Le carnet de gratitude

Plus qu’une fête de miracles et de délivrance, Pourim est une fête de gratitude. C'est pourquoi nous disons la prière de « Al Hanissim » après chaque repas et pendant les trois prières journalières – Chah’arit, Minh’a et Arvite.

Un phénomène qui ne cesse de m'étonner, après chaque conférence que je donne sur le thème de la gratitude, c'est que les gens viennent toujours me voir après le cours et me demandent comment voir leur délivrance dans toutes sortes de domaines. N'ont-ils pas entendu ce que j'ai dit ? N'ont-ils pas entendu que tout vient d’Hachem, que tout est pour le meilleur et que tout a un but ? Je m'attendrais plutôt à ce que chacun rejoigne sa voiture à la fin de la conférence et se précipite dans un parc ou un champ pour commencer à remercier Hachem pour ses problèmes, enclencher un processus de correction personnelle et voir sa propre délivrance ! Mais non, rien de tout cela ; tout le monde se tourne toujours vers moi. Ne leur ai-je pas dit à plusieurs reprises de commencer à remercier Hachem et que cela donnerait lieu à des miracles ?

Non seulement ils continuent à pleurnicher et à se plaindre, mais ils justifient leur « droit » à être déprimé. « Rabbi, personne n'a des problèmes comme moi, donnez-moi une dispense rabbinique pour être triste, déprimé et désespéré et donnez-moi une exemption de prière et d'étude de la Torah ! Vous devez convenir avec moi que la seule façon de traiter mes problèmes est d’être déprimé, je vous raconte des choses si douloureuses, tous mes problèmes, et vous me dites de remercier Hachem ? » La  « solution » des gens face aux problèmes est de s’éloigner davantage d’Hachem…

Une personne triste se sépare en effet d’Hachem. Nos sages ont dit que la Présence Divine plane seulement dans un endroit de joie (Traité Pessah’im 117a). C'est pourquoi Rabbi Nah’man de Breslev (qui était un tsaddik pur), a dit : « Même si, D.ieu m’en garde, je commettais le pire pêché, je continuerais à être joyeux ; ensuite, je me repentirais. » Qu'est-ce que Rabbi Nah’man voulait dire par là ? Quand une personne est triste, Hachem n'est pas avec elle. Par conséquent, la Techouva – le repentir – doit se faire dans la joie pour que les prières et le repentir soient acceptés.

Une personne triste ne peut pas faire Techouva, parce qu'une personne triste ne peut pas parler à Hachem, avouer ses méfaits ou s'évaluer objectivement. C'est pourquoi la joie est une énorme mitsva tandis que la tristesse est une transgression. La tristesse chasse la présence divine.

Il n'y a aucune raison d'être triste. Imaginez qu’un enfant est très malade. Un voisin demande au parent, « Que faites-vous pour aider votre enfant à aller mieux ? »
« Je m’apitoie sur mon sort », répond le parent.
Quoi de plus stupide ?!

Nous devons servir Hachem avec joie, en appréciant chaque occasion de faire une mitsva et chaque mitsva, elle-même. Nous devrions tous tenir un carnet de gratitude et y noter autant de remerciements que possible, en n'ignorant rien et en appréciant chaque petit acte de bienveillance d'En-Haut.

La récompense pour la plus petite mitsva vaut plus que tous les trésors de ce monde matériel. Les gens se plaignent de toutes les obligations que la Torah leur impose ; cela aussi est insensé ! Rabbi H’anania ben Akachiya dit : « Le Saint béni soit-Il veut donner du mérite à Israël, Il leur a donc donné la Torah et ses nombreuses mitsvotes » (Avot, chapitre 1).

Quand le mauvais penchant essaye de vous faire tomber, dites-lui tout de suite : « Monsieur Mauvais Penchant, avec tout le respect que je vous dois, jetez un coup d'œil sur mon carnet de remerciements : chaque jour, il y a cent remerciements. Toutes les mitsvotes qu’Hachem me permet de faire à chaque minute… » Cela lui suffira pour être déprimé (et pas vous !)

Vous n'avez pas encore de carnet de gratitude dans lequel vous notez au moins 100 remerciements chaque jour ? Commencez-en un et vous verrez de vos yeux des délivrances formidables et miraculeuses. La gratitude est le trait de caractère fondamental sur lequel le monde entier repose. Inversement, l'ingratitude est la racine de tout mal dans le monde. Toute destruction dans le monde a commencé par l'ingratitude.

La gratitude relie une personne au Créateur, à la sainteté, à la pureté et à tout ce qui est bon. Lançons-nous ! Commençons à dire merci !