Merci pour ma femme

Voilà, c'etait un cours sur le couple, le matin d’un jour ordinaire… Et ces paroles étaient touchantes.

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Tsipora Berrebi

Posté sur 05.04.21

Fatigué, le vieil homme monta dans le bus, s’assit bien difficilement sur le siège le plus proche du chauffeur, lâchant un gros soupir de soulagement.

« Ça va aller Monsieur ? Vous avez besoin d’aide ? » Demanda le chauffeur, qui le regardait, inquiet.

« Je ne me sens pas très bien. C’est la vie, ça devient dur quand on vieillit. » Répondit le vieil homme, d’un ton résigné.

« Vous avez quelqu’un qui vous aide ? » Demanda gentiment le chauffeur.

Le vieillard se réjouit de cet intérêt franc et honnête, il respira profondément et dit : « J’ai ma femme. Elle s’occupe de moi. Elle veille sur moi. »

Le chauffeur le regarda dans le rétroviseur et sourit. Encouragé par l’intérêt et l’écoute du chauffeur et des voyageurs, il ajouta : « Qu’est-ce que je suis sans ma femme ? Tous les matins quand je me lève, je dis Mode Ani, je Te remercie pour la femme que Tu m’as donnée, elle qui s’occupe de moi. Elle s’occupe de la maison, toutes sortes de petites choses, tu sais, » lança-t-il au chauffeur qui lui rendit son regard dans le rétroviseur. « Un salon ordonné, une nappe sur la table, les chemises repassées, les chaussettes dans le tiroir. La nourriture, le frigo plein de bonnes choses. Quand viennent des invités –il se redressa soudain- elle prépare, elle sert, elle écoute. Elle veille à ce que rien ne manque. »

Le vieillard s’accouda, comme happé par des pensées qui lui traversaient l’esprit. « Quoi de tellement spécial ? » Il regarda à nouveau le chauffeur et questionna : « C’est son rôle, non ? Mais vous savez, on s’habitue et on ne fait même plus attention à cette grande merveille ! On reçoit, on prend, et des fois on fait une remarque sur ce qui manque, sur ce qui n’est pas parfait, on critique et on se plaint en permanence, en plus de nos nombreux pêchés… »

Voilà, un cours sur le couple, le matin d’un jour ordinaire… Et ces paroles étaient touchantes. Tous les passagers présents s’étaient tus. Ce qu’il disait était tellement honnête et vrai. C’était émouvant, et ça donnait à tout le monde matière à réfléchir.

Nous avons écouté et nous avons appris, des paroles du gentil vieil homme, l’essence de ce qui faisait la vie de couple : le respect, l’intérêt et l’appréciation mutuelle.

« Le soir, je rentre à la maison, et la maison est rangée, » continua-t-il avec enthousiasme. « Ma femme est à la cuisine, me demande si je veux manger. Elle me réchauffe quelque chose et j’ai honte. Pourquoi ? Qui suis-je pour avoir le droit à cela ? Elle me sert à manger et me demande si je veux un verre d’eau ou de jus. Pourquoi ? Je ne suis pas capable de me servir tout seul ? » Il soupira légèrement.

« Et quand les petits-enfants viennent, alors là, c’est la fête. On discute, on joue, on mange les délicieux mets qu’elle prépare et nous sert. Et puis le soir, quand tout le monde s’en va, j’ouvre l’armoire pour prendre une serviette, toutes les serviettes sont bien rangées en piles. Les vêtements sont pliés. Et moi ? Moi, j’ai honte. Ma femme formidable, combien elle ordonne ma vie, pour que tout me soit agréable, accessible, propre… »

Il se tut, comme happé à nouveau par ses pensées. Je savais maintenant, qu’après ce silence, viendrait une autre réflexion, quelque chose d’autre qu’il parvenait à extérioriser sur sa merveilleuse vie de couple.

« Et quand je ne me sens pas très bien… Combien elle s’occupe de moi. Elle me prépare du thé avec du miel et du citron, elle prépare une soupe, exactement comme je l’aime. Elle insiste pour que je prenne soin de moi, que je n’oublie pas mon pull, que je me repose, que je mange bien, que j’aille chez le médecin. Elle m’arrange tout. Tu sais… » S’adressa-t-il encore au chauffeur. « Rien que pour ça, je ne veux plus être malade. C’est gênant. Qui suis-je pour avoir le droit à cela ? J’espère juste que je suis assez bien pour elle. Et maintenant je fais de mon mieux, autant que je le peux. »

Tout autour, le silence. Les regards patientent, les oreilles sont attentives. Une tendre curiosité de la part des femmes, une certaine gêne avouée de la part des hommes.  

Le vieil homme, qui sentit que ce qu’il disait faisait de l’effet aux passagers, ajouta un dernier conseil.

« Quand j’étais jeune, ce n’était pas comme ça. Enfin, ma femme était comme ça, mais pas moi. Je rentrais à la maison en m’attendant à trouver une maison ordonnée, un repas prêt, des enfants propres. Nous nous habituons à recevoir les bonnes choses, mais nous ne nous demandons pas toujours pourquoi cela nous est du. Sans vérifier si nous donnons assez de nous-mêmes en retour. Si nous disons suffisamment merci, si nous montrons notre appréciation… »

Encore une fois, il respira profondément, poussa un grand soupir, regarda autour de lui et dit : « Et je prie qu’elle ait toujours la force pour elle-même et pour moi, qu’elle ait la force de veiller sur moi… »

 

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