Les mauvais conseils…

Imaginons un couple sans histoires. Le père travaille, la mère élève les enfants et toute la famille s'efforce de vivre une vie remplie de joie, de mitswoth et d'amour.

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

 

Selon le “Petit traicté pour faire horoleiges” du 14ième siècle, l'étymologie du mot “imagination” est la suivante : “faculté d'inventer des combinaisons.” Partant, les antonymes d'“imagination” sont “raison”, “réalité“, “réel.” Cela nous permet de saisir le sens pernicieux de l'imagination : nous faire “inventer des combinaisons” de situations qui n'existent pas, qui ne correspondent pas à la réalité.
 
Si nous suivons le cours de notre imagination, notre esprit se retrouve pris dans un mode de fonctionnement qui le détachera de la réalité, de notre vie quotidienne. Très vite, nous courrons le risque de vivre une vie qui n'existe pas, qui n'est pas la nôtre.
 
Quel rapport existe-t-il entre notre relation avec D-ieu, au-delà de ce qu'elle est réellement, et notre imagination ?
 
La réponse à cette question peut être comprise si nous avons connaissance de l'existence du mauvais penchant et de son unique et obsessionnel désir : nous séparer de toute notion de sainteté, de spiritualité et, en fin de compte, nous faire vivre une vie dans laquelle le Divin est absent.
 
Considérée sous cette approche, la laïcité militante si chère à la culture française, doit nous apparaître pour ce qu'elle est : un outil du mauvais penchant pour nous faire participer à la grande foire de la destruction de nos racines saintes et spirituelles. Croire autrement et notamment, qu'il s'agit d'une particularité de la culture française, peut nous mener tout droit vers une voie sans issue : celle où nous aurions vécu sur terre pour courir après l'éphémère, le superficiel et autres vanités de ce monde.
 
Les armes du mauvais penchant sont nombreuses, presque sans fin. Une de celles qu'il aime utiliser le plus souvent et de se servir de notre pouvoir d'imagination. Celui-ci est puissant et n'attend qu'une chose : qu'on fasse appel à lui pour se mettre en marche. Notre imagination est tellement puissante qu'elle peut même nous vider de notre substance et nous faire ressembler à la victime d'une araignée : intacte de l'extérieur, mais vidée entièrement de sa vitalité de l'intérieur.
 
Pourtant, lorsque le mauvais penchant décide de se servir de notre pouvoir d'imagination afin de nous rendre la vie difficile, son approche est toujours la même. Dans un premier temps, celui-ci nous présente une situation qui n'est pas la nôtre et qui, évidemment, possède toutes les qualités pour être attrayante. Dans un second temps, il nous persuade que cette situation représente la norme et qu'il serait tout à fait légitime de nous y retrouver. Enfin, devant notre incapacité à atteindre cette situation imaginaire, du fait même qu'elle ne correspond pas à la réalité, nous devenons énervés-es, anxieux-ses et en fin de compte, nous ne trouvons plus de joie à être dans la situation qui est la nôtre. Arrivés-es à ce stade, nous sommes bercés par les bras envahissants du mauvais penchant qui a obtenu ce qu'il désirait : nous saper le moral.
 
Tout cela est plus facilement compris si nous utilisons un exemple.
 
Imaginons un couple sans histoires. Le père travaille, la mère élève les enfants et toute la famille s'efforce de vivre une vie remplie de joie, de mitswoth et d'amour. Nous le savons déjà, ce tableau idéal possède tout ce qu'il faut pour énerver le mauvais penchant. Sans attendre d'invitation en bonne et due forme, il se présente au seuil de la porte, pousse cette dernière, et avant même que nous y prêtions attention, il est assis autour de la table. Une fois installé, il peut commencer ses attaques fielleuses.
 
En suivant le processus indiqué ci-dessus, le mauvais penchant va, par exemple, présenter à l'esprit du maître de maison l'image d'une maison mieux tenue et plus propre que la sienne, des enfants dont les vêtements sont toujours mieux repassés que ceux portés par les siens, des plats mijotés plus appétissants que ceux de sa femme… La liste n'est pas exhaustive et ne peut pas l'être. Dans tous les cas, son objectif est de mettre sous les yeux du père une situation qui n'est pas le sienne. Sa femme est certainement remplie de nombreuses qualités, mais la perfection n'étant pas de ce monde, il est toujours possible de trouver une mère de famille plus active contre la poussière, plus portée sur le repassage et dont les talents culinaires excellent.
 
Lorsque cette image de la mère parfaite et imaginaire est bien ancrée dans l'esprit du mari, le mauvais penchant l'amène à la comparer avec sa propre situation. Très vite, le mari va remarquer les toiles d'araignée dans le coin des murs de sa maison, l'aspect quelque peu négligé des chemises portées par ses enfants, ainsi que le goût insipide de la soupe du soir. À cet instant, le mauvais penchant formule son argument de choc : “Ne trouverais-tu pas normal d'avoir une maison plus propre ? Des enfants dont les chemises ne sont pas froissées ? Un repas plus digne des efforts que tu produis pour ramener ton maigre salaire ?”
 
Nous croyons souvent que le mauvais penchant va nous attirer à vouloir des choses qui nous paraissent inaccessibles. Cela est mal le connaître. C'est exactement à propos des choses qui nous semblent normal d'avoir qu'il nous attise. Rien de plus normal que de vivre dans une maison propre, avec des enfants bien habillés et nourris d'une façon adéquate, n'est-ce pas ?
 
Cela est faux.
 
Le fait que cette situation n'est pas celle dans laquelle vit ce père de famille, signifie qu'elle ne lui correspond pas et qu'il ferait bien de ne même pas l'envisager.
 
Cependant, la vie n'est pas toujours facile. Le mauvais penchant poursuit sa tâche destructrice et nous met face à notre échec : après avoir essayé de changer sa femme en fée du logis, en admiratrice du fer à repasser et en Bocuse local, le mari commence à se sentir frustré et laisse apparaître son mécontentement. Quant à la mère de famille, elle voudrait bien satisfaire les demandes de son mari, mais celles-ci ne lui correspondent pas. Ses efforts pour maintenir une maison nickel sont inlassablement contrecarrés par les chaussures boueuses de ses enfants ; le fer à repasser lui glisse des mains en fin de journée lorsqu'elle se trouve devant une pile de chemises à repasser et que sa fatigue est à son comble ; enfin, les livres de recettes restent pour elle une énigme et les hiéroglyphes lui paraissent plus accessibles.
 
En quelques semaines, la petite famille baignée par la joie et la douceur de vivre s'est transformée en un véritable champ de bataille : celui où le père multiplie les critiques à l'encontre de sa femme et où cette dernière désespère de pouvoir arriver aux hauteurs vertigineuses créées de toutes pièces par son mari.
 
Notre pouvoir d'imagination est puissant. Le tableau que nous venons de dresser peut s'appliquer à n'importe quelle famille et à toutes les situations. Le mauvais penchant connaît très bien notre corde sensible et attaque invariablement où cela fait le plus mal.
 
Notre sentiment de colère provient de notre pouvoir d'imagination qui nous fait imaginer une situation irréelle. Notre réalité et notre vie est ce que nous vivons, rien d'autre. C'est dans les situations que nous rencontrons que nous devons mener notre barque, en tranquillité et en remerciant le Créateur pour avoir concocter un menu parfait, selon Lui.
 
Le “selon Lui” est d'importance car qu'elle est la personne qui peut prétendre apprécier à sa juste valeur toutes les situations dans lesquelles elle se trouve ? Ainsi, il est plus facile à un gagnant de la loterie de trouver le bon que le Créateur lui a envoyé. Pourtant, lorsque les évènements prennent une autre tournure, que D-ieu nous préserve, nous devrions être aussi promptes à D-ieu. Là est le défi ; il s'agit du défi de notre vie.     

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