’entrainement est quotidien et à tout moment où nous lui permettons d’avoir lieu. Plus on s’entraine, plus la mélodie sort facilement sous nos doigts précis, capables d’émouvoir notre auditoire. En hébreu, il y a deux verbes différents pour jouer (lessah’ek) et jouer d’un instrument (lenaguene), tandis qu’en anglais ou en français, c’est le même verbe (to play et jouer). Dans la vie comme en musique, il y a un jeu infini entre les efforts et les moments de relâchement et de détente. Nous devons être à l’écoute et très précis si nous voulons réussir notre jeu. Dans nos choix, nous pouvons programmer le déroulement stratégique et aussi lancer les dés, mais c’est précisément là qu’existe déjà un espace où l’on attend de nous une certaine flexibilité et un relâchement face aux résultats dans le concret. J’ai toujours voulu savoir bien jouer de la guitare, m’exprimer et faire plaisir à mon entourage, mais je ne me suis pas assez entrainée pour faire passer mes sentiments et mes intentions à travers l’instrument. La route est encore longue et je continue d’essayer, et je sais que j’ai une chance de m’améliorer et de réussir dans la voie infinie de la création, mais le plus important est de se rappeler qu’il y a, d’un côté, l’envie de se former et de progresser, et de l’autre, vient le relâchement qui me permet d’être un vecteur par lequel le Saint, béni soit-Il, fait passer Sa lumière et Sa mélodie dans le monde… Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

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