Prendre un nouveau départ

Le Jour du Jugement, Hachem nous accorde une telle bonté ! C'est l'occasion de tout recommencer et revenir à la source de notre repentir...

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le rabbin Erez Moché Doron

Posté sur 20.09.22

Le Jour du Jugement, Hachem nous accorde un tel ‘hessed (bonté) ! Cela est l’occasion pour tout recommencer, pour faire un retour à la source de notre repentir, pour nous débarrasser de nos péchés, faire nos adieux à la lassitude qui si souvent…
“À tout bien j’ai vu des limites : Ta Loi est infiniment vaste.” (Psaumes 119:96)
Toute chose a une fin. Notre monde n’en n’est pas un où le temps s’écoule sans fin, sans signification, sans limite. Plutôt, nos jours sont comptés, il y a un début et une fin et le Créateur – dans Sa bonté – nous le rappelle chaque année.
Arrêtons-nous et faisons un bilan spirituel. D’où venons-nous ? Où allons-nous ? En pensant à la fin, nous sommes amenés à réfléchir aux nouveaux départs, à la nouvelle fraîcheur dans nos actions et au chemin de notre vie. Nous quittons la course à l’élite et nous envisageons notre vie à partir d’un regard plus objectif afin de pouvoir trouver la miséricorde nécessaire pour un nouveau départ, qui soit meilleur et plus sain.
Rabbi Nathan a écrit : “Le vrai commencement est à Roch Hachana. La force de la vie et le tiquoun (rectification) pour l’année entière trouvent leur source à Roch Hachana. C’est la raison pour laquelle nous disons Roch Hachana, car ‘roch’ signifie ‘tête’.
“Il existe trois niveaux : le monde, l’année et l’âme (l’espace, le temps et la spiritualité intérieure). En ce qui concerne le niveau de l’âme – qui correspond à celui de l’homme – la véritable force de vie provient de la tête, qui contient le cerveau qui donne la vie au corps, comme on le sait… La force de vie du corps entier – jusqu’aux ongles d’orteils – vient du cerveau. Le cerveau est la résidence de la néchama (l’Âme divine), laquelle vivifie le corps entier – chaque membre qui le compose – selon ses besoins.
“De la même manière, le jour le plus grand et sacré de l’année juive est appelé Roch Hachana – la ‘tête de l’année’ – parce que le plus important ‘cerveau’ et la force de vie pour l’année entière proviennent de Roch Hachana. Tous les tiquounim commencent à Roch Hachana et ce jour-là donne la vitalité pour l’année entière, de la même manière que la tête de l’homme donne la vitalité à son corps. De fait, aucun membre ne peut être sensible ou vivre sans la force de vie qui provient de la tête et du cerveau. De la même manière, les jours de l’année reçoivent toute leur vitalité et leur tiquoun à partir de Roch Hachana – la tête – qui donne vie à tout le corps.” (Liqouté Halakhoth, Yoré Dé’ah, Hilkhoth ‘Orla, 4,18).
Roch Hachana est le ‘cerveau’ de l’année entière. Si le cerveau est saint, l’année entière sera sainte; s’il est béni, l’année entière sera bénie.
Le Jour du jugement, Hachem nous accorde un tel ‘hessed (bonté)! Cela est l’occasion pour tout recommencer, pour faire un retour à la source de notre repentir, pour nous débarrasser de nos péchés, faire nos adieux à la lassitude qui accompagne très souvent notre routine journalière. Le jour de Roch Hachana, nous pouvons acquérir un nouveau ‘cerveau’, des nouvelles pensées, un nouveaux coeur et des nouveaux désirs.
Il faut se préparer !
Pour un jour si crucial, nous devons nous préparer à l’avance.
“Nous devons nous préparer tout le reste de l’année pour Roch Hachana, le Jour du jugement. Nous avons entendu de sa bouche sainte [de Rabbi Na’hman] que le plus important, c’est Roch Hachana
De la même manière qu’une personne doit se préparer sa vie entière pour le jour important du jugement à venir, elle doit également se préparer toute l’année pour Roch Hachana, à une plus petite échelle… Elle doit d’autant plus se préparer lorsqu’elle constate que les jours s’en rapprochent, à partir du 15 du mois de av” (Liqouté Halakhoth, Ora’h ‘Hayim, Berakhoth HaRi’a, 5, 17).
Jugement et miséricorde
Dans la prière de Moussaf de Roch Hachana nous disons : “Ceci est le jour du commencement de Ta création, en souvenir du premier jour.” En ce jour – le premier du mois de tichré – le premier homme fut créé et la création fut achevée.
“À chaque Roch Hachana les évènements de la Création se répètent, comme cela est expliqué dans les écrits du Arizal… Le merveilleux renouveau qui s’effectue à Roch Hachana ressemble au commencement de la Création, selon le concept d’adoucir l’attribut (divin) de la justice… C’est à dire : adoucir la puissance du jugement qui s’éveille à Roch Hachana et qui trouve son origine dans le concept de : ‘Au commencement, il vint dans Ses pensées l’idée de créer le monde selon l’attribut de justice’, qui est Roch Hachana.” (Liqouté Halakhoth, Hilkhoth matana, 5, 3)
“Au commencement, D-ieu avait créé le ciel et la terre.” (Béréchith 1 :1) et à chaque Roch Hachana, Hachem les crée de nouveau.
“’D-ieu (Éloqim) a créé’ – Pour quelle raison n’est pas écrit ‘Hachem a crée’ (i.e., on devrait dire ‘Hachem D-ieu a créé’ comme cela est écrit ci-dessous 2:4 : ‘Le jour où Hachem D-ieu a créé la terre et le ciel’) ?” (Rachi, Béréchit 1 :1).
Rachi répond à sa question : “Au commencement Son intention [à D-ieu] était de créer le monde avec l’attribut de Justice divine (symbolisé par le nom de ‘Éloqim‘) ; cependant, Il s’aperçut que le monde ne résisterait pas ; par conséquent, Il l’a fait précéder par l’attribut de Miséricorde divine (symbolisé par le nom de ‘Hachem‘), en le liant à l’attribut divin de justice ; c’est la raison pour laquelle il est écrit : ‘Le jour où Hachem D-ieu a créé la terre et le ciel’ (la combinaison des deux noms symbolise l’association de la miséricorde et la justice).”
Le Or Ha’hayim explique : “Le but ultime était que tout repose uniquement sur la justice.” À l’origine, il était prévu que chaque personne devait être examinée et jugée selon ses actions – pour le bien ou pour son opposé – que D-ieu nous préserve.
Le Or Ha’hayim explique que par la suite, l’attribut de justice fût adouci avec celui de la miséricorde : “D-ieu avait vu que le monde ne pourrait pas résister à l’attribut de justice, aussi Il l’a adouci avec l’attribut de la miséricorde. Cela signifie qu’Il juge avec clémence et non pas qu’Il ait changé d’avis sur son intention, à D-ieu ne plaise. Par exemple : Il ne punit pas une personne d’un coup, ou tout de suite ; plutôt, Il attend un certain temps auparavant. Cependant, tout ce qui arrive à un homme est le reflet parfait de la justice.”
Ainsi que nous l’avons appris, lorsque le monde fut créé, il devait être dirigé seulement par l’attribut de justice. L’‘avoda (le service) des tsadiqim – et le notre – consiste à adoucir le jour du jugement à sa base, de manière à ce que D-ieu atténue Sa justice avec clémence. Selon le Midrach, lorsqu’Avraham pria pour obtenir la clémence, il dit à Hachem : “Si Tu veux la justice, il n’y aura pas de monde. Mais si Tu veux le monde, il n’y aura pas de justice” (Béréchith Rabba 49, 20).
“L’‘avoda des grands tsadiqim de tous les temps – et plus particulièrement à Roch Hachana, qui est le commencent de la création – … consiste à adoucir la justice et à amener la clémence sur Israël… Puisqu’ils sont inclus dans la lumière de Ein Sof (l’Infini), où se trouve la miséricorde infinie. Ils font cela principalement à Roch Hachana… Ils attirent des prodigieuses bontés à chaque Roch Hachana dans le but d’annuler les accusateurs des fautes commises pendant l’année, jusqu’à ce qu’ils adoucissent tous les jugements du monde ; de la sorte, ils annulent tous les malheurs et toutes les souffrances d’Israël et ils amènent la prospérité et la bonté dans la maison d’Israël.” (Liqouté Halakhoth, Hilkhoth matana, 5,3)
Notre tâche
Nous devons également faire notre possible pour adoucir le jugement. Nous devons éviter de toutes nos forces le “‘ayin hara” (le mauvais oeil), lachone hara (le commérage et la calomnie), la colère, le mécontentement et chaque mauvaise chose – même dans nos pensées. Rabbi Na’hman a dit : ‘À Roch Hachana, nous devons être remplis de sagesse et n’avoir que des bonnes pensées ; ainsi Hachem fera le bien pour Son peuple” (Si’hoth Haran).
Rava a dit : ‘Le Ciel pardonne les péchés de tous ceux qui pardonnent ceux contre lesquels ils pourraient se plaindre. De fait, il est écrit (Michée 7:18) : ‘Quel dieu L’égale [Hachem], Toi qui pardonne les iniquités, qui fait grâce aux offenses commises par les débris de Ton héritage ?’ “À qui le Tout-Puissant pardonne les iniquités ? À ceux qui pardonnent les transgressions [commises contre eux]” (Meguila 28).
Rachi explique (ad. loc.) : “’Ceux qui pardonnent’ – Ceux qui n’exigent pas de recevoir mesure pour mesure contre ceux qui leur ont fait du mal ; plutôt, ils oublient de formuler leurs plaintes.”
“Le Ciel pardonne les péchés” — “L’attribut de justice n’est pas rigoureux face à aux péchés [de cette personne], plutôt, il les laisse passer…”
C’est parce qu’à Roch Hachana nos pensées positives et nos paroles ont un tel impact, que le yetser hara (le mauvais penchant) vient se mêler à notre ‘avoda et amène les gens à être en colère et à pécher. Pour cette raison, Rabbi Na’hman nous met en garde : “À Roch Hachana, le premier jour, on devrait beaucoup moins parler.”
Juger d’une façon favorable
Lorsqu’il s’agit de juger les autres d’une façon favorable et d’adoucir le jugement, Rabbi Na’hman écrit : “J’ai entendu au nom du Ba’al Chem Tov qu’avant qu’un décret soit passé dans le monde – D-ieu ne plaise – ils rassemblent les gens et leur demandent s’ils sont d’accord avec ce jugement. Même la personne pour laquelle le jugement est passé – D-ieu ne plaise – est questionnée. Si elle est d’accord, alors le jugement est finalisé, D-ieu ne plaise.
“Assurément, si cette personne était questionnée de manière explicite à propos d’elle-même, elle nierait et dirait que le jugement ne devrait pas être de la sorte. Cependant, ils la dupent et ils lui demandent à propos de quelqu’un d’autre qui est dans une situation similaire et ils décident du jugement. (En d’autres termes, ils mettent la personne face à un évènement similaire qui implique quelqu’un d’autre, et ils écoutent le jugement qu’elle prononce à propos de cette tierce personne. En fin de compte, cela devient son propre jugement.)
“Nous devons être très prudents à propos de cela et ne pas conclure [notre jugement] avant de l’avoir examiné deux ou trois fois, car il s’agit d’un danger mortel.” (Liqouté Moharan 113)
Lorsque nous jugeons une autre personne selon la loi à la lettre, en fait nous nous jugeons nous-mêmes. Par conséquent, le Jour du Jugement, nous devons être particulièrement prudents dans nos pensées et nos paroles. Nous devons nous assembler avec les tsadiqim qui sont occupés à essayer de transformer le jugement en miséricorde.
Accepter la souveraineté d’Hachem
De quelle façon pouvons-nous changer l’attribut de jugement en miséricorde ? En devenant humble et en acceptant la souveraineté d’Hachem. Lorsque nous mettons notre vie, nos actions et le monde entier entre les mains de D-ieu, nous nous abandonnons – de fait – à Son absolue miséricorde. Nous comptons sur Lui pour que notre sentence soit favorable.
C’est pour cela qu’à Roch Hachana – qui est également le premier jour des dix Jours de repentance – le plus important consiste à se repentir de l’arrogance, de devenir humble et de se sentir inférieur et vraiment incomplet… Par conséquent, nous devons nous annuler complètement… Cela signifie se débarrasser de nos opinions, comme-ci nous n’avions plus aucune opinion.
“Nous devons accepter Sa souveraineté avec une complète foi et avec une réelle simplicité, sans intelligence ; ceci est notre ‘avoda de Roch Hachana et de Yom Kipour” (Liqouté Halakhoth, Hilkhoth nétilath yadayim, Cha’harith 3:5).
“Ceci est l’esprit de Roch Hachana et de Yom Kipour. De fait, pendant ces jours-là, nous devons faire notre possible afin de révéler Sa souveraineté et d’illuminer le monde de ce savoir. Nous informons l’humanité qu’il existe un D-ieu qui dirige le monde ; ceci est notre occupation principale, notre ‘avoda de Roch Hachana et de Yom Kippour.
“Comme nous le disons dans nos prières : ‘Maintenant – Hachem, notre D-ieu – met Ton effroi sur tous ceux que Tu as faits, Ta crainte sur tous ceux que Tu as créés ; fasse que Ton oeuvre Te révère, que Tes créatures Te vénèrent; qu’elles puissent toutes se mêler en une fraternité qui fasse Ta volonté, avec un coeur parfait… Tu règneras sur tous ceux que Tu as faits – Toi seul Hachem – sur le mont Tsion, la résidence de Ta majesté… et il n’existe pas de D-ieu à part Toi.’ Et beaucoup d’autres [prières] de la sorte, car cela constitue la principale révélation de Son Royaume.” (Liqouté Halakhoth, ‘Heizkath metaltilin 3,9).
À Roch Hachana, nous ne mentionnons pas notre intégrité, également nous ne demandons rien pour nous-mêmes. Nous nous annulons complètement et nous nous concentrons sur la grandeur de notre Maître. “Chaque fois que vous trouverez la puissance de D-ieu, vous trouverez [également] Son humilité.” (Meguila 31) Plus nous avons le privilège de connaître Sa grandeur, plus Il nous révèlera Sa miséricorde, Sa vraie grandeur et plus encore, à nous et à toute Sa création.
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