Qui est pauvre ?

Si nous nous mettons dans la peau d'un apprenti dont le but est d'apprendre à vivre, nous devons admettre que notre connaissance est minime et que nous avons besoin d'un maître.

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

 

 
Nos dirigeants politiques, ainsi que les groupes sociaux, cherchent depuis longtemps à définir la pauvreté. Les intérêts des uns n'étant ceux des autres, les définitions obtenues sont généralement différentes. Sans entrer dans les détails, il est possible de dire que les politiques définissent la pauvreté comme étant un concept absolu, tandis que les groupes sociaux la définissent comme un concept relatif. Pour les premiers, une personne qui dispose de quoi manger, se vêtir et un logement n'est pas considérée comme pauvre. Pour les seconds, la personne qui ne possède pas ce que l'immense majorité de ses compatriotes possèdent, est considérée comme pauvre. Selon cette définition, une personne qui ne peut pas s'offrir – par exemple – des vacances ou un abonnement au câble est bel et bien pauvre.
 
Laissons de côté ces définitions dont les intérêts sous-jacents de protagonistes chacun expliquent en grande partie les formulations proposées. Essayons de nous pencher sur la définition de la pauvreté selon une perspective spirituelle. Dans la mesure où il n'est demandé à personne de vivre comme un ange, il est certain que nous avons tous-tes besoin de biens matériels. Notre nature étant ce qu'elle est, nous courrons le risque de ne jamais être satisfaits-es avec notre lot et de penser réellement qu'il nous manque toujours quelque chose. Il est bien connu qu'un des symptômes du piètre état de nos sociétés est l'apparition d'une nouvelle maladie : la surconsommation.
 
En entrant dans le monde spirituel, nous quittons une définition pécuniaire de la pauvreté – point commun des deux définitions citées ci-dessus – afin de favoriser une définition purement intellectuelle. En d'autres termes, peu importe ce qu'une personne possède, elle sera pauvre – ou riche – selon le rapport qu'elle entretient avec ses biens matériels, peu importe ce qu'ils sont.
 
Le milliardaire pauvre
 
Imaginons que Michel est chef d'entreprise. Son activité est florissante et ses revenus sont en rapport avec l'énergie qu'il met à couronner de succès ses activités commerciales. Michel possède tout : une maison qui ressemble à un palais, plusieurs voitures de luxe, une maison secondaire digne d'un chef d'État… Considéré sous son aspect extérieur, le bonheur a sourit à Michel et comme le dit le proverbe : “il a tout pour être heureux.”
 
Pourtant, Michel est tendu, anxieux et il n'affiche pas le visage des personnes prétendument joyeuses. De fait, Michel a plusieurs raisons d'être inquiet et insatisfait. Pour commencer, il se fait du souci devant la concurrence accrue dans son domaine d'activité ; de plus, la chute des marchés financiers internationaux a réduit énormément ses économies. Sa vie de famille n'est guère plus reluisante : sa femme dépense tout son argent et n'est jamais satisfaite de ce qu'il lui offre, ses enfants sont trop gâtés… En fin de compte, le bonheur semble filer entre les doigts de Michel, sans qu'il en connaisse la raison.
 
Cette description nous concerne tous-tes car nous commettons souvent l'erreur de croire que nous serions plus heureux-ses avec un compte en banque un peu plus garni. Cependant, courir après ce genre de plaisirs est dangereux car chaque jour amène sa nouveauté à combler : un nouveau vêtement, le dernier gadget électronique à la mode, une nouvelle voiture…
 
Le démuni comblé
 
À quelques pas de l'appartement de Michel, vit Robert. Celui-ci éprouve de nombreuses difficultés à équilibrer son budget car ses maigres revenus lui permettent à peine de se nourrir. Pour autant, la paix et la joie règnent chez lui. Chaque chose qui vient en sa possession est appréciée pour ce qu'elle est et Robert ne pense jamais à ce qu'il pourrait avoir ; plutôt, il remercie la Providence pour lui avoir donné tout ce qu'il a, même si cela paraît peu.
 
La satisfaction que nous retirons des biens matériels n'est pas liée à ces derniers, mais à notre façon de les percevoir. Ainsi, le repas simple que prend tous les jours Robert le rempli de joie, tandis que Michel critique toujours les restaurant à la mode où il mange régulièrement. Le deux pièces de Robert lui suffit amplement, tandis que Michel peste de ne pouvoir se payer une nouvelle résidence sur la Côte d'azur…
 
Le secret de Robert consiste à ne pas comparer ce qu'il possède avec ce que les autres ont. Dans tous les cas, il s'est donné comme règle d'être satisfait de son lot, peu importe s'il a plus ou moins que ses voisins et amis. Cette règle absolue l'a sauvé maintes fois de la tristesse et du sentiment d'insatisfaction. Robert répète souvent cette phrase : “Lui, c'est lui et moi c'est moi.” Même si elle semble simple, cette phrase est la véritable bouée de survie de Robert.
 
Trouver la satisfaction dans notre lot
 
La personne qui prend conscience que ce qu'elle possède lui a été accordé par Hachem (D-ieu) tire une satisfaction importante de ses biens. Le sentiment d'être pauvre provient d'un manque de savoir de notre part. Ce savoir n'est pas celui qu'on acquiert dans les universités, ni dans les grandes écoles. Le savoir qu'on acquiert dans ces institutions nous éloigne du Créateur et nous fait croire que nous sommes nos propres faiseurs de bonheur… ou de malheur selon le cas.
 
Le savoir auquel nous faisons référence est celui qui vient de l'étude de la Tora. Grâce à celui-ci, nous nous élevons de notre état purement physique pour apporter plus d'attention à notre aspect spirituel. De fait, les personnes qui sont proches de la sainteté ne sont pas forcément très différentes de nous. Elles ont fait le choix de se diriger vers D-ieu et le Maître du monde les a aidé en leur ouvrant les portes sur leur chemin.
 
Cela ressemble à un apprenti : chaque jour il apprend quelque chose, sans avoir la moindre idée de ce qui l'attend le lendemain. Notre situation est la même : si nous nous mettons dans la peau d'un apprenti – dont le but est d'apprendre à vivre – nous devons admettre que notre connaissance est minime et que nous avons besoin d'un maître. Ce départ représente une étape importante dans notre relation avec D-ieu car elle signifie que nous sommes prêts-tes à nous effacer devant la Volonté divine. Ceci est un élément essentiel de la véritable émouna (foi)
 
Si nous mettons notre confiance en Hachem, nous savons que tout dépend de Lui et qu'au-delà nos efforts pour obtenir un gagne-pain, Il décide ce qui nous revient. Ainsi, ce que nous possédons a été décidé et désirer par D-ieu. Qui sommes-nous pour estimer que cela est insuffisant ? Rien ne nous empêche de vouloir plus ; il nous suffit de prier afin d'exprimer notre souhait. De fait, le Créateur aime tellement nos prières qu'il se pourrait qu'Il attende de nous voir prier pour nous accorder ce qu'Il avait envisagé de nous donner. Cependant, si nos demandes ne sont pas (encore) satisfaites, il ne faut en aucun cas que cela nous trouble. Continuons notre bout de chemin et tirons une grande satisfaction de ce qui est à notre disposition.
 

C'est de la sorte que nous rendons le plus bel hommage à Hachem : en le remerciant du fond du cœur pour ce qu'Il nous a donné et pour la joie que cela nous procure. Une telle attitude nous fera sortir de la pauvreté économique éventuelle dans laquelle nous pourrions nous trouver pour nous faire entrer dans un nouveau domaine : celui de la richesse spirituelle, seule richesse véritable et éternelle.

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