Le châle de prière

Rabbi Nathan mentionne qu'on doit démêler les fils des tsitsith avant de mettre le talith (qatan ou gadol) et s'assurer que chaque fil est kacher.

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David Sears et David Zeitlin

Posté sur 06.04.21

 
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Pour l'élévation de l'âme de Leib ben Yits'haq Ya’aqov Sears, a”h – décédé le 30 chévat, Roch 'Hodech adar.
 
Pour l'élévation de l'âme de Yossef ben Chmouel Zeitlin, a"h – décédé le 18 mena'hem av.
 
Nous continuons notre série sur les minhagim et hanhagoth tovoth breslev. Nous vous invitons à lire attentivement les informations précédentes en accédant aux archives.
  
Tsitsith / Talith
 
Selon l'opinion du ARI zal, chaque coin du talith doit avoir deux trous horizontaux en forme de tséré (la voyelle hébreu "..”). Cela semble être un minhag 'hassidique universel (Rabbi 'Hayim Vital, Pri Eitz 'Hayim, Cha'ar haTsitsith, cité dans le Ba'al ha-Itour; voir aussi le Ba'h dans Ora'h 'Hayim 11 ; Rabbi Moché de Dalina, Seraf Pri Eitz 'Hayim, Cha'ar haTsitsith, 5, avec les commentaires de Chiv'hé haPardès, ff. 78, au nom du Ba'al Chem Tov; Rabbi 'Hayim Elazar Spira de Mounkatch, Darkhé 'Hayim vi-Chalom, Tsitsith, 40 ; Liqouté MaHaRi'h, vol. I, pp. 20-21).
 
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Rabbi Nathan mentionne qu'on doit démêler les fils des tsitsith avant de mettre le talith (qatan ou gadol ) et s'assurer que chaque fil est kacher (voir Choul'han Aroukh, Ora'h 'Hayim 8:7,9). Rabbi Nathan discute de ce concept dans le Liqouté Halakhoth, Tsitsith 4. Le ARI zal affirme que le mot “tsitsith” est un acronyme de la phrase en hébreu : “Tsadiq yafrid tsitsiyotav tamid (“Un Juste sépare ses tsitsith constamment.”) Selon le rabbin Meïr Poppers (Or Tsadiqim, 7:3,4), les trente-deux fils des tsitsith représentent “les trente-deux réseaux spirituels distincts”.
 
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Certains récitent la bénédiction sur le talith gadol (le grand talith) le-hitatef ba-tsitsith avec la voyelle “pata'h sous la lettre “beth; d'autres disent “le-hitatef -tsitsith ”, avec la voyelle “chéva sous la lettre “beth. Le rabbin Elazar Kenig stipule qu'il n'a reçu aucune tradition à ce sujet. (voir le Choul'han Aroukh, Ora'h 'Hayim 8:5. Le Be'er Heitiv, ad loc., cite le Ba'h selon lequel il faut prononcer “batsitsith” ; il s'agit également de l'opinion du Choul'han Aroukh ha-Rav Baal ha-Tanya, Hil. Tsitsith 8:2 ; du Sidour Rav Chabtaï Sofer, du Keter Nehora et du Sidour Heikhal haberakhaKomarno. Cependant, selon le Beith Yossef – qui s'inspire  du Lévouch, du Sefer Knesseth haGadol et du 'Olath Tamid – il faut prononcer “ bé-tsitsith. Le Cha'aré Techouva cite Rabbi Moché Zacutto selon lequel – selon la kabbale – il faut prononcer “bé-tsitsith”. C'est également l'avis du Sidour Téfilath Yécharim du Ben Ich 'Haï. La majorité des achkenazes (juifs originaires d'Europe de l'est) suivent la première opinion, alors que la majorité des séfarades (juifs originaires de l'Afrique du nord) suivent la seconde.
 
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Le rabbin David Shapiro note que cela semble contredire le Ba'al haTanya, qui a écrit dans son sidour (livre de prières) que la conclusion de la bénédiction doit être “bé-tsitsith” et non pas “ba-tsitsith.” (il est intéressant de noter qu'il est écrit l'opposé dans le Choul'han Aroukh ha-Rav). Selon le Ba'al haTanya, on doit prononcer “bé-tsitsith” car si l'on dit “ba-tsitsith” (“dans les tsitsith”) cela donne l'impression qu'on est enveloppé dans les tsitsith mêmes ; d'autre part, “bé-tsitsith ” (“en tsitsit ”) implique qu'on est enveloppé dans le vêtement qui comporte des tsitsith. Toutefois, selon Rabbi Nathan, le vêtement entier reçoit la sainteté des tsitsith; par conséquent nous sommes vraiment enveloppés "dans les tsitsith”. Selon le rabbin Guédalia Kenig on doit conclure la berakha (bénédiction) en prononçant ba-tsitsith (entendu du rabbin David Shapiro. Cf. Choul'han Aroukh ha-Rav Baal ha-Tanya [Édition révisée, Brooklyn: Kehot 2001], Ora'h 'Hayim, Pisqé ha-Sidour, p. 615; Cha'ar haKollel 82:5).
 
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Il est écrit dans le Liqouté Halakhoth de Rabbi Nathan que les tsitsith transmettent la sainteté à l'ensemble du vêtement.
 
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Selon la coutume prédominante, la bénédiction sur le talith gadol (le grand châle de prières) nous dispense rétroactivement de celle qu'on doit prononcer sur le talith qatan (le petit châle qui se porte sous la chemise). Cependant, ceux qui ne portent pas le talith gadol (selon les coutumes : les hommes qui ne sont pas mariés ou les garçons en-dessous de l'âge de la bar-mitswa) devraient réciter la bénédiction : “ 'al mitswath tsitsith sur le talith qatan (voir le Choul'han Aroukh, Ora'h 'Hayim 8:3, 6, selon lequel il faut réciter la berakha'al mitswath tsitsith” sur le talith qatan même si on ne s'y enveloppe pas. Le ARI zal enveloppait sa tête avec le talith qatan et récitait la bénédiction lé-hitatef ba-tsitsith”, tel qu'il est dit dans “Cha'ar haQavanoth”, Invan ha-tsitsith, drouch 6. Néanmoins, selon la Michna Beroura, [ad loc., s.q. 24, 30] si l'on doit porter plus tard dans la journée un talith gadol, il est préférable de se conduire comme indiqué plus haut et de faire la bénédiction sur celui-ci). 
 
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Dans un premier temps, le rabbin Éléazar Kenig tient son talith légèrement au-dessus de sa tête ; il récite la bénédiction avant de s'envelopper lui-même dans le talith ; il recouvre la partie supérieur de son corps et sa tête (jusqu'au niveau de la bouche) ; il rassemble ensuite les quatre coins du talith devant lui à l'aide de ses mains et les rejette vers le haut en arrière, en premier au-dessus de son épaule gauche et ensuite de son épaule droite. La majorité des 'hassidim performe la 'atifa (s'envelopper dans le talith) de cette manière, avec quelques variations, bien que certains couvrent seulement la tête jusqu'au niveau des yeux. L'habitude consiste à réciter le verset : “Combien est précieux Ton bienfait, ô Éternel ; les être humains s'abritent à l'ombre de Tes ailes. Ils se repaissent de la fertilité de Ta Maison et Tu les abreuves d'un torrent de délices car Tu es la source de vie ; à Ta lumière nous voyons clair. Attire Ton bienfait vers ceux qui Te connaissent et Ta justice vers ceux qui ont le coeur droit.” (Psaumes 36:8-11)  pendant qu'on s'enveloppe du talith. Rabbi Na'hman a écrit de belles lignes à propos de ces versets, dans la leçon 54 du Liqouté Moharan I.
 
Selon les guéonim, la méthode pour s'envelopper dans le talith doit être celle  “qu'utilisent les arabes pour envelopper leur tête dans un foulard”. Cependant, il existe différents avis pour interpréter ce que cela signifie vraiment. Selon Rabbi 'Hayim Vital (“Cha'ar haQavanoth, 'Invan haTsitsith drouch 1), le Ari zal avait l'habitude de faire la 'atifa (s'envelopper la tête dans le talith) en faisant passer les deux tsitsith de droite au-dessus de son épaule gauche. En se servant de cet exemple, de nombreux kabbalistes séfarades enveloppent leur tête et leur cou dans le talith, marquent une courte pause, et enveloppent ensuite tout le haut de leur corps (voir Ben Ich 'HaI, halakhoth 1, Berechith 5; Chalmé Tsibour, diné tsitsith, p. 79. Le Chem Chlomo de Munkatch ne couvrait pas ses yeux avec le talith, tel que le mentionne le Min'hath Elazar dans Darké 'Hayim veChalom 34. La coutume des Loubavitch consiste à s'envelopper dans le talith en couvrant seulement le front et en faisant très attention à ne pas couvrir les yeux. Ensuite, on prend les deux tsitsith de droite et on les passe au-dessus de son épaule gauche, tandis qu'on tient les deux tsitsith de gauche au niveau de la poitrine).
 
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Rabbi Guedalia Kenig gardait son talith au-dessus de ses tefilines de la tête, conformément à la coutume du Ari zal ; cependant, il n'était pas particulièrement strict à ce propos pendant la durée entière de la prière. (Entendu de Rabbi Elazar Kenig ; voir Cha'ar haQavanoth, drouché tsitsith, drouch 6, au début).
 
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Cependant, Rav Avraham Sternhartz mentionne que Rabbi Nathan gardait son talith au-dessus de sa tête pendant toute la durée de la prière (“Tovoth Zikhronoth”, vers la fin. Nous remerçions rabbi David Chapiro pour cette remarque).
 
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Les élèves du rabbin Guedalia Kenig se souviennent que celui-ci portait généralement son talith en le laissant envelopper la totalité de ses épaules, ainsi que ses bras, jusqu'à ses poignets. Cependant, nous ne savons pas s'il faisait cela à propos. En Ukraine et dans les régions avoisinantes, de nombreux 'hassidim partageaient cette coutume (notamment les 'hassidim de Chernobyl, Skver et Karlin-Stolin). D'autre part, le rabbin Elazar Kenig remonte son talith sur le haut de ses épaules et le laisse glisser sur ses bras seulement lorsqu'il commence la récitation du Qriath Chema'. Le rabbin laisse son talith ainsi, jusqu'à la fin du Chemone 'Esré, au minimum (voir Rabbi 'Hayim Vital, Cha'ar haqavanoth, 'Inyan "Yotser Or" [Achlag ed. p. 119a] qui mentionne qu'il est bien d'agir ainsi lorsqu'on prononce les mots “maher vi-havé 'alenou berakha vechalom mehera meArba' kanfoth kol haaretz” (“Vite fais venir sur nous bénédiction et paix des quatre coins de la terre”) juste avant de prononcer le Chema' Israël du matin ; voir également Darké 'Hayim veChalom [Munkatch] 141).
 
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Le bord du talith de Rabbi Na'hman  était en argent (il fait aujourd'hui partie d'une collection privée). Cependant, il ne semble pas que les 'hassidim breslev aient adopté cette coutume dans le passé. Il se pourrait que cela s'explique par la pauvreté largement répandue à l'époque, plutôt qu'une volonté précise. Au fil des années, la coutume breslev la plus courante, particulièrement en Eretz Israël (en Terre d'Israël), est devenue celle qui consiste à porter sur le bord du talith seulement la bande blanche que la majorité des talith possèdent de nos jours. A titre indicatif, il est intéressant de noter que la coutume en Ukraine était de porter un rebord tissé de fils en argent et qui comportait différents dessins. De nos jours, cela est encore la coutume des communautés de Chernobyl, Skver et Rizhin qui sont dans la même région.
   
Reproduit avec l'aimable autorisation du “Breslov center”

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