Roch Hachana à Ouman ?

Beaucoup l'oublient, mais la raison est tenace : Rabbi Na'hman n'a jamais demandé à ses sympathisants d'enfreindre les lois élémentaires de la loi juive...

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

14 eloul 5768 – 14 septembre 2008

Le jour de l'an juif à Ouman

Rares sont les 'hassidiques breslev qui restent chez eux les jours de Roch Hachana (le jour de l'an juif).
 
Certains peuvent s'y rendre pour “changer d'air” ; d'autres désirent voir de leurs propres yeux ce qui est devenu depuis quelques années le plus grand rassemblement annuel de juifs à l'extérieur d'Israël (près de 50 000 personnes en 2007 !) ; cependant, la majorité des breslev qui abandonnent le confort douillet de leur maison le font pour une simple raison : Rabbi Na'hman de Breslev a mentionné maintes fois l'importance de passer le jour de l'an avec lui. Selon la tradition breslev, la volonté du Rabbi était que le rassemblement initié lors des dernières années de sa vie continue également après sa mort.
 
Même si ce voyage est le moment le plus important de l'année pour nombre de 'hassidiques breslev, il nous faut aborder les raisons selon lesquelles le voyage de Roch Hachana à Ouman n'est pas fait pour tout le monde, dans toutes les situations. Beaucoup l'oublient, mais la raison est tenace : Rabbi Na'hman n'a jamais demandé à ses sympathisants d'enfreindre les lois élémentaires de la loi juive. Ainsi, nous citons ici les trois raisons principales pour lesquelles une personne ne devrait pas se rendre à Ouman pour Roch Hachana.
 
L'absence de moyens financiers pour couvrir les frais du séjour. Ceci est un principe fondamental dans la loi juive : il est interdit de s'engager dans des frais que la simple raison ne permet pas d'envisager de rembourser. Ainsi, il n'y a aucun mal à demander à une tierce personne, à un organisme financier ou à tout autre organisation de nous avancer les fonds nécessaires pour payer les frais de voyage et de séjour à Ouman, à la condition que nous pensons pouvoir rembourser cette somme.
 
Par exemple : une personne qui travaille, celle qui attend une entrée prévue d'argent peuvent demander à se faire prêter la somme nécessaire pour aller à Ouman. Cependant, celle qui s'en remet à un miracle pour pouvoir rendre ce qu'on lui a prêté commet une infraction grave. Il est anormal de faire payer aux autres notre désir de voyager, même si la raison du voyage est pure.
 
Dans la mesure où il n'est pas toujours facile de différencier entre l'incertitude d'une future entrée d'argent et la forte probabilité d'une telle entrée, il est conseillé de demander l'avis à un rabbin. Celui-ci pourra apprécier à sa juste valeur les spécificités de chaque cas et conseillera de s'endetter… ou de ne pas le faire.
 
Si le départ à Ouman du chef de famille pose un problème pour l'éducation des enfants. Prenons un exemple : le père prépare son voyage de Roch Hachana sans savoir d'avance où ses garçons, qui seront à la maison, prieront pendant les jours de fête. Selon l'âge des enfants et leurs capacités à prier seuls, le voyage du père est envisageable. Cependant, si les enfants seront laissés à eux-mêmes ; si l'on sait d'avance qu'ils risquent de traîner plus souvent dans la rue que d'être à la synagogue pour y prier, il est totalement irresponsable de les laisser sous prétexte que nous désirons aller à Ouman. La priorité de chaque parent est de s'assurer que leurs enfants reçoivent une éducation adéquate, y compris le jour de l'an.
 
S'il est possible de conclure un arrangement avec une tierce personne afin qu'elle s'occupe des garçons pendant les longues heures du service religieux de Roch Hachana, le père possède sans doute de bonnes raisons d'entreprendre son voyage ; dans le cas contraire, il lui est interdit de les laisser à l'abandon.
 
Le jour de l'an à Ouman ne peut pas se passer sans l'avis favorable de l'épouse. Même si le séjour à Ouman peut être une source importante d'inspiration spirituelle, on ne peut envisager que cela se fasse aux frais de notre épouse. Sans un consentement minimum de sa part, le devoir du mari est de rester avec sa femme.
 
Cela peut s'avérer difficile, mais tous les hommes breslev le reconnaissent : partir avec l'appui de notre femme est une partie intégrante du voyage à Ouman. Selon la mesure de notre volonté à passer le jour de l'an sur la tombe de Rabbi Na'hman, nous consacrons plus ou moins d'effort et de temps pendant toute l'année à expliquer à notre conjointe les raisons et l'importance de ce séjour.
 
Si la femme se sent mise de côté et qu'elle a l'impression d'être la cinquième roue du carrosse, la faute repose sur les épaules du mari. Celui-ci doit apprendre sa leçon ; dans un premier temps, il doit envisager de rester chez lui pour les jours de fête. Dans un second temps, il devra beaucoup prier et étudier afin de parvenir à modifier l'attitude de sa femme.
 
Vivre les difficultés dans la joie
 
Dans le cas où un mari désirait se rendre à Ouman pour Roch Hachana et que cela s'est avéré impossible, le défi auquel il fait maintenant face consiste à accepter la Décision céleste dans la joie.
 
Rien ne serait plus terrible que d'imposer un visage triste à notre femme, ou à nos enfants, sous le coup de la déception de ne pouvoir être à Ouman pour le jour de l'an. Si Hachem l'a décidé ainsi, c'est afin que nous augmentions nos efforts dans nos prières ; c'est également sans doute que notre présence au sein du foyer familial était indispensable.
 
En fait, peu importe la raison. Celui qui ne peut se rendre à Ouman pour Roch Hachana doit savoir que D-ieu autant que les autres, ceux qui sont allés en Ukraine. C'est précisément dans l'épreuve que D-ieu nous teste et juge l'intensité de l'amour que nous Lui portons. Si nous en profitons pour multiplier notre volonté de nous rapprocher de Lui, nous réussirons le test haut la main. À l'inverse, si nous diminuons l'intensité de notre service… nous justifions la décision qui a été prise à notre encontre !
 
Le plus important est de vouloir se rendre à Ouman pour Roch Hachana car Rabbi Na'hman de Breslev nous a demandé d'y aller. Si nous pouvons nous y rendre, cela est bien ; dans le cas contraire, cela est bien aussi. Dans les deux cas, il s'agit de la décision du Maître du monde et le sentiment de bonheur et de joie ne doit pas nous quitter, ce ne serait-ce qu'une seconde.
 
Surtout, avant de laisser la pression monter en soi en prévision d'un non départ, il faut demander conseil auprès d'une personne qui sera à même de juger si le séjour de Roch Hachana à Ouman mérite un effort de persuasion supplémentaire de votre part auprès de votre entourage, ou bien s'il est préférable de passer les fêtes du jour de l'an auprès de votre famille. Si vous ne savez pas trop vers qui vous tourner pour obtenir ce conseil, n'hésitez pas à nous contacter : nous ferons notre possible pour vous aider. Le plus important consiste à : 1) désirer ardemment se rendre à Ouman pour Roch Hachana et, 2) ne pas causer de conflits familiaux pour atteindre cet objectif.
 
Puissions-nous vous rencontrer à Ouman à Roch Hachana et notre coeur est entièrement avec ceux qui seront auprès de leur famille pour les fêtes.    

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