Nous ne possédons rien !

“Rabbi ! Toute ma vie j’ai été habitué à une vie aisée et cette pauvreté me rend fou ! N’as-tu pas quelques biens à me donner pour m’épargner l’humiliation de la misère ?”.

4 Temps de lecture

le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Un dépositaire fidèle
 
Un homme qui a la foi, croit qu’HaChem lui donne tout ce qu’il possède et comprend que l’argent qu’il reçoit d’HaChem ne lui appartient pas, mais est déposé chez lui afin qu’il l’utilise correctement selon la Tora. Bien entendu, comme tout dépositaire fidèle, un tel homme réfléchit convenablement comment utiliser cet argent selon la volonté de son Maître. Lorsque le Créateur constate qu’il est un dépositaire fidèle et qu’il utilise l’argent correctement, Il le désigne comme une courroie de transmission d’abondance et de miséricorde pour Ses créatures, et dépose chez lui de l’argent pour qu’il le distribue avec justesse : une partie pour la subsistance de sa famille et l’autre, pour les besoins du monde et des créatures.
 
Cependant, un homme dont la foi est absente ou déficiente, pense que l’argent est son propre bien et que le Créateur le lui a donné pour qu’il l’utilise comme il l’entend et il amasse l’argent du Tout-Puissant sans le distribuer autour de lui. Alors HaChem béni soit-Il voit qu’il est impossible de lui faire confiance et parfois décide de reprendre cet argent pour le déposer ailleurs.
 
C’est ce que nous apprend cette histoire, qu’on raconte sur le rabbi d’Opatow, que sa sainte mémoire soit bénie. Il reçut un jour, la visite d’un pauvre homme qui devait marier sa fille et avait besoin d’une grande somme d’argent. Le rabbi l’envoya chez un homme fortuné après lui avoir remis une lettre où il le priait de remettre au pauvre l’entière somme dont il avait besoin pour marier sa fille.
 
L’homme pauvre se présenta devant l’homme fortuné qui ouvrit la lettre, la lut et entra dans une grande colère.
 
Puis il se tourna vers le pauvre et lui dit: “Qui est ton rav pour s’imaginer que mon rôle est de soustraire une somme si importante de mon argent ? Suis-je contraint de lui obéir? S’il me demandait de donner une somme plus raisonnable avec courtoisie et politesse, ce serait acceptable, mais il m’ordonne tout bonnement de te donner cette somme, comme s’il en était le propriétaire ! Vas lui dire que je n’ai pas à lui obéir”.
 
L’homme pauvre sortit éhonté de la maison de cet homme, revint vers le rabbi d’Opatow et lui conta son échec. Le rabbi soupira, puis il le somma d’aller chez l’un de ses disciples, pour lui dire que le rabbi lui ordonnait de donner une somme beaucoup plus limitée que celle qu’il avait commandée à l’homme fortuné.
 
L’homme pauvre se rendit chez le disciple et vit qu’il habitait une maison délabrée, et il devint évident qu’il ne pourrait même pas lui donner une aussi petite somme. Néanmoins, il se conforta dans le commandement de son maître, pénétra dans la maison et transmit les paroles du rabbi à son disciple.
 
Dès que le disciple entendit l’ordre du rabbi de donner cette somme au pauvre, il se leva avec empressement et s’écria : “Vraiment ! Le rabbi l’a ordonné ! Je vais voir ce que je peux faire ! Assieds-toi ici et repose-toi ; je vais courir pour récolter l’argent que tu as besoin”.
 
Sur ce, le disciple courut vers sa femme pour l’informer de l’ordre du rabbi. Ils discutèrent ensemble pendant quelques minutes et décidèrent qu’elle chercherait dans la maison pour trouver quelque chose à vendre et que pendant ce temps, il se dépêcherait de quêter auprès des habitants et des commerçants de la ville et qu’il persuaderait ses connaissances de participer à ce grand commandement du mariage (hakhnassat kala).
 
Deux heures plus tard, le disciple revint, avec dans ses mains une belle somme qu’il joignit à l’argent que sa femme avait réussi à obtenir en échange d’objets en argent qu’ils avaient chez eux depuis leur mariage. L’argent ainsi récolté correspondait exactement à la somme que le rabbi avait ordonné de donner à l’homme pauvre.
 
Le disciple et sa femme se réjouirent beaucoup du commandement qu’ils avaient eu l’occasion de réaliser en satisfaisant aussi la volonté du Juste. Le pauvre aussi fut très heureux et touché de leur bon cœur et de leur générosité. Il partit récolter l’argent qui lui manquait encore et peu de temps après, il put dignement marier sa fille.
 
La chance du disciple grandit, il réussit dans toutes ses entreprises et devint très riche. Quant à l’homme fortuné qui se rebella contre le rabbi, il connut un revers de fortune, pour finalement perdre ses propriétés et peu de temps après devint si pauvre, qu’il fut réduit à la mendicité.
 
Sa femme lui dit : “Tout ceci t’arrive comme punition d’avoir désobéi au rabbi d’Opatow et pour avoir été insolent à son égard. Vas le trouver et demande-lui pardon, peut-être que cela calmera sa colère envers toi et ta situation sera rétablie”.
 
Il écouta la voix de sa femme et entra tout penaud chez le rabbi d’Opatow. Le rabbi d’Opatow le reçut avec bienveillance et lui demanda la raison de sa visite.
 
L’homme riche déchu lui dit : “Mon maître, pardonne-moi de t’avoir offensé”.
 
Le rabbi lui répondit : “De quelle offense parles-tu ?”
 
Il répondit : “J’ai méprisé l’ordre du rabbi et refusé de donner au pauvre la somme dont il avait besoin et à cause de cela, j’ai été puni par la pauvreté”.
 
Le rabbi lui dit : “Ce n’est pas une punition, mais tu as simplement failli dans ta fonction”.
 
Il demanda avec étonnement : “J’ai failli dans ma fonction ? Mais quelle fonction ?”
 
Le rabbi rétorqua : “Je vais te raconter quelque chose”.
 
“Avant que mon âme ne descende dans ce monde, on voulut me donner la richesse et les honneurs, mais j’ai refusé parce que la gérance de l’argent et des biens aurait empiété sur le temps de mon étude.
 
Dans les Cieux on me dit que je n’avais pas le choix et que j’étais contraint de descendre dans ce monde avec une grande somme d’argent. J’ai protesté que d’aucune façon je n’étais prêt à vivre une vie de riche, et que mon seul désir était d’étudier la Tora en me satisfaisant de peu.
 
Le tribunal céleste a délibéré sur mon problème et proposa que je choisisse auprès de quelle âme je voulais que ma richesse soit déposée et je t’ai choisi. Toute la richesse dont tu disposais m’appartenait. Mais lorsque pour la première fois j’eus besoin d’une somme importante pour la donner à ce pauvre et que je te l’ai envoyé, tu as refusé de lui remettre l’argent qui était déposé chez toi.
 
Lorsque j’ai constaté que tu n’étais pas un dépositaire fidèle de mon argent, j’ai choisi de le déposer chez mon disciple, car j’ai vu à quel point il était heureux d’accomplir ma volonté et qu’il était prêt à se donner beaucoup de peine pour réaliser le précepte de la charité. Je lui ai donc transmis ma richesse”.
 
L’homme regretta sa faute et demanda au rabbi : “Rabbi ! Toute ma vie j’ai été habitué à une vie aisée et cette pauvreté me rend fou ! N’as-tu pas quelques biens à me donner pour m’épargner l’humiliation de la misère”.
 
Le rabbi lui sourit et fit appeler le disciple qui était devenu riche et lui ordonna de prélever une part de son budget pour accorder à cet homme une rente mensuelle afin qu’il vive à l’aise pour le reste de ses jours. L’homme s’en alla satisfait et le cœur joyeux.
 
À suivre…

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire