Les petits cadeaux

Un nouvel examen approfondi en moi-même m’a conduite à la choquante découverte : je suis en conflit avec ma réalité. Sharon Rotter apprend à apprécier les petits cadeaux.

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Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

La fatigue de la routine intensive menace de me faire plier, et parfois, j’ai même l’impression que je me noie dans un océan de tâches ménagères, d’autres choses à faire et des désirs de ceux qui m’entourent. La seule chose qui me sauve et m’empêche de me laisser aller à la mélancolie dans les moments difficiles, c’est ma conversation avec Celui qui m’aide à sentir que je ne suis pas seule : Hachem.   

Dans ces moment-là, j’ai du mal à me consacrer à la prière ou à tout autre acte de don à moi-même, tel que de rencontrer des amies ou de faire une séance de yoga. Je sens que je ne suis pas heureuse de ma vie et même si j’ai réfléchi, demandé et prié pour chaque chose qui m’a été donnée, je ne parviens pas réellement à apprécier et à remercier pour chaque chose.

J’ai une sensation de bassesse lorsque je suis d’humeur à me plaindre de tout le bien que j’ai, ce qui me fait me sentir amère et gênée par rapport au Créateur du monde, qui m’a bénie de toutes Ses bontés et Sa miséricorde. A chaque fois, je me passe au peigne fin et j’en arrive au même schéma choquant, de conflit avec ma propre réalité.

En analysant les points spécifiques avec lesquels j’ai le plus de mal, je comprends que ce sont aussi les choses les plus importantes de ma vie, comme mes enfants bien-aimés, qui me poussent toujours à élargir les limites que je pensais avoir et à me surpasser pour m’élever vers des niveaux dont je ne soupçonnais pas l’existence. Et bien sûr mon cher mari, avec qui les relations et la communication s’améliorent au fil du temps, mais un petit malentendu entre nous suffit pour me blesser, atteindre ma joie et même me perturber de façon générale.

Il me faut alors mobiliser beaucoup de courage et de forces intérieures, et j’ai parfois l’impression d’en manquer pour répondre à tous les besoins et souhaits de mes proches et de ma famille. J’ai un très fort désir de donner et d’apporter aux autres, mais il dépasse parfois mes capacités et ce décalage est source de frustration et de tristesse.

Je voudrais pouvoir recevoir tout ce dont Hachem me fait cadeau et m’en réjouir. Je voudrais être large, forte, avoir huit mains et des moyens illimités. Je voudrais pouvoir faire face à chaque situation ou problème qui survient, avec intelligence et imagination. Mais je suis limitée.

Bien sûr qu’il y a toutes les fois où le soleil se lève et illumine tout, quand mon cœur se réchauffe de joie et que je sens la gratitude inonder tous mes membres, sans avoir à faire d’effort pour qu’elle se manifeste.

Lorsque je prie le Saint, béni soit-Il, qu’Il multiplie mes trésors, je le pense vraiment. Au même moment, je veux plus d’enfants, de moyens, une grande maison et des tas d’autres choses encore. Mais mes demandes sont complètement déconnectées de la façon dont je considère les choses qu’Il m’a déjà données, et lorsque mes prières ne se concrétisent pas, je me demande tout de suite qu’est-ce qui peut bien les en empêcher.

Il y a quelques jours, c’était l’anniversaire de ma fille ainée et je lui ai acheté un cadeau. J’ai beaucoup réfléchi à ce que j’allais lui acheter, qui conviendrait à son âge et à mon porte-monnaie, quelque chose d’utile, d’éducatif et qui lui fasse plaisir. Finalement, mon choix se porta sur une belle montre et j’étais très excitée de lui remettre le paquet emballé.

Ma fille ouvrit le paquet cadeau, mais lorsqu’elle découvrit la montre, son visage se voila de déception. « Je voulais un téléphone », me dit-elle d’un air triste. La montre se vit délaissée avec mépris et ma fille se tourna vers ses occupations.

Evidemment que je savais qu’elle voulait un portable plus que tout, et c’est en toute connaissance de cause que je choisis de lui acheter autre chose, qui convenait plus à son âge, à mon avis. Mais la réaction de ma fille, qui ne manifesta pas la moindre joie ou le moindre remerciement pour le cadeau que je venais de lui faire, me fit carrément m’interroger sur l’idée même de lui faire d’autres cadeaux à l’avenir.

Mais ce qui me frappa le plus, c’est que lorsque son grand-père lui donna, finalement, le téléphone tant attendu –un appareil archaïque avec des appels entrants uniquement-, elle s’en réjouit tout juste une minute avant de réclamer des appels sortants et un smartphone…

Soudain, je réalisai qu’il se pouvait que la même dynamique existe entre moi et mon Père dans les cieux.

Comment puis-je m’attendre à recevoir plus de cadeaux et d’abondance si je ne parviens même pas à recevoir et à me réjouir de ce que j’ai déjà ? Exactement comme ma fille, si je reçois quelque chose d’autre, il se peut très bien que je n’en sois pas satisfaite et que je m’embrouille encore plus.

Immédiatement, je compris que si je veux recevoir de gros cadeaux, il me faut me réjouir et remercier vraiment pour tous les petits cadeaux dont je jouis.

Une grande abondance ne peut descendre que si un réceptacle est prêt à l’accueillir. Si le réceptacle est trop petit, il n’y aura pas assez de place et l’abondance débordera et sera gaspillée. J’ai besoin d’apprendre à élargir mon réceptacle, en douceur, avec patience et avec joie, pour qu’un de ces jours, quand je serai prête, Hachem m’envoie encore plus d’abondance, expression de Sa bonté et de Son amour infini.

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz.

 

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