Se soumettre à HaChem

Après l’échec, l’essentiel de l’épreuve consiste à ne pas tomber dans la mélancolie et le désespoir, qui sont les expressions ultimes de l’orgueil.

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

L’humilité
 
Rabbi Na’hman de Breslev a écrit (Likouté Maaran Tanina, 22) : “Le monde se trompe beaucoup au sujet de la soumission (l’humilité). Car si nous nous efforçons, par notre culte et nos prières, de sortir de notre étroitesse d’esprit (Mo’hin deKatnout) (= la mélancolie) vers une largeur d’esprit (Mo’hin deGadlout) (= la joie), il semble impossible que notre soumission soit authentique, à moins de tomber dans l’étroitesse d’esprit (la mélancolie)…”
 
L’humilité authentique ne consiste pas à penser : “Je ne vaux rien” – mais de reconnaître nos qualités, en sachant que tout provient de la force du Créateur ; en reconnaissant nos insuffisances, notre bassesse et notre nullité et en sachant que nous ne pouvons combler nos manques sans le Créateur, et réaliser ainsi notre mission dans ce monde, car c’est ainsi que nous sommes heureux de notre sort.
 
Lorsque l’homme réussit, il doit évidemment se réjouir qu’HaChem béni soit-Il l’a aidé, mais inversement il est très important que chacun considère ses réussites et ses qualités, en sachant qu’HaChem lui prodigue la réussite, qu’il doit toujours demander Son aide et être constamment suppliant et soumis devant HaChem béni soit-Il. Lorsqu’il faute et voit ses insuffisances, il ne doit pas perdre la tête, mais savoir qu’HaChem lui montre sa condition difficile afin de l’éveiller, afin de comprendre qu’il a besoin d’HaChem, qu’il doit rompre avec le principe ‘C’est ma puissance et ma force’ et se renforcer dans la prière. C’est alors qu’HaChem l’aidera facilement.
 
En règle générale, l’orgueil signifie que l’homme se sépare d’HaChem béni soit-Il et qu’il ne considère que son ‘ego’. Il s’enorgueillit dans sa réussite, parce ‘qu’il a réussi’, et il est brisé dans son échec, parce ‘qu’il a échoué’. Mais l’humilité signifie que l’homme rapporte tout à HaChem : dans sa réussite, il remercie HaChem et dans son échec, il prie HaChem.
 
Il faut bien savoir que le Saint béni soit-Il ne se comporte pas en tyran avec Ses créatures ! Que ‘chaque jour le mauvais penchant grandit chez l’homme, et que l’homme ne pourrait le dominer sans l’aide du Saint béni soit-Il’. Le Créateur sait que l’homme n’est pas un ange et le seul reproche adressé à l’homme après chaque faute commise est : “Pourquoi ne M’as-tu pas demandé Mon aide ? Pourquoi as-tu pensé que tu pouvais vaincre seul ton mauvais penchant ?”.
 
Par conséquent, l’homme qui échoue, même en commettant la faute la plus grave qui soit, doit se souvenir avant tout que le repentir ne signifie pas la culpabilisation et la mélancolie, mais la confession, le regret et la demande de pardon ; ce qui ne peut se faire que dans la joie. Il doit dire avant tout : Rien n’existe hormis HaChem ! HaChem a voulu me montrer que je ne pouvais rien faire sans Lui, car Il m’aime et veut que je sois proche de Lui. J’ai vécu sans Lui et voyez où je suis tombé. Et maintenant que j’ai chuté, qu’elle est la volonté divine à mon égard ? Veut-Il que je me plonge dans la mélancolie et que je me culpabilise ? Comme si j’existais, comme si je possédais quoi que ce soit – c’est-à-dire refaire les mêmes erreurs qui furent à l’origine de mon échec et vivre sans HaChem.
 
Ou veut-Il que je me renforce à être joyeux et croie que rien n’existe hormis Lui, ce qui me conduira à la prière et au repentir ?
 
Qu’il dise ensuite : Maître du monde ! Je Te remercie de me montrer que je ne peux rien faire sans Toi. Dorénavant, puissè-je avoir le mérite de ne pas T’oublier, de Te demander toute chose dont j’ai besoin et que je n’entreprenne rien sans la prière.
 
C’est seulement ensuite, lorsque le cerveau est libéré et en état d’éveil, que l’homme peut aborder son examen de conscience et son repentir, sans culpabilité ni mélancolie, mais en demandant et en suppliant HaChem béni soit-Il, pour qu’Il lui vienne en aide dans le futur, afin d’accomplir Sa volonté ; pour qu’Il lui permette par Sa bonté, de se rattacher à la foi; pour qu’Il l’éclaire de la lumière de la foi afin de sortir de l’obscurité et pour qu’Il lui donne la pure crainte des Cieux et l’amour d’HaChem.
 
Afin d’illustrer de ce qui précède, voici une histoire rapportée par le Juste, rabbi Na’hman de Breslev, que son mérite nous protège :
 
Il était une fois un roi, qui avait un fils unique et qui voulut lui transmettre la royauté de son vivant. Il organisa un grand banquet et comme d’habitude, une grande joie y régna, d’autant plus qu’à présent il transmettait de son vivant, la royauté à son fils. Tous les ministres et les ducs du royaume y étaient présents et tous se réjouissaient beaucoup.
 
Le pays tout entier se réjouissait aussi que le roi transmette la royauté à son fils de son vivant, car c’était un grand honneur pour le roi. Il ne manquait aucune forme de réjouissance : musiciens, bouffons, etc.
 
Lorsque la joie fut à son comble, le roi dit à son fils : “J’ai lu dans les étoiles que tu perdras un jour la royauté. Aussi, prends garde de ne pas devenir triste pour autant et conserve toujours ta joie. Lorsque tu seras joyeux, je le serai aussi. Même lorsque tu seras triste, je serai joyeux que tu perdes ton trône, car la royauté ne te convient pas si tu es incapable de conserver la joie lorsque tu perdras le royaume. Mais si tu restes joyeux, je le serai encore davantage”.
 
Cette anecdote explique la profondeur du concept de la conservation de la joie, même après un grand échec, ou pendant une épreuve difficile. Elle explique aussi la qualité de la bassesse et de l’humilité. Le Roi, le Saint béni soit-Il, sait que l’homme connaît des chutes, des échecs, etc. Il lui ordonne : Reste joyeux ! Prends-garde de ne pas tomber dans la mélancolie ! Comme Ma volonté fut de te donner la royauté et la réussite, Ma volonté est aussi que tu demeures joyeux dans ta chute. Comme je t’ai ordonné de ne pas fauter, Je t’ordonne aussi que lorsque tu fautes, tu ne succombes pas à la tristesse !
 
L’homme doit savoir : le Saint béni soit-Il est content de toi ! Il est content lorsque tu es le ‘roi’ – lorsque tu réussis. Et Il est encore content de toi après que tu aies perdu la royauté – c’est-à-dire après ton échec, mais seulement si la joie ne te quitte pas.
 
Pourquoi le Saint béni soit-Il aime-t-Il celui qui demeure joyeux même après son échec ? Car il montre qu’il a les pieds sur terre et qu’il connaît sa place ! Il ne pense pas être un Juste ou une créature spéciale. Il comprend qu’il n’est rien d’autre qu’un être humain limité, destiné à fauter, comme il est écrit : “La faute est tapie à ta porte”. Il sait donc qu’il est naturellement enclin à l’erreur et à l’échec et il n’est pas du tout surpris lorsqu’il chute. Inversement, lorsqu’il réussit, il est frappé de la bonté d’HaChem béni soit-Il, de Sa grande miséricorde qui lui prodigue la spiritualité et la divinité et qui l’aide à dominer sa mauvaise nature.
 
HaChem béni soit-Il veut ‘léguer la royauté à son fils de Son vivant’ – Il veut que l’homme réussisse dans ses entreprises, avec la force de son Père céleste. Mais quel est le signe qui montre qu’il est digne de recevoir une telle royauté ? Seulement lorsqu’il est prêt à la perdre sans tomber dans la mélancolie pour autant ! Pourquoi ? Car c’est seulement lorsque l’homme reconnaît que la royauté dont il dispose – c’est-à-dire la réussite et tout le reste, lui ont été donnés par HaChem béni soit-Il dans Sa bonté, ne lui appartiennent absolument pas – qu’il est capable d’assumer cette royauté. L’expression la mieux choisie qui montre que l’homme se tient vraiment à ce niveau de vérité et d’humilité, est qu’il reste joyeux une fois que la royauté et la réussite lui sont reprises.
 
Car c’est la seule preuve qu’il a mérité de l’authentique joie, celle-ci ne dépendant de rien et lorsque l’homme l’atteint, ce n’est pas pour une raison particulière, mais sans raison.
 
Lorsque l’homme sait qu’il est le fils du roi, qu’il ne doit son règne actuel qu’au mérite de son père; qu’il n’est rien d’autre qu’un être de chair et de sang ; que le mauvais penchant réside en lui et lui tend des pièges à chaque instant pour le faire tomber dans ses filets et que sans l’aide du roi, il est incapable de le dominer, et lorsqu’il réussit à maîtriser son mauvais penchant, il est alors appelé ‘roi’. Cependant il doit reconnaître que c’est grâce à HaChem, par Sa bonté et Sa miséricorde pour lui, et il doit beaucoup L’en remercier. Lorsqu’il ne réussit pas et perd la royauté, il ne considère pas qu’il a chuté, mais seulement qu’il est revenu à sa vraie situation originelle et qu’il est un être humain possédant des mauvais penchants – l’égocentrisme et la cruauté – et qu’HaChem béni soit-Il ne l’a pas aidé cette fois-ci à dominer sa nature. Son épreuve consiste alors à ne pas s’enorgueillir, se culpabiliser ou se mortifier, car il tomberait alors dans toutes sortes de corruptions et montrerait ainsi qu’il croyait, à lui seul, pouvoir éviter la chute.
 
Si tu demandes pourquoi HaChem béni soit-Il ne l’a-t-Il pas aidé, et pourquoi l’a-t-Il laissé perdre la royauté ? C’est que cet homme a oublié qu’il a besoin de Son aide et que la force de régner ne provient que d’HaChem béni soit-Il. Les fantasmes de son ‘ego’ ont pénétré en lui et il pensait en son cœur : ‘Je suis bon et je suis juste, je domine et je suis roi’. Par conséquent, il ne fut pas aidé des Cieux, afin qu’il s’éveille des mirages et des illusions et revienne à la réalité qu’il n’est rien, car ‘si le Saint béni soit-Il ne lui vient pas en aide, il ne peut dominer son mauvais penchant’ – c’est-à-dire que si son Père céleste ne lui donne pas la royauté ‘de Son vivant’ – sans la force d’HaChem, il ne peut régner.
 
Après l’échec, l’essentiel de l’épreuve consiste à ne pas tomber dans la mélancolie et le désespoir, qui sont les expressions ultimes de l’orgueil. La qualité de la joie est l’épreuve par laquelle on est jugé, car celui qui y parvient est joyeux en toute occasion. Et on doit aussi savoir qu’HaChem veut qu’on reste joyeux après l’échec et qu’on vive avec humilité, c’est-à-dire qu’on sache que la réussite passée venait du Saint béni soit-Il. Le Saint béni soit-Il savait qu’on tomberait et qu’on échouerait ! Et c’est Lui-même qui ordonne d’être joyeux après la chute.
 
Comme on l’a déjà dit, lorsqu’on oublie que la réussite provient d’HaChem béni soit-Il, la chute est inévitable ! Par conséquent, dès que l’homme pense qu’il règne par son propre mérite, il se sépare ainsi du Saint béni soit-Il, qui est la Source de sa vie et de son énergie, et il chute de lui-même. Et c’est très bien ainsi ! Peut-être se souviendra-t-il maintenant que toute sa force de régner venait d’HaChem, béni soit-Il.
 
Lorsque l’homme se renforce et reste joyeux après sa chute, il répare ainsi la cause de sa chute : en effet, il a oublié que sa force provenait d’HaChem béni soit-Il et il a donc perdu son haut niveau. Mais lorsqu’il ne tombe pas dans la mélancolie et qu’il reste joyeux, HaChem voit qu’il sait que sa force ne lui appartient pas et Il le rétablit ensuite à son niveau.
 
Ceci est suggéré par la bénédiction Yotser dans la prière matinale : ‘Il rabaisse les orgueilleux jusqu’à terre et élève les humbles jusqu’au ciel’. L’explication est la suivante : les orgueilleux qu’Il rabaissa et qui sont maintenant humbles, sont élevés jusqu’au ciel. Et s’ils n’enorgueillissent encore, Il les rabaisse de nouveau. Lorsqu’Il les rabaisse, c’est seulement pour les élever, car HaChem élève les humbles.
 
Ce qui précède n’est vrai que lorsque l’orgueilleux est rabaissé, il accepte le décret avec joie, car c’est la preuve qu’il accepte la condition de sa bassesse. Mais s’il murmure et se plaint, il montre alors qu’il ne se soumet pas et n’accepte pas sa vraie condition, et
il est donc impossible de l’élever à nouveau.
 
Le roi David, que son âme repose en paix, n’a fauté qu’une seule fois et il s’en souvint tous les jours de sa vie ! Comme il est écrit dans les Psaumes (51 : 5) : “Ma faute est toujours devant moi” – car il comprit qu’en réalité il était susceptible de fauter et non seulement il ne l’oubliait pas, mais cette réalité était toujours devant lui. C’est ainsi, il parvint à la soumission et priait sans relâche pour que le Saint béni soit-Il le sauve du mauvais penchant. Il était donc toujours joyeux, n’arrêtait pas de chanter, de rendre hommage et de remercier HaChem ; même dans les situations les plus difficiles; même lorsque son fils Avchalom se rebella contre lui et le contraignit de descendre du trône royal pour le poursuivre et le tuer !
 
Apparemment, le roi David avait de bonnes raisons pour se culpabiliser, et se dire qu’il n’avait pas su éduquer son fils ; que peut-être HaChem béni soit-Il le détestait en le laissant tomber si bas, etc. Mais nous voyons pourquoi David était digne à régner et en vérité, le Saint béni soit-Il lui promit que la royauté s’attacherait toujours à sa descendance, jusqu’à l’arrivée du Machia’h, notre sauveur. Car il savait rester joyeux même après la perte de la royauté, montrant clairement qu’il savait que celle-ci provenait d’HaChem et qu’elle ne lui appartenait pas en propre, comme il est dit : ‘HaChem donne, HaChem reprend, que le nom d’HaChem soit béni’.
 
Il importait peu au roi David d’être berger ou roi d’Israël, l’essentiel étant de servir HaChem. HaChem veut que je Le serve en tant que berger ? C’est parfait. HaChem veut que je Le serve en tant roi d’Israël ? C’est très bien. Il ne considérait pas ‘qu’il’ était roi. En fin de compte, il restait David et lorsqu’HaChem le voulait, il était roi, et lorsqu’Il ne le voulait pas, il ne l’était plus. C’est très simple.
 
Ainsi, l’homme qui veut en vérité servir HaChem, ne s’importune ni de lui-même ni de sa réussite et ni de rien. Il adore HaChem dans n’importe quelle situation et de n’importe quelle façon. Lorsque les choses vont bien, il remercie HaChem et est zélé dans son culte. Lorsque les choses vont mal, il sert HaChem selon les circonstances du moment, et prie HaChem d’avoir le mérite de vivre malgré sa bassesse, et en restant joyeux.
 
Par conséquent, l’essentiel du repentir de l’homme consiste à réparer son oubli d’HaChem béni soit-Il, c’est-à-dire son manque de foi et de prière. Là où il constate un certain manque en lui-même, il doit se repentir de ne pas avoir prié pour cela : il pensait pouvoir s’arranger sans HaChem et il doit donc réparer ce péché d’orgueil.
 
Pratiquement parlant, la foi que rien n’existe hormis Lui est la clé du repentir et il est nécessaire de dire : Maître du monde, pardonne-moi d’avoir pensé qu’il existe autre chose que Toi dans le monde; d’avoir fait de moi-même un existant par mes pensées d’orgueil, de mélancolie et de colère, etc. Je me suis culpabilisé comme si tout dépendait de moi-même ; j’ai fait de mes désirs une réalité par l’appétit de manger, comme si Tu ne me nourrissais pas, et que la nourriture me nourrissait ; comme si ce n’était pas Toi qui était ma vie et mon plaisir, mais les désirs. J’ai transformé des personnes une réalité, je les ai jalousés, j’ai eu peur d’eux, je les ai flatté, comme s’ils décidaient de ma vie.
 
C’est seulement lorsqu’on aborde le repentir comme il est décrit ici – en constatant notre existence et nos insuffisances, en nous tournant vers HaChem pour qu’Il ait pitié de nous, pour qu’on mérite de multiplier les prières pour chaque manque et qu’Il nous permette d’être heureux de notre sort – que le repentir est authentique. Sinon, les confessions, les regrets et le ‘repentir’ demeurent dans le domaine de l’orgueil. En effet, l’homme pleure alors de ne pas être un ange, se culpabilise en se plaignant d’avoir un mauvais penchant, comme s’il n’était pas un être humain, et son repentir n’est rien d’autre que de l’orgueil qui s’afflige lui-même : pourquoi n’est-il pas notre maître Moshé, pourquoi n’est-il pas le Machia’h, pourquoi n’est-il pas le Saint béni soit-Il, pourquoi n’est-il pas roi, pourquoi n’est-il pas un existant ?
 
À suivre…

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