Vouloir D-ieu. Est-ce pour moi ?

On croit que nos Sages le sont devenus car c'était dans leur nature. Superbe prétexte qui nous permet de nous affranchir des efforts nécessaires...

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

 

Qui n'a pas eu l'occasion de lire la vie de grands Sages ? Les lecteurs de Breslev Israël lisent avec régularité les faits et gestes de Géants de la Tora tels que le Ba'al Chem Tov, Rabbi Na'hman de Breslev… Nous avons l'honneur de présenter chaque semaine les commentaires du Rav David Hanania Pinto, petit-fils du Tsadiq Rabbi Haïm Pinto. Ces grands Sages ont vécu – ou vivent encore – dans notre monde, tout en étant dans les nuages en même temps. Nous n'avons pas la moindre idée de la façon dont ils procédaient pour y parvenir. Logiquement, la question mérite d'être posée : qu'avons-nous à apprendre de leurs enseignements ? Comment pouvons-nous nous sentir concernés-es par les faits significatifs de leur vie, lorsque nos problèmes semblent à un niveau plus terre à terre ? En d'autres termes, que pouvons-nous faire des heures passées à lire ces Géants ?

Le savoir universitaire et le Savoir véritable
 
La somme de livres que nous devons étudier est édifiante : le Choul'han 'Aroukh pour apprendre les lois qui nous gouvernent au quotidien ; la Tora, afin d'y découvrir la naissance du monde, du peuple juif et d'apprendre les faits historiques du peuple d'Avraham ; nous devons également étudier le Talmud : n'a-t-il pas été donné à Moché (Moïse) au Mont Sinaï ? Le compte est loin d'être fini. Qu'arriverait-il si nous oublions de lire les livres de moussar (d'éthique), ceux qui traitent du chalom baïth (la paix conjugale), de l'éducation de nos enfants… On le constate, une vie entière ne suffit pas à maîtriser tous ces sujets. Ainsi, que sommes-nous censés-es faire ?
 
Il existe une différence importante entre le savoir qui est acquis dans les universités et celui qu'on enseigne dans les yéchivoth. Le premier a pour objectif de nous apprendre un savoir extérieur à notre personne et qui nous permet d'acquérir un certain savoir dans un domaine particulier. Il n'existe pas de lien entre la nature de la personne qui apprend et ce qu'elle apprend. Le meilleur professeur d'université au monde peut s'avérer une personne abjecte, tandis qu'un professeur peu renommé peut se révéler un être exceptionnel.
 
Le savoir saint est d'un autre ordre. En ce qui le concerne, aucun diplôme, aucune chaire et le plus souvent, aucune marque de respect affiché à l'encontre des professeurs universitaires. Si nous osions, nous demanderions aux mères de famille qui nous lisent de répondre à la question suivante : “Souhaitez-vous que votre fils devienne professeur à l'université ou rabbin ?” Nous ne pensons pas nous tromper en disant qu'une éventuelle carrière à l'université puisse attirer le plus grand nombre de réponses favorables.
 
Pourtant, en choisissant la Sorbonne, ne faisons-nous pas fausse route ? Si nous désirons montrer au Maître du monde notre amour à Son égard, devons-nous concentrer nos efforts à l'accumulation d'un savoir superficiel, dont l'objectif n'est pas de nous faire devenir de meilleures personnes ? D'autre part, si nous passons la majorité de notre temps à vouloir réellement nous rapprocher de D-ieu, n'est-il pas plus simple d'emprunter le chemin de la prière et de l'étude de la Tora ?
 
Vouloir nous rapprocher de D-ieu, c'est mettre Celui qui nous a donné vie au centre de notre vie. C'est l'enseignement majeur que nous pouvons apprendre à la lecture de la vie des Géants que nous mentionnions précédemment. Leur vie entière était dirigée vers ce but : apprendre ce que D-ieu attend de nous et faire passer cet enseignement dans les gestes de la vie quotidienne.
 
Ceci est la pierre angulaire qui sépare le savoir universitaire du véritable Savoir. Le premier est et reste théorique, tandis que le second a comme objectif principal de passer à la pratique. Si le premier est plus populaire que le second, c'est qu'il est plus facile d'apprendre les sciences sociales – tout en restant une personne dominée par ses désirs malsains – que la Volonté divine – et de vouloir se transformer en personne digne de ce nom.
 
Vouloir D-ieu est une occupation constante. Le concept de vacances ne s'applique au monde spirituel. De la même façon qu'un mari ne peut pas dire à sa femme : “Ne t'inquiète pas ! Je t'ai été entièrement fidèle… à l'exception d'une courte heure”, il ne sert à rien de se mentir et de se faire croire que nous voulons Hachem… lorsque nous désirons quelque chose de ce monde.
 
Tout s'apprend et vouloir D-ieu ne fait pas exception à cette règle. On commet souvent l'erreur de croire que les érudits en Tora le sont devenus car cela était dans leur nature. Superbe prétexte qui nous permet de nous affranchir des efforts nécessaires pour devenir des meilleures personnes. Cela revient à dire : “Lui c'est lui, et moi c'est moi.” Le raisonnement est simple : l'érudit possède une nature qui le pousse à vouloir D-ieu ; pour ma part, je désire le monde matériel, la vie et ses plaisirs furtifs. Éventuellement, j'apaiserai mon esprit en étudiant la Tora lorsque j'en aurais le temps, lorsque je le désirerai.
 
D'autre part, l'obtention potentielle d'un diplôme universitaire justifie toutes les nuits blanches et les sacrifices sans fin. Soudainement, nous faisons preuve d'une énergie abondante et démesurée. Quel changement surprenant !
 
Nous pourrions nous rassurer si nous cherchions réellement la vérité. Mieux aimer sa femme, mieux éduquer ses enfants, travailler ses mauvais traits de caractère… tout cela est un programme qui peut nous occuper à temps plein. Vouloir D-ieu dans notre vie quotidienne, c'est faire appel à Lui pour tous ces gestes, plutôt que de s'en remettre à notre capacité de réussite. Arrêtons-nous quelques secondes avant de boire un verre d'eau ; prononçons la bénédiction adéquate et prenons plaisir à cette eau donnée du Ciel. Lorsque nous sommes dans la rue, gardons nos yeux des regards inutiles, mal dirigés et dont l'objectif n'est certainement pas de nous élever moralement. Soyons humains que diantre !
 
Si nous montrons à D-ieu que nous Le désirons, Celui-ci ne se fera pas prier longtemps avant de se dévoiler dans notre vie. Alors, ce sont tous les plaisirs de ce monde qui nous apparaîtront vains et vides de sens. Soupirer d'impuissance devant les défis de la vie et faire appel à D-ieu pour recevoir Son aide procure à l'être humain un plaisir d'une dimension que le meilleur restaurant ou le plus beau vêtement à la mode ne peuvent atteindre.
 
Vouloir D-ieu, c'est désirer vivre en tant qu'être humain. À l'inverse, ne pas vouloir D-ieu, c'est désirer une vie dirigée par tout ce qui est impulsif, dénué de raison. Si nous désirons D-ieu – tout en étant incapables de nous arracher de ce monde – faisons-en l'objet de prières ! Mais de grâce, ne nous satisfaisons pas de vivre à l'image d'un quadrupède.
 
Savoir que nous devons désirer le Créateur et pleurer de notre manque de force en ce domaine nous fera atteindre les sommets spirituels. Cela nous semble-t-il réellement hors de portée ?
 
 
Vous êtes cordialement invités à rendre visite au blog de David-Yits'haq Trauttman à www.davidtrauttman.com/

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