Un peu d’audace !

On a tout fait, on a prié, on a toqué aux portes du ciel, on a pleuré et on a supplié que quelque chose change. Alors pourquoi tout nous semble-t-il bloqué ?

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 05.04.21

Cela me surprend à chaque fois comme à la première fois. Comment est-ce possible, après qu’un homme voie de ses propres yeux des choses que personne ne croira, des choses qui lui montrent que D.ieu est vivant ; comment se peut-il que tout son entourage –pas forcement des gens très spirituels- ressentent qu’il a traversé des miracles, mais que lui ne parle que d’avoir vécu une expérience un peu spéciale ? Il lui manque quelque chose, quelqu’un l’a un peu embêté, et voilà que le robinet des plaintes et de la pleurnicherie s’ouvre, comme si rien ne s’était passé, comme si on n’avait pas déplacé des montagnes pour lui, comme si on n’avait pas tout arrangé dans sa vie de la meilleure façon qui soit. C’est vraiment incroyable. Quoi, cette malheureuse expérience t’a fait oublier tout ce qu’on a fait pour toi ? Ce que tu as vu de tes propres yeux et que tu as toi-même vécu ? Quelles sont les causes d’un tel comportement ?

La sainte Torah nous enseigne que le comportement du peuple d’Israël après la sortie d’Egypte –et il ne s’agit pas ici de mal juger le peuple d’Israël, mais de tirer un enseignement pour nous-mêmes- est en fait la façon dont nous nous comportons tous face aux épreuves. Un homme voit des miracles, goûte le vrai goût de la vie, s’élève dans sa spiritualité, s’enrichit au niveau matériel, se rapproche de choses qu’il n’avait, jusqu’alors, pas connues, des gens donnent leur vie pour lui… Mais au moment de l’épreuve, on a l’impression que ce n’est pas le même homme. Et le plus regrettable, c’est qu’il utilise sa « foi » déformée pour débattre et humilier, pour se plaindre et pleurnicher, pour se mettre en colère et donner des coups de pieds…

Mais justement, la foi ce n’est pas un slogan creux et vide de sens, ça ne se résume pas non plus à un autocollant qu’on colle à l’arrière de la voiture : Souris, tout est pour le bien, ou encore D.ieu merci je suis en vie, pas du tout. La foi, d’un point de vue vrai et profond, est une façon de vivre qui accompagne la personne à chaque instant, dans chaque pensée. L’univers intérieur de la personne croyante est complètement diffèrent de celui à la foi « somnolente ». Et cela s’exprime dans son comportement et dans sa façon de réagir à chaque petite chose.

Merci.

La foi et la reconnaissance – cela veut dire remercier de tout son cœur ! Elles ne font qu’un ! La foi, cela signifie que le Créateur me fait vivre et respirer, me nourrit et m’habille, m’enseigne et me donne tout, me délivre de difficultés et de problèmes infinis. Une personne qui vit vraiment cette foi simple, doit forcément se sentir redevable envers le Créateur à chaque seconde, elle ne peut pas se représenter toutes les faveurs que le Créateur lui fait en permanence, donc, lorsqu’elle est face à un problème, elle sait que le Créateur est si bon que la seule adresse ne peut être que Lui ! C’est-à-dire qu’elle a la foi que cette épreuve vient de Lui, qu’elle ne peut être que pour le bien –un bien immense- et donc, elle ne pleurniche pas, ne se heurte pas aux épreuves ; tout ce qu’elle fait, c’est dire merci avec joie, de tout son cœur. Au contraire, un homme dont la foi est « endormie » ou qui n’a pas la foi du tout, D.ieu préserve, se dit : « Je travaille, Je ramène la subsistance, Je suis prudent, Je sais me débrouiller tout seul, Je et Je et Je… »

Ce point concerne également les relations entre l’homme et son prochain. L’homme peut très joliment parler de la foi, mais s’il ne voit que son « moi » et a l’impression que tous lui sont redevables –alors il est mauvais, pour lui-même et pour les autres, sa famille et tout son entourage. Mais s’il se sent redevable envers les autres – du chauffeur de bus qui s’arrête parfois pour lui, même après la station ; en passant par les éboueurs, grâce à qui il jouit d’un environnement propre ; jusqu’au patron du magasin, à l’employé de banque et d’autres gens qui lui font beaucoup de faveurs, s’il s’adresse à eux avec respect, politesse, s’il pardonne, se montre patient, ne pousse ni n’insulte, et ne crie sur personne ; alors il s’agit-là de quelqu’un qu’on a tout intérêt à connaitre et de qui l’on a tout à apprendre.

Car c’est le point clé : ne pas être ingrat ! Parce que l’homme qui est ingrat envers son prochain l’est en fait doublement : envers son prochain et envers le Créateur, qui a choisi cette personne comme conduit pour envoyer du bien et de la miséricorde.

La gratitude fait que l’homme loue le Créateur et lui est reconnaissant pour chaque respiration. Il n’a pas besoin de chercher les bontés du Créateur au fin fond de sa mémoire, parce qu’à chaque instant, il les ressent, qui se renouvellent en lui. « Les matins se renouvellent, grande est Ta foi ». Le sentiment de gratitude qu’il ressent se renforce d’une seconde à l’autre et tout en lui est prière : « Comment pourrai-je rendre la pareille au Créateur ? Que pourrai-je faire pour Lui, en contrepartie de toutes Ses bontés envers moi ? » Le remerciement remplit sa vie. Ses pensées sont concentrées sur comment satisfaire son Créateur. Il ne se sent pas redevable envers lui-même et n’a pas ce sentiment terrible de « Je le mérite bien ». Tout en lui est remerciement, pour chaque respiration.

Et lorsque le remerciement devient partie intégrante de l’air qu’il respire, il est centré sur son but dans la vie. Celui qui voit les bontés que lui fait le Créateur à chaque instant ne peut pas penser à faire quelque chose de mal, à transgresser la volonté du Créateur. Donc, la foi et la reconnaissance ne font qu’un, et ce n’est que grâce à ces deux midotes que la personne peut mériter la réparation idéale dans ses relations avec son Créateur (ben adam lamakom) et avec son prochain (ben adam leh’avero).

La foi ne peut pas être une langue étrangère, c’est quelque chose d’intrinsèque, de profond, d’authentique. Dans le désert, les enfants d’Israël n’avaient pas oublié le Créateur, ils disaient en effet : « Puissions-nous mourir de la main du Seigneur », ce qui ressemble en apparence à une annulation complète face au ciel, mais dans l’absolu, c’est le summum de la rébellion, l’apogée du sentiment de « Moi, je » et « Je mérite », qui représente l’impureté d’Aman-Amalek venant se battre avec Israël et refroidir la foi du monde entier. Et est-ce que ça s’est arrêté là ? Même après avoir reçu la Torah et entendu « Je suis l’Eternel ton D.ieu », ils continuèrent à se plaindre, commirent la faute du veau d’or et celle des espions et attirèrent sur eux-mêmes, comme sur nous, la destruction du Temple et tous les problèmes qui nous accompagnent jusqu'au jour d’aujourd’hui.

La vérité, c’est frustrant.

L’audace, ça vous dit ?

Ce modèle de comportement pleurnicheur et plaintif, d’hier et d’aujourd’hui, est le même. Oui, même si des milliers d’années se sont écoulées depuis, pour chaque petite chose de la vie qui ne se passe pas comme on le voudrait, on casse tout, on se déchaine en pensées, en paroles et en actes. Pourquoi la queue à la banque est-elle si longue ? Pourquoi est-ce qu’il ne me sourit pas ? Pourquoi celle-là ne m’a-t-elle pas écoutée ? Je me suis levé trop tard… C’est le festival des plaintes.

Mais nous voulons arrêter ce cycle infernal. Comment ? Grace à la foi et au remerciement. En se renforçant et en s’efforçant, tout du moins, de faire face aux épreuves avec courage, en voyant que tout notre être et toute notre essence parlent la foi et ressentent un sentiment profond de reconnaissance pour chaque chose. Premièrement, envers notre entourage –car si l’homme ne voit pas les bonnes choses que les autres font pour lui, comment pourrait-il voir le bien que le Créateur lui fait ?

Ne jette pas la pierre dans le puit dont tu t’es abreuvé ! N’élève pas la voix sur quelqu’un dont l’opinion diffère de la tienne, n’humilie-pas tes amis, ni tes enfants, ni ton mari ou ta femme.

D’où nous vient ce mode de comportement, qui est encore plus évident à notre génération, celle de la venue du Messie ? Qu’est-ce que ce toupet ? C’est le manque de reconnaissance. Tous les liens qui existent entre l’homme et son prochain –qui sont la « grande règle de la Torah », comme le dit Rabbi Akiva- toutes se basent sur la gratitude. On ne peut pas séparer la gratitude de la foi. Celui qui les sépare ou essaie de le faire, provoque toutes les querelles, la haine gratuite, la mauvaise langue, les disputes et les humiliations, tout cela, prétendument « au nom de la vérité » ou « au nom de la Torah ». Et il n’y a pas de plus grand blasphème. 

Nous prions, frappons aux portes du ciel et demandons que le Créateur nous délivre. Nous voulons voir la fin, que ce terrible exil se termine enfin. Mais pourquoi cela n’arrive-t-il pas encore ?

Aujourd’hui, à l’ère où les livres nous guident dans chaque domaine de notre vie –couple, parnassa, santé, éducation, prière, comment bien utiliser nos capacités intellectuelles…- il y a aussi un livre qui nous apprend à remercier, ni plus ni moins. Le jardin des louanges a été synonyme de délivrance personnelle pour beaucoup de monde dans tous les domaines de leur vie !

On m’a même raconté que des groupes de renforcement par le remerciement s’étaient créés un peu partout en Israël. Et ce n’est pas étonnant, car avec les technologies avancées de notre époque, on peut même étudier en binôme avec quelqu’un qui est à l’autre bout de la planète !

Mettez-vous à l’écriture d’un livre de mémoires : celles de tous les remerciements, les miracles et les faveurs que vous avez vécus, dont le Créateur vous a gratifié ; et relisez-le de temps en temps, pour ne jamais oublier, pour ne pas jeter la pierre dans le puit duquel vous vous abreuvez.

Dites merci à chaque personne qui vous fait du bien, les parents, les amis, le mari / la femme, les enfants, les voisins, le chauffeur du bus, l’éboueur, tout le monde ! Les gens nous font des faveurs, et ça ne va pas du tout de soi ! Même s’ils sont payés pour ça, même si on se dit que « Maman doit me laver mon linge et préparer le repas » etc. La lumière du remerciement est un mode de vie d’intériorité et de foi, la réparation des pleurnicheries de nos pères et la réparation de tous les problèmes de la génération dans laquelle nous vivons !

D.ieu fasse qu’on mérite la délivrance rapidement et de nos jours, dans l’amour, la miséricorde et le remerciement, une délivrance du monde dans la paix et le calme ; et l’honneur et la majesté du Créateur se révèleront prochainement, Amen !

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

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