Napoléon et Tich’a be-Av

Nous vivons aujourd'hui dans un monde où l'argent est roi. Les places financières Washington, New York, Tokyo, Paris, Hong Kong font partie des villes les plus cosmopolites...

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le rabbin Pinchas Winston

Posté sur 01.08.22

On raconte qu’un jour Napoléon passa près d’une synagogue, et aperçu des juifs assis par terre entrain de se lamenter. Lorsqu’il leur demanda la raison de cet état, ils lui expliquèrent que c’était Tich’a be-Av, et qu’ils portaient le deuil de la destruction du Temple. Napoléon répondit : “Un peuple qui peut faire le deuil d’un évènement qui s’est produit depuis autant de siècles, pourra un jour retourner dans son pays.”
Que dirait Napoléon aujourd’hui ?
Nous vivons aujourd’hui les conséquences de la Shoah. Le meurtre de plus de six millions de juifs est une destruction qu’aucun mot ne peut qualifier à sa juste valeur et elle fait partie intégrante du deuil de Tich’a be-Av. La Shoa est tellement présente dans notre esprit qu’elle nous a sans doute complètement détournés de notre histoire. Ce fut un évènement tellement monstrueux et douloureux que tout ce que l’on a pu faire lorsqu’il s’acheva, ce fut de se concentrer sur le présent. Un peu plus tard, quand cela est devenu possible, nous avons enfin osé nous tourner vers notre futur, le futur du peuple juif. Le passé récent était trop atroce à contempler et par dessus tout, il était trop distant pour que nous puissions établir un lien avec ses atrocités.
Aujourd’hui, après des décennies, le passé est remis en question, notamment dans une ville qui, par les critères internationaux actuels, ne devrait pas être aussi importante.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde où l’argent est roi. Les places financières qui règnent à Washington, New York, Tokyo, Paris, Hong Kong… font toutes parties des villes les plus cosmopolites du monde. Si dans le passé, l’ambition et le rêve de tout grand leader était de conquérir Jérusalem, de nos jours, les choses ont changé.
Aujourd’hui, Jérusalem est principalement une relique archéologique du passé, agréable à visiter, mais certainement pas un lieu où l’on consacre toute son énergie, sa capacité et son argent, dans le but d’en faire le siège, de la conquérir. Conquérir New York avec ses propres finances est certainement plus à la mode, et beaucoup appellent cela la véritable conquête. Même pour les israéliens laïques, c’est Tel-Aviv et sa bourse qui représentent le pouls de la nation. Jérusalem reste une ville où l’on va se promener, quelques fois…
L’exception à ce délaissement est l’attitude des trois grandes religions dans le monde.
Les juifs désirent Jérusalem pour la place que cette ville tient dans leur histoire et dans la Bible. Les arabes veulent Jérusalem parce qu’ils croient que Mohammed est monté au paradis de cette ville, et probablement aussi parce que les juifs veulent Jérusalem. Les chrétiens la désirent parce que c’est dans cette ville que leur religion est née et aussi, parce qu’elle tient une place primordiale dans le cœur des juifs.
Par conséquent, en dépit de toute logique, Jérusalem occupe une place de choix sur la scène internationale. Washington, Londres, Paris : toutes ces grandes villes parlent, pensent et veulent régler les problèmes de Jérusalem. Ironiquement, les pays arabes qui se battent pour Jérusalem contrôlent aussi les marchés monétaires, ou du moins y exercent une grande influence. L’histoire, c’est à dire la Providence divine, a fait en sorte que les nations d’aujourd’hui pensent beaucoup à l’argent, sans oublier pour autant Jérusalem. Toutes veulent y imposer leurs visions, leurs desiderata.
S’agit-il d’un étrange retournement de situation ? Cela se pourrait, si cela n’avait pas fait l’objet d’une prophétie, il y a de cela de nombreux siècles :
“Après l’arrivée du Messie, une guerre générale sera déclarée contre Israël.” (Zohar Chemoth 7b, Vayéra 119a, Toldoth 139).” Il s’agira de la guerre de Gog et Magog dont il est question dans les livres d’Ezéchiel (ch. 38, 39) et de Zacharie (ch.14). Également, il est écrit dans le Midrach à propos des Tehilim (Mizmor 118:9) : “Trois fois dans le futur Gog et Magog s’opposeront à Jérusalem ; à chaque fois, les nations du monde s’uniront et afficheront leur colère à l’encontre Jérusalem…” (Cha’aré Le’hem, p. 491)
Ainsi, nous constatons que Jérusalem peut s’attendre à conserver une place de choix dans les discussions et autres forums mondiaux. L’histoire l’a prouvé jusqu’à aujourd’hui et cela n’est pas prêt de changer. Plus particulièrement, le Mont du Temple, sur lequel les Arabes ont construit à leur guise leur mosquée, restera encore longtemps dans la mire des médias à travers le monde.
Par conséquent, qu’on l’aime ou non, qu’on l’admette ou pas, Jérusalem et le Temple du Mont sont destinés à rester présents à l’esprit des juifs du monde entier. Le deuil de cette ville, avec l’absence du Temple, doit être porté à sa juste valeur. Digne d’une des places les plus importantes dans le monde, même selon l’avis des nations non juives.
(Auteur et conférencier, le rabbin Pinchas Winston est le directeur de ThirtySix.org)

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