Dans la boue

La Torah, en nous ordonnant de servir Hachem chaque jour comme si c’était la première fois, nous empêche de nous embourber et de devenir spirituellement vieux...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 20.03.23

La Torah, en nous ordonnant de servir HaChem chaque jour comme si c’était la première fois, nous empêche de nous embourber et de devenir spirituellement vieux…

Pourquoi la Haggadah de Pessa’h nous commande-t-elle, dans chaque génération, de nous voir comme si HaChem nous avait aussi fait sortir d’Egypte ? Est-ce une pensée réaliste ? HaChem nous libère-t-Il vraiment, même aujourd’hui ?

Notez que la plupart des gens – même ceux qui sont plus jeunes – agissent comme des personnes âgées en cela qu’ils sont ancrés dans leurs habitudes et ne parviennent pas à prendre de nouveaux départs. Leur accomplissement des mitsvot ou leurs prières quotidiennes sont laborieux et superficiels, manquent d’excitation et de vigueur. C’est le type de personnes dont Rabbi Na’hman voulait parlait quand il a mis en garde ses élèves : « Ne soyez pas un vieil homme ou une vieille femme ! »

Sur le plan émotionnel, beaucoup semblent ne pas pouvoir tourner la page du livre de leur propre vie et aller de l’avant parce qu’ils sont coincés dans la boue du passé. Des pensées du genre « J’aurais dû faire cela, » ou « Pourquoi ai-je fais cela ? » dominent leur cerveau et drainent l’énergie émotionnelle et physique qui devrait être utilisées dans la tâche qu’ils accomplissent sur le moment ou qu’ils devraient accomplir. Fouiller dans le passé est un piège du mauvais penchant, que le roi Salomon a appelé « Le vieux roi insensé » : vieux, parce qu’il essaie de nuire à notre renouvellement constant et qu’il nous conduit à gaspiller bêtement nos talents et nos énergies en ressassant le passé plutôt qu’en se concentrant sur le présent.

La Torah, en nous ordonnant de servir HaChem chaque jour comme si c’était la première fois, nous empêche de nous embourber et de devenir spirituellement vieux.

Rappelez-vous : le moment présent ne reviendra jamais et ne peut jamais être remplacé. Nous devons tirer pleinement parti de celui-ci, et nous ne pouvons le faire que si nous sommes en constant renouvellement. Pour cette raison, nous ne pouvons pas laisser le passé nous enliser.

Selon la Kabale, HaChem gouverne le monde à chaque nouveau moment au moyen d’un tsirouf différent, une combinaison de lettres de Son Saint Nom. Nous apprenons de cela, que chaque moment est unique et chargé de rares occasions qui ne pourront jamais se reproduire. Par conséquent, aucune heure n’est comme la précédente et aucun jour ne ressemble au jour précédent. Un revers passé n’a rien à voir avec le présent ou l’avenir aussi longtemps que nous saisissons le moment à portée de main en regardant vers l’avant et sans regarder en arrière.

Rabbi Natan de Breslev arrivait à la synagogue en criant « Je mérite un Mazal tov ! (félicitations). » Les gens se demandaient pourquoi, et demandaient s’il y avait eu un mariage ou une naissance dans la famille. Rabbi Natan disait : « Je viens de naitre, maintenant ! » Son auto-renouvèlement constant était la source de son énergie phénoménale et de ses réalisations formidables.

Quelqu’un dont le bilan n’est pas vraiment positif – que ce soit sur terre ou dans la cour céleste – ne doit jamais désespérer. Le mauvais penchant peut lui dire qu’il est un perdant ou un pêcheur, mais du moment où il déclare prendre un nouveau départ, il l’emporte sur le mauvais penchant et recommence à zéro.

Ne pensez pas un instant que je suis condescendant ou que j’essaye de vous faire vous sentir bien. La loi religieuse juive et la Guémara reconnaissent pleinement et défendent la validité d’un nouveau commencement. Si un homme avec la plus mauvaise réputation au monde demandait en mariage la fille pieuse du plus grand rabbin du monde en lui donnant un anneau de la valeur d’une prouta (quelques centimes) en disant : « Je t’épouse par la présente, à condition que je sois un homme juste », la jeune femme serait considérée comme fiancée ! La Guémara explique que si l’homme a réfléchi à faire Techouva au moment des fiançailles, alors il était vraiment juste au moment de l’engagement, peu importe ce qu’il a fait dans le passé ! Telle est la puissance d’un nouveau commencement.

Si le simple fait de penser prendre un nouveau départ constitue, en soi, un nouveau départ dans la vie, imaginez le pouvoir de déclarer prendre un nouveau départ. Et, si déclarer prendre un nouveau départ constitue un nouveau départ dans la vie, imaginez la puissance d’actions nouvelles et améliorées et de nouveaux comportements ! Ils font littéralement trembler la terre. Maintenant, nous pouvons comprendre comment toutes nos transgressions et fautes passées sont complètement pardonnées quand nous faisons Téchouva et un effort sincère pour recommencer et améliorer nos voies.

Maintenant, nous pouvons comprendre pourquoi la Haggadah nous ordonne de nous considérer comme nouvellement libérés de « l’Egypte ». L’Egypte est une métaphore pour toutes les mauvaises habitudes, pulsions corporelles et les conventions sociales qui nous asservissent. À Pessa’h, nous renouvelons notre connexion d’amour avec HaChem. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous disons « Le Cantique des Cantiques » la nuit du Seder, après minuit. HaChem nous libère vraiment à chaque génération, mais nous devons avoir le désir d’être de libres de souverains de chair et de sang, et de servir uniquement HaChem. Bonne fête de Pessa’h !

Traduit par Carine Rivka Illouz

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