Ressentir la présence divine

L’étude et la prière se complètent et s’éclairent mutuellement. De ce croisement de lumières jaillit une toute nouvelle dimension : la conscience. Car si l’étude nous conduit à l’action, la prière nous fait connaître l’intention. Si je me limitais à l’action sans en rechercher l’intention précise (celle qui s’adresse à moi personnellement), je risquerais de stagner ou bien pire, de dévier.

 

Par les prières que j’adresse à D-ieu pour qu’il m’aide à connaître Sa volonté, j’apporte à mon étude le complément indispensable à son plein épanouissement. Loin d’être une diversion par rapport à l’étude, la prière est bien le seul moyen de faire vivre l’étude en l’acheminant vers son but ultime. Les Justes dont le souci était de parvenir à ce but, ont pratiqué et enseigné la méthode idéale: “prier – étudier – prier”.

 

Cette formule est universelle dans le sens où l’exigence est la même pour chacun, quel que soit son degré (très élevé ou très bas). En effet, quel que soit le cas, ce qu’il nous faut savoir et faire, c’est ce que D-ieu veut de nous dans chaque cas précis.

 

Prendre un recul par rapport à la vie active ne signifie pas fuir. C’est – au contraire – le meilleur moyen de stabiliser son mental et d’échapper à l’étourdissement que produit un mouvement ininterrompu.

 

Grâce à ce recul et à la stabilité qu’il permet d’acquérir, on se libère d’un certain automatisme : nos actions seront plus mûries, mieux choisies, moins routinières.

 

Loin d’être l’ennemie du voyage, l’étape permet de se régénérer pour mieux repartir.

 

S’isoler une fois par jour au moins, c’est faire une étape salutaire dans notre marche vers la perfection.

 

D-ieu est près de nous. Il nous aime. Il nous attend. Il suffit de Lui parler pour commencer à ressentir Sa présence. Dès lors, le monologue se transforme en dialogue. Car il existe des milliers de moyens par lesquels D-ieu se manifeste à ceux qui lui parlent. Des milliers d’envoyés qui porteront les réponses aux questions que nous lui avons posées pendant notre prière.

 

Au bout de quelques temps d’effort, nous constaterons à quel point la voix de la Tora, la voix de D-ieu Lui-même, s’adresse de façon ininterrompue à toutes les créatures et que la solitude n’est qu’une conséquence de notre propre refus à sentir Sa présence. Si nous le voulons – quelle que soit notre valeur, si minimes nos mérites – nous entendrons les appels que D-ieu nous fait à travers tous les degrés de notre existence. Nos pensées, nos paroles, nos actes raisonneront différemment ; nous serons capables d’y capter des allusions et des messages.

 

 

Tout à un sens bien précis et le hasard n’existe pas. La notion de hasard est une invention faite par ceux qui refusent de prolonger la recherche. Il est certes, plus facile de nommer "X" un phénomène plutôt que de l’approfondir. Les croyants savent que tout intervient en son temps et en son lieu à dessein, guidé avec l’infinie précision de la providence.

 

Ainsi donc, tout ce qui nous entoure, à ce moment bien précis, nous enseigne quelque chose, doit nous aider et nous éclairer dans la recherche du moment. La première chose est de le savoir. Nous venons d’en parler. Ensuite, il faut le constater et pouvoir personnellement l’appliquer. C’est-à-dire : être à même d’interpréter le message du ciel pour en tirer profit.

 

Seule la prière, ce dialogue avec la providence, peut ouvrir les yeux et les oreilles de notre âme ! Seule cette mise en condition nous permettra d’être sensibles à cette voix !

 

Quant à l’usage que nous ferons du message et quant à sa juste interprétation, cela dépendra de l’intelligence véritable que D-ieu voudra bien nous accorder. Cette intelligence si précieuse ne dépend ni de nos connaissances, ni de nos capacités mentales, mais bien de la Clémence divine, à laquelle nous ne pouvons recourir que par la prière.

 

C’est ainsi que les hommes de la Grande assemblée ont introduit les requêtes par ces mots : "Toi tu fais don à l’homme de l’intelligence et enseigne à l’humain la réflexion…" (‘Amida)  

 

L’avantage incontestable de la méditation dite “hitbodédouth”, c’est de permettre à l’homme de ressentir la Présence divine dans sa vie et ceci, quelle que soit sa condition. Or cette sensation, c’est cela que nous nommons conscience et que nous sollicitons de D-ieu.

 

Le second avantage sera, une fois conscient de cette Présence, d’avoir recours à Sa clémence pour comprendre les messages et les mettre à profit.

 

Lamnatséa’h – le mot qui introduit de nombreux psaumes de David, peut signifier "au chef des chantres" ; cependant, au sens littéral, cela se traduirait plutôt par "pour le vainqueur".

 

Qui est donc ce vainqueur ? Celui, qui, par la prière, arrive à convaincre D-ieu de l’aider. D-ieu ne demande qu’à être convaincu et va jusqu’à nous inspirer des arguments que nous n’aurions pas envisagés, tout ceci pour Le convaincre de nous venir en aide.

 

Perdu dans un labyrinthe obscur, le pêcheur tâtonne à la recherche d’une issue. Il peut errer ainsi pendant des années et finalement se résigner, pensant qu’il n’y a pas de sortie.

 

S’il réfléchissait, il comprendrait que la porte par laquelle il est entré peut lui servir pour sortir ! Il faut la retrouver.

 

Pour trouver la porte dans l’obscurité, il suffit d’un éclair de lumière. Un mot sincère, vrai, jaillissant de notre bouche pendant la prière, peut éclairer toute la situation et transformer notre existence.

 

A tel point, que notre Maître souhaita à tout homme de prononcer au moins un seul mot vrai dans sa vie : grâce à une telle parole, tout le reste se trouverait éclairé !

 

A suivre…

  

Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Yits’haq Besançon. Reproduit avec l’aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.