Simple et direct

Jeune et intrépide, il avait osé organiser des cours de Torah clandestins sous le régime stalinien. Il fut arrêté et envoyé en Sibérie...

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le rabbin Israël Yits'haq Besançon

Posté sur 06.04.21

La moisson de la folie
 
Le roi dit une fois son ami, le second :
 
– Puisque je lis les étoiles, je prédis que toute la moisson qui poussera cette année empoisonnera celui qui en mangera et il deviendra fou. Or, constituer des réserves pour tout le monde est maintenant impossible…Que nous conseilles-tu ?
 
– Réservons pour nous seuls des rations de blé, répond le second, ainsi nous n'aurons pas à consommer de la moisson empoisonnée !
 
– Mais alors, répondit le roi, si nous sommes les seuls à ne pas être fous et que le reste du monde est dément, alors, ce sera le contraire : nous serons considérés comme des aliénés. Or, sauver suffisamment de bon blé, pour tout le monde, c'est impossible… donc, nous serons contraints à manger la moisson empoisonnée. Mais avant cela, marquons un signe sur notre front, pour savoir au moins que nous sommes fous. Lorsque je regarderais ton front, et de même, lorsque tu verras mon front, nous nous souviendrons, grâce au signe, que nous sommes fous !
 
Les paroles de la Tora sont des diamants aux mille éclats. Combien de commentaires ont été dits sur cette parabole de Rabbi Na'hman !
 
Nous pouvons deviner, dans l'ensemble du récit, une allusion à l'évolution du monde. Quant au signe qui semble l'élément principal : certains disent que ce signe, c'est l'attachement au vrai Maître, au Juste, d'autres pensent qu'il s'agit de la méditation de Rabbi Na'hman, qui nous permettra – malgré les flots de la vie – de ne jamais oublier.
 
Simple prière
 
Au cours des derniers jours de sa vie, Rabbi Na'hman se rendit à Ouman pour y habiter. Il y rencontra son gendre et son petit-fils, Israël. Le Juste était frappé de la grave maladie qui l'emporta quelques semaines plus tard. Il demanda à son petit-fils qui était âgé de quatre ans :
 
Israël prie D-ieu pour que je retrouve la santé !
 
Le petit garçon répondit :
 
– Donne-moi ta montre et je prierai pour Toi !
 
– Voyez-vous, s'exclama Rabbi Na'hman, c'est déjà un Maître : il veut que je lui donne un objet pour prier pour moi !
 
Il donna la montre à l'enfant et ce dernier s'écria :
 
– D-ieu ! D-ieu ! Donne la santé à mon grand-père !
 
L'assistance se mit à rire, mais Rabbi Na'hman intervint :
 
– C'est comme ça qu'il faut demander à D-ieu, existe-t-il une autre façon de prier ?
 
La façon simple et directe de cet enfant devint un modèle pour les 'hassidim, car ils savaient que chaque parole de leur Maître contenait un enseignement très profond, une ligne de conduite pour les générations.
 
Pourquoi souffrir ?
 
La souffrance, les peines, les déconvenues, les maux, les chagrins sont autant “d'instruments” de haute précision mis au point par la Providence elle-même, dont la fonction est d'opérer sur notre conscience des extractions de virus, maux de l'âme de toutes sortes.
 
Si nous savons sagement subir l'opération en se remémorant qu'elle est vraiment pour notre bien – ainsi que l'est une opération chirurgicale, fût-elle douloureuse – alors nous ressortons guéris, soulagés, tout neufs.
 
Il existe toutefois un autre instrument encore plus précis et plus universel que les autres et qui peut nous soigner avec autant de succès – sans risque de révolte que la première méthode comporte – cet instrument, c'est le dialogue avec D-ieu, recherche méditative dans la prière et l'élan personnel.
 
Enfer de glaces
 
Néta Gorlik – en compagnie d'un groupe de juifs lituaniens – faisait le voyage de Babroisk à Ouman, pour y passer le Nouvel An, au grand kibboutz de Breslev. Alors que tous les participants étaient attablés, Néta raconta ce qui lui était arrivé. Jeune et intrépide, il avait osé organiser des cours de Tora clandestins sous le régime stalinien. Il fut arrêté et envoyé en Sibérie, où il passa trois années de sa vie.
 
Dans l'enfer des glaces, il fut affecté à la chaufferie du camp, ce qui lui permit d'échapper aux rudes sorties dans les banquises. Mais il fut – tout comme Yossef – confronté à une terrible épreuve : l'une des captives – jeune goya religieuse – le poursuivit de ses assiduités, jour après jour pendant une durée de trois ans.
 
Mais il surmonta l'épreuve et ne céda nullement. Enfin libéré, il confia le secret de sa victoire : "Je sortais chaque nuit, dans la plaine glacée et je m'adressais à D-ieu en hurlant : Sauve-moi ! Pour pouvoir encore résister à ce jour ! J'étais prêt à crier jusqu'à ce que mon cœur éclate, pourvu que je ne tombe pas dans le piège. Sachez que c'est grâce à ces hurlements que j'ai pu résister… "
 
Quand Néta quitta le camp, la nonne commentât : "S'il existe sur cette terre un garçon pur, c'est bien ce Néta ! "
 
(Raconté par le Rav Lévi Yits'haq Binder, qui connut personnellement le héros de l'histoire)
 
Privilège
 
"Lorsque prophètes et saints se trouveront dans les générations, l'influx divin s'épanchera sur eux et par leur intermédiaire, il sera possible que cet influx se répande sur les minimes de leurs congénères. Mais combien plus ceci s'accomplira en faveur des fidèles qui s'attacheront à ces saints et qui s'associeront à eux! Et pas seulement de leur vivant mais aussi après leur mort : c'est à l'endroit de leur tombe que se trouve l'influx divin, sous tel ou tel aspect, car dans ces ossements qui furent des récipients de Lumière divine, il reste encore gloire et valeur équivalente !
 
C'est pour cela que nos Sages statuèrent : "Il conviendra de s'étendre sur le tombeau des Justes et d'y prier, car la prière en ce lieu est la plus agréée – du fait qu'y résident des corps sur lesquels s'épanchait l'Influx divin."
 
(Nissim Gaon, "Drachoth Harane VIII") 
 
À suivre…
 
 
Extrait du livre “La porte du ciel – Hitbodédouth ” par Rabbi Israël Yits'haq Besançon. Reproduit avec l'aimable autorisation des Éditions du chant nouveau.

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