Le plus bel ethrog

Le premier matin de la fête de Soukoth, Agnon remarqua que le rabbin n'avait pas son merveilleux ethrog. Perplexe, il demanda au rabbin où se trouvait son splendide ethrog...

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le rabbin Berel Wein

Posté sur 08.11.21

Le rabbin attira l'attention de Agnon sur l'importance de choisir un ethrog splendide et sans aucun défaut pour la fête de Soukoth. Également, le rabbin parla de la façon dont la beauté de l'ethrog fait partie intégrante du commandement divin de la fête.
 
 
Je désire partager avec vous une merveilleuse histoire à propos de la fête splendide de Soukoth. Cette histoire fut racontée par Chmouel Yossef Agnon (1888-1970), prix Nobel israélien de littérature. Agnon reçut ce prix en 1966 et son effigie apparaît de nos jours sur les billets israéliens de 50 shekels.
 
Il semble que Agnon – qui est né en Pologne – était le voisin d'un vieux rabbin célèbre de Russie. À l'époque où cette histoire a eu lieu, Agnon habitait à Jérusalem, dans le quartier de Talpiot. Une certaine année – quelques jours avant la fête de Soukoth – Agnon rencontre son voisin le rabbin au magasin d'ethroguim du quartier. L'ethrog – un fruit de la famille des citrons – est le symbole de la fête de Soukoth. Dans ce magasin, Agnon remarqua la précision qu'apportait le rabbin au choix de son ethrog. Même si le rabbin semblait vivre sur un budget extrêmement limité, il insistait pour acheter le plus beau – et par conséquent le plus cher – ethrog que le propriétaire du magasin pouvait trouver. Après avoir examiné plusieurs ethroguim, le rabbin finit par en choisir un qui semblait correspondre parfaitement à ses nombreuses exigences. Le rabbin paya l'ehrog sans rechigner.
 
Agnon et le rabbin se dirigeaient ensemble vers leur domicile respectif ; le rabbin attira l'attention de Agnon sur l'importance de choisir un ethrog splendide et sans aucun défaut pour la fête de Soukoth. Également, le rabbin parla de la façon dont la beauté de l'ehrog fait partie intégrante du commandement divin de la fête.
 
Le premier matin de la fête de Soukoth, Agnon remarqua que le rabbin n'avait pas son merveilleux ethrog pendant la prière à la synagogue. Perplexe, il demanda au rabbin où se trouvait son splendide ethrog. Le rabbin lui répondit en lui racontant l'histoire suivante :
 
"Ce matin, je me suis réveillé très tôt – comme cela est mon habitude – et je me préparai avec joie à réciter la bénédiction de l'ethrog dans ma souka, qui se trouve sur mon balcon. Vous savez comme moi que mon voisin possède une famille nombreuse et que son balcon touche le mien. Vous savez également que mon voisin s'emporte facilement contre ses nombreux enfants. De fait, il lui arrive souvent de crier après eux et même de porter la main sur eux chaque fois qu'ils n'ont pas écouté ses ordres. Je lui ai souvent parlé de son comportement dans l'espoir de le voir s'améliorer, mais jusqu'à aujourd'hui, cela ne semble pas avoir servi à grand chose.
 
"Ce matin, tandis que j'étais dans ma souka – prêt à réciter la bénédiction sur l'ethrog – j'entendis les pleurs d'un enfant sur le balcon de mon voisin. Il s'agissait d'une des petites filles de mon voisin. Je m'approchai d'elle pour savoir ce qui n'allait pas ; elle me répondit qu'elle aussi elle s'était réveillée tôt ce matin et qu'elle était allé sur le balcon, dans le but d'admirer l'ethrog de son père. L'aspect et l'odeur de cet èehrog la fascinaient. N'écoutant pas les ordres de son père, elle avait enlevé l'ethrog de sa boîte de protection afin de l'examiner. Malheureusement, l'èthrog lui avait glissé des mains et il était allé s'écraser sur le sol, le rendant inutilisable pour la fête à cause des nombreuses marques de coups qu'il avait maintenant. Elle savait que son père allait être en colère contre elle et qu'il l'a punirait ; elle avait également peur qu'il la frappe. Ses pleurs venaient de sa peur d'être punie sévèrement.
 
"Je la consolai et je pris mon ethrog de sa boîte pour le déposer dans celle de son père. En échange, je pris l'ehrog inutilisable de mon voisin. Je dis à la petite fille de dire à son père que son voisin avait insisté pour qu'il accepte le cadeau d'un merveilleux ethrog et qu'il se sentirait honoré s'il acceptait. De plus, j'ajoutai que cela serait également un honneur pour la fête.”
 
Agnon termine son histoire en disant : “L' ethrog de mon voisin le rabbin – abîmé, rempli de coups et rituellement inutilisable pour la fête – fut le plus bel ethrog qu'il m'a été donné de voir pendant toute ma vie.”
 
   
Traduit de "SECOND THOUGHTS" – un recueil de pensées et d'observations, publié par Shaar Press / Mesorah Publications Ltd