Qui a dit que vous devez réussir ?

De quelle façon définissez-vous le succès ? En obtenant le baccalauréat ? En étudiant à l'université ? Peut-être en possédant une carte Visa Infinite ?

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le rabbin Erez Moché Doron

Posté sur 06.04.21

De quelle façon définissez-vous le succès ? En obtenant le baccalauréat ? En étudiant à l’université ? Peut-être en possédant une carte Visa Infinite ? En ayant voyagé à New-York ? Quoi, seulement l’Amérique, comme n’importe qui ? Vous n’avez pas vu le monde ?
 
  
Rabbi Na’hman de Breslev a raconté une histoire :
 
“Un jour, un homme  engagea des employés afin de remplir des tonneaux, mais les tonneaux avaient tellement de trous que peu importe ce que l’on y versait dedans, il y avait des fuites. Les employés stupides se dirent : "Puisqu’il y a tellement de fuites, quel est le but de travailler dur pour remplir ces tonneaux ?" Du coup, ils abandonnèrent leur poste. Cependant, parmi eux se trouvait un employé instruit ; il pensa : "Qu’est-ce que cela peut bien me faire qu’il y ait des fuites ? Dans tous les cas, je serai payé pour ma journée de travail. Mon salaire ne sera pas diminué si les tonneaux restent vides."  
 
Dans notre monde où tout est fait à la hâte, les gens préfèrent travailler avec un contrat plutôt que d’être payé à l’heure : "Laissez-moi terminer mon travail et je rentre chez moi." Combien d’entre nous avons travaillé pour un salaire payé à l’heure et nous nous sommes trouvés à lancer un coup d’œil rapide vers l’horloge toutes les dix minutes, attendant avec impatience l’heure à laquelle nous pourrions insérer notre fiche dans la pointeuse et rentrer à la maison !
 
Nous aimons être créatifs. Nous avons tendance à considérer les employés payés à l’heure – qui vivent leurs yeux collés à l’horloge – comme des personnes insignifiantes, des taupes qui ne voient pas plus loin que leur ornière.
 
Que feriez-vous si l’on vous offrait cent dollars pour remplir des tonneaux dans l’étrange usine de Rabbi Na’hman ? Rempliriez-vous les tonneaux toute la journée sans raison ? Peut-être signaleriez-vous le défaut de fonctionnement et la perte de valeur de la compagnie au directeur ? Vous moqueriez-vous de ces employés qui ne se sentent pas concernés et qui continuent néanmoins leurs futiles efforts ? Est-ce que vous ridiculiseriez la pauvre gestion de cette compagnie de tonneaux ?
 
En quelques mots, Rabbi Na’hman renverse entièrement notre vision de ces idées. Celui que nous considérons insignifiant et "simple d’esprit" devient le "l’homme sage". Celui que nous nommons raisonnable – qui refuse de travailler sans voir le résultat de ses efforts – est appelé “stupide”. 
 
Le succès
 
Lors d’un récent voyage en avion, j’étais assis à côté de deux directeurs de très grandes compagnies qui étaient obsédés par le besoin d’impressionner l’autre, à savoir : lequel des deux possédait la plus grande maison, le salaire le plus élevé, les plus grandes “credit options”.
 
De quelle façon définissez-vous le succès ? En obtenant le baccalauréat ? En étudiant à l’université ? Peut-être en possédant une carte Visa Infinite ? En ayant voyagé à New-York ? Quoi, seulement l’Amérique, comme n’importe qui ? Vous n’avez pas vu le monde ?
 
Pour être considérés comme “gagnants”, nous devons tout connaître : communications, culture, droit, sécurité, économie… Nous devons prouver jusqu’où nous sommes montés sur l’échelle de notre position sociale et notre renommée. En public, nous sommes tellement remplis de note ego que nous débordons! Mais quand nous nous retrouvons seuls – vraiment seuls – quand il n’y a plus personne à impressionner, ne nous sentons-nous pas vides ?
 
Il y a une vieille histoire à propos d’un homme qui voulait devenir sage. Il passa des années à voyager pour rencontrer un sage très célèbre, connu de tous comme étant un grand sage. Avant qu’il ne lui dise son souhait, son hôte lui versa une tasse de thé. Il versa et versa. Le thé déborda de la tasse et se répandit sur la table ; un filet de liquide commença à tomber goutte à goutte sur le sol.
 
"Que faites-vous ?” cria l’homme, "ne voyez-vous pas que la tasse est pleine et que vous ne pouvez pas la remplir d’avantage ?"
 
"Oui, mon fils," souffla le sage, "vous avez parfaitement décrit votre situation. Vous êtes tellement plein de vous-mêmes qu’il n’y a pas de place pour une nouvelle sagesse ou connaissance. Si vous souhaiter devenir sage, vous devez d’abord vider la tasse."
 
Rabbi Na’hman nous a raconté l’histoire d’une usine. Mais ce n’est pas une usine de tonneaux; c’est une usine de personnes. Bien que les tonneaux restent vides, les employés sont remplis ! Le directeur de production ne devrait pas être surpris s’ils se plaignent de la mauvaise organisation.  
 
Les tonneaux sont conçus pour avoir des trous! Ce n’est pas la situation qui a besoin d’être changée ; c’est nous qui avons besoin de changer.
 
Nous voulons réussir dans tout ce que nous entreprenons, cela semble tellement naturel. Lorsque nous échouons, nous avons tendance à baisser les bras ; cela aussi est naturel. Mais si nous refusons d’abandonner, nous changerons. Nous développerons alors une force de caractère, une abnégation et un grand esprit.
 
"Apprenez à être vides," conseille Rabbi Na’hman. "Ne prétendez pas d’être pleins. Lorsque vous serez vraiment vides, quand le tonneau sera entièrement vide, vous le remplirez vous-même."
 
Dans l’autre monde – dans le monde plus secret que décrit Rabbi Na’hman –  nous recevons notre récompense pour l’effort, pour la bonne volonté et non pas pour les résultats. Notre monde intérieur n’est pas classé selon le nombre de tonneaux que nous avons rempli, mais selon l’abnégation et la fidélité que nous démontrons en essayant de les remplir.
 
Imaginez que nous éduquions nos enfants de cette manière. Nous les complimenterions pour les efforts qu’ils ont investis afin d’atteindre leur but, tandis que nous ne leurs montrerions aucun intérêt aux résultats (à leurs notes par exemple). Nous ne leur demanderions pas d’être plus brillants, de réussir ou d’être plus talentueux. Nous admirerions la seule chose qui a une réellement de l’importance: leur désir sincère d’être des meilleures personnes. Ils seraient tellement heureux ! Ils auraient alors confiance en eux et croiraient en eux-mêmes! Ils seraient créatifs et libres de choisir leur chemin, à leur allure, selon leur propre capacité.
 
Imaginez aussi que nous nous éduquions de cette manière. Nous ne nous inquièterions pas – jour après jour – de ne pas être aussi intelligents que X, aussi beau que Y, aussi riche que Z. En fin de compte, quel est le véritable problème si nous n’avons pas fait le tour du monde, si nous atteindrons jamais l’échelon de “responsable” ou de “directeur” d’un quelconque département, d’une quelconque entreprise ? Et si nous n’obtenions jamais un titre – un diplôme – spécifique ? Même si notre compte en banque est au plus bas, nous pouvons encore être heureux, parce dans notre vie de tous les jours, nous faisons de notre mieux. Nous n’entrons en compétition avec personne, contre personne. Nous sommes heureux de ce que nous possédons, de qui nous sommes et c’est cela qui nous rend joyeux.
 
"Lorsque vous serez vraiment vides, lorsque les tonneaux seront complètement vides, alors vous vous remplirez vous-même." 
 
Extrait du livre “Le jour rit de la nuit” par Rav Erez Moché Doron.
(Reproduit avec l’aimable autorisation de: levhadvarim.com)

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