Paradis en construction !

Si vous vous imaginez que construire, ce n’est que sur les chantiers, vous vous trompez ! « En construction », devrait être le panneau d’entrée de chaque foyer...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 19.10.21

Si vous vous imaginez que construire, ce n’est que sur les chantiers, vous vous trompez ! « En construction », devrait être le panneau d’entrée de chaque foyer qui aspire à vivre au paradis (le gan Eden).

« Chantier en cours », ce panneau ne convient pas seulement aux sites de travaux. On devrait le trouver sur chaque porte, même quand il s’agit d’un foyer de vingt, trente ou même cinquante ans.

« Paradis en travaux », il s’agit du chalom bayt (la paix) entre les époux. C’est un endroit où-chaque couple pourra en témoigner- on a grand plaisir à vivre. Et c’est un endroit où chaque enfant sera heureux de grandir.

Et ne vous méprenez pas, ce n’est pas une construction en une seule fois et puis c’est tout. Dans votre petit gan Eden privé, vous devez construire tout le temps. L’entretien est constant et sur une base quotidienne. D’accord, le mari ou la femme ne rentrent pas tous les jours avec des fleurs ou des cadeaux à la maison. Ce n’est pas ce que signifie un entretien constant. Mais il s’agit d’entretenir les paramètres qui construisent le couple et la cellule familiale. Quoi par exemple ? Voici quelques points importants, sur lesquels il faut mettre l’accent.

L’amour

Le fondement et la base de tout couple et de toute maison est l’amour sur lequel reposent les autres fondations de la construction : les valeurs, l’éducation des enfants, le travail sur les traits de caractère etc. L’amour est un des 613 commandements : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », et Rabbi Akiba a même ajouté que « c’est une grande règle de la Torah ». C’est-à-dire que de la mêmefaçon que l’homme veut qu’on l’aime, qu’on le respecte, qu’on lui fasse plaisir, et de la même façon qu’il ne veut pas qu’on le déteste ou qu’on porte atteinte à son honneur, ainsi doit-il agir avec son prochain. C’est pourquoi nos sages ont dit « Que l’honneur de ton ami te soit aussi cher que le tien ». L’amour, c’est donner le maximum et réduire le mal au minimum.

Rabbi Haim Vital zatsal dit que la mitsva d’aimer son prochain comme soi-même, d’aimer quelqu’un vraiment comme on s’aime soi-même, se manifeste essentiellement au sein du couple. L’amour est une émotion dont l’homme a besoin, de sa naissance à sa vieillesse. Il revigore la personne, la renforce, la nourrit et l’encourage ; il lui donne confiance en elle et crée une atmosphère agréable dans laquelle il fait bon vivre. Donc n’oubliez-pas : l’amour, c’est la clé.

Comme le visage se reflète sur l’eau…

Nous touchons ici à un élément nécessaire et indispensable, de par son fort impact sur l’autre et sur le couple en général. « Comme l’homme voit son visage dans l’eau, de même, son cœur résonne avec le cœur de l’autre, » et Rachi dit « Comme cette eau, dans laquelle l’homme voit son propre visage qui rit lorsqu’il rit, qui grimace lorsqu’il grimace ; il en va de même entre les cœurs des hommes, lorsqu’il aime, l’autre l’aime aussi, mais s’il le déteste, l’autre le déteste aussi. » Quand les conjoints ont le mérite de planter l’un en l’autre l’amour qu’ils ressentent l’un pour l’autre, le jour où ils doivent faire face à des situations qui ne leur conviennent pas, ou si l’un d’eux commet des erreurs –même des grosses erreurs-, l’autre pourra pardonner avec une certaine facilité, car « l’amour couvre toutes les fautes » (le Roi Salomon).

Un visage lumineux

Il existe un commandement de la Torah qui consiste à suivre les voies du Créateur dans son comportement, comme le dit le verset « et tu suivras Ses voies ». Le H’afets H’aim explique que nous avons le commandement de suivre les voies du Saint béni soit-Il, qui sont toutes bonnes. Et comme Hachem est miséricordieux, l’homme aussi doit être miséricordieux ; et comme Hachem est patient, l’homme aussi doit être patient. Et ainsi de suite pour tous les attributs du Créateur, l’homme doit se comporter de la même façon. »

Le visage lumineux de l’homme dans sa maison est plus important que toutes les choses matérielles que les conjoints peuvent s’apporter l’un à l’autre, et aux enfants. Alors avant d’ouvrir la porte et de rentrer à la maison, ressentez un peu les muscles de votre visage : sont-ils contractés ?

Si oui, libérez-les grâce à un grand sourire, puis rentrez à la maison. Car c’est interdit, mais vraiment interdit, de rentrer à la maison avec un visage contracté, des sourcils froncés, un air triste ou coléreux, même si l’on a eu une journée difficile. A la maison, personne n’est à blâmer ! Lorsqu’un des conjoints ou des enfants voit un visage contrarié, ils croient tout de suite que c’est de leur faute, qu’ils ont fait quelque chose de mal, et l’ambiance dans la maison devient tout de suite chargée et tendue.

Il y a des moments ou l’un des conjoints attend que l’autre rentre à la maison pour lui vider son cœur, partager ce dont il souffre (cela peut aussi être vrai pour les enfants), mais du moment où le mari ou la femme rentre avec son visage contrarié, il est impossible de partager quoi que ce soit, de discuter de ce dont on souffre, et cela a de graves conséquences pour la personne qui a besoin d’une oreille attentive, d’un cœur compréhensif.

C’est pourquoi un sourire et un visage lumineux améliorent tout de suite le ressenti, et permettent surtout d’évacuer ce qu’on a sur le cœur. « Certaines personnes traversent de grandes difficultés, et n’ont aucun moyen d’exprimer ce qu’elles ont sur le cœur, » nous dit rabbi Nah’man, « elles aimeraient se libérer de ce poids, mais n’ont personne à qui raconter, avec qui discuter, et restent ainsi, pleines d’angoisses et d’inquiétudes. Et quand une personne arrive avec un visage souriant, cela peut tout simplement les faire revivre. Et faire revivre quelqu’un, ce n’est pas rien, c’est une très grande chose ! »

Donner un coup de main

Il n’est pas concevable qu’un des deux fasse tout, et que le second reste assis, les bras croisés, sans participer. Je ne parle pas que des tâches ménagères ou d’être pleinement impliqués dans l’éducation des enfants, mais également d’aider l’autre à exprimer ses sentiments et ses peines, de tendre la main pour le sauver de sa douleur.

« Et Moché grandit, il sortit vers ses frères et vit leur douleur », Rachi dit : « Ses yeux et son cœur se sont attristés pour eux », c’est le fait de savoir s’accabler pour son prochain, quand on se met à la place de son ami et qu’on ressent ses difficultés, ses peurs, et tout ce qu’il traverse.

Ainsi, pour ne pas vivre en devinant ou juste selon ses intuitions, il faut que les conjoints s’intéressent l’un à l’autre, qu’ils s’assurent que tout va bien (c’est excellent aussi de faire cela avec les enfants !), qu’ils voient s’ils peuvent apporter leur aide pour quoi que ce soit. Et chacun se remettra en question – en se demandant s’il/elle donne suffisamment de lui/d’elle-même.

Juger positivement

C’est LA chose, par excellence, qui permet de conserver son petit paradis privé, de faire en sorte qu’il reste aussi beau et vrai que possible. Juger positivement est aussi l’un des 613 commandements « tu jugeras ton prochainde façon juste ». Lorsque l’un des partenaires voit que l’autre a fait ou dit quelque chose qui peut être interprété en mal ou en bien, la Torah l’oblige à le juger positivement. L’explication à cela est que l’homme voit avec les yeux, seul le Créateur voit le cœur des hommes. Aucun des deux conjoints ne peut savoir quelle était la véritable intention de l’autre, c’est pourquoi on a l’obligation de juger l’autre positivement.

Au sein du couple –et avec les enfants également- c’est vraiment une question de vie ou de mort, car si l’on ne juge pas positivement, on peut pousser l’autre vers une grande tristesse ou vers le découragement. Chacun des conjoints attend de l’autre qu’il le comprenne et le réconforte, mais quand l’autre le juge négativement, en mal interprétant son comportement, c’est source de grands dommages. Avant d’en arriver à tirer des conclusions inutiles, et bien avant de transgresser l’un des plus précieux commandements de la Torah qu’on ait reçus, une discussion à deux, au calme, peut résoudre tous les problèmes.

Les freins

Leur utilisation est très importante, en particulier en vertu de la règle des trois secondes. Avant de relâcher toute la vapeur à cause d’une petite dispute ou d’un malentendu, comptez jusqu'à trois, et expirez (si besoin, répétez l’opération jusqu'à sentir que vous êtes calme.)

Les freins ne sont pas seulement utiles en temps de querelles, mais aussi souvent pour nous aider à surmonter ce trait de caractère inné chez l’homme qu’est le fait de vouloir triompher. Rabbi Nah’man dit que l’homme a en lui cette tendance pour le triomphe, la controverse et la guerre.

En temps de querelle, le mauvais penchant incite l’homme à utiliser tous les moyens dont il dispose pour gagner et se venger de son adversaire,surtout s’il a la possibilité de lui faire mal. Quand il s’agit de « gagner » face à son conjoint ou à ses enfants, les conséquences sont graves et peuvent conduire à des désaccords majeurs, des disputes, et dans de nombreux cas, même au divorce. 

Par conséquent, chacun des conjoints (et des parents) doit fixer des limites à ne dépasser en aucun cas. Et lorsque l’homme domine son penchant et ne dépasse pas ces lignes rouges, son mérite est très grand !

Evidemment, il faut ici travailler sur son degré d’humilité et beaucoup prier pour se débarrasser de son ego, qui est celui qui nous oblige à prononcer les phrases qui « cassent » et à tirer des flèches de critiques pleines de poison. Chacun des conjoints doit absolument apprendre à se retenir et ne pas penser qu’il doit toujours avoir le dernier mot.

Pas de pression !

Dans la vie, certaines situations nous mettent sous pression. Mais ça ne veut pas dire que tout le monde doit comprendre ou ressentir que nous sommes en stress. Aucun des deux conjoints ne doit jouer le rôle du punching-ball, et surtout pas les enfants. Nos Sages, de mémoire bénie, ont dit « L’homme pieux, son inquiétude est dans son cœur, et la joie est sur son visage ». A la maison, il n’y a pas de place pour une atmosphère tendue, surtout pas si elle s’installe quand l’un des conjoints rentre à la maison. Il n’y a pas de place pour mettre l’autre sous pression, ni pour le pousser à faire quelque chose, même si vous êtes pressés. Une conversation quotidienne aide les conjoints à soulager le stress et les pressions qu’ils ressentent, que ce soit à propos de facteurs extérieurs, ou bien à cause de paroles ou du comportement de l’un d’eux. Ici, les conjoints doivent travailler sur leur capacité à prendre l’autre en compte et à comprendre. Pas de place pour le stress à la maison !

Corriger son caractère

C’est la première et la plus importante des tâches dans lesquelles on doit s’engager, grâce à elle, on mérite la paix dans le foyer, une bonne vie, la réussite dans l’éducation des enfants, la parnassa, la santé etc. Corriger son caractère est le travail par lequel les conjoints créent des « récipients » pour contenir la lumière et l’abondance du Créateur dans leur foyer, c’est le travail qui changera leur maison en paradis sur terre et qui ravira le Créateur, commeil est dit : « quand la clémence règne entre les hommes, le Créateur est clément envers eux. »

Et l’essentiel du travail des conjoints en ce qui concerne ce fondement, est sur la modestie. Une règle importante qui échelonne et éclaire le chemin de l’homme tout au long de sa vie, dans son foyer, et qui nous montre l’importance d’une conduite humble, est : « sois pauvre et humble envers les gens, et dans ta maison, plus qu’ailleurs ! »

Pour travailler sur ses traits de caractère, il faut étudier quotidiennement sur le point précis que l’on souhaite corriger. Sur la manière d’acquérir tel ou tel trait de caractère, et l’inverse : ce qui fait qu’on n’y parvient pas ; savoir ce qu’on gagne en corrigeant tel défaut, et les dégâts qui nous guettent si l’on n’y travaille pas. Il faut se remettre en question chaque jour, et demander au Créateur qu’Il nous aide dans cet important travail.

Merci

N’oubliez jamais de vous dire merci l’un à l’autre, pour tout ! Et de là, exprimez votre gratitude envers le Créateur. Car dans ce monde, rien ne va de soi ! Partez du principe que personne ne vous doit rien, votre conjoint non plus (ni même vos enfants, à eux aussi, il faut dire merci, et leur apprendre à remercier).  Et plus vous direz merci, et plus vous serez reconnaissant envers votre conjoint/e et ce qu’il/elle fait pour vous, et plus vous lui donnerez envie de faire encore plus de choses pour vous. Testé et approuvé !

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