Et si je m’excusais?

A Roch Hachana, nous jetons ce cri du cœur : “Hachem, nous T'aimons ! Hachem, nous Te voulons ! Hachem, nous savons que Tu es le Roi des rois et le Maître du monde !

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

28 eloul 5768 – 28 septembre 2008

Aucun jour ne devrait être vécu comme un évènement ordinaire. Ceci est valable pour toute l'année, même si nous éprouvons de la difficulté à le ressentir dans notre vie quotidienne. Cependant, s'il existe un jour pendant lequel nous devons faire des efforts inhumains dans le but d'atteindre se renouvellement perpétuel de soi, c'est bel et bien le jour de Yom Kippour, le Jour du Grand Pardon (cette année, Yom Kippour commence le soir du 8 octobre 2008 au soir du 9 octobre).

Un jour microcosmique
 
Le Jour du Grand Pardon a ceci de particulier qu'il contient tous les jours de l'année ; il est donc le véritable microcosme de l'année qui vient de commencer.
 
Imaginons.
 
Nous passons une entrevue pour un emploi que nous désirons ardemment. Nous savons que durant cette entrevue, le moindre de nos gestes, la moindre parole seront analysés et pris en considération lorsque viendra le moment de rendre le verdict final : embauché-e ou recalé-e. Les efforts que nous déployons pour faire bonne impression sont à la mesure de notre volonté d'obtenir le poste convoité.
 
Cet entretien d'embauche représente l'essence de Roch Hachana (le jour de l'an juif). Durant ce jour, D-ieu nous observe. L'emploi que nous postulons est de taille : notre vie, ni plus ni moins. À la mesure de nos efforts, le Créateur nous répondra. Le désirons-nous ? L'aimons-nous ? Le voulons-nous ? Etc. Il faut savoir que “D-ieu désire Son peuple.” (Psaumes 149:4). Notre désir est-il à la mesure de Son désir ?
 
Là se situe le domaine dans lequel nous devons concentrer nos efforts le jour de Roch Hachana : celui de la volonté. Évidemment, nous ne désirons pas qu'Hachem scrute nos actions. Combien de fois dans l'année nous sommes-nous oubliés-es ? Combien de fois avons-nous pensé à notre propre personne avant de penser au Créateur ? S'il est bien une chose que nous ne voulons pas, c'est que D-ieu analyse avec précision notre manière d'agir.
 
Ainsi, à Roch Hachana, nous jetons ce cri du cœur : “Hachem, nous T'aimons ! Hachem, nous Te voulons ! Hachem, nous savons que Tu es le Roi des rois et le Maître du monde ! Etc.” Cela s'appelle “révéler la Royauté de D-ieu” dans ce monde.
 
D'autre part, le jour de Yom Kippour, nous demandons pardon à D-ieu. Cette notion se reflète dans la traduction française de Yom Kippour par “le Jour du Grand Pardon.” S'il existe bien un jour où nous devons demander pardon pour toutes nos bêtises, c'est ce jour-là. Traduit dans son sens littéral, Yom Kippour signifie “le Jour de l'expiation.” La différence n'est pas qu'une affaire de linguiste. Elle nous apprend que “Le Jour du Grand Pardon” est celui où nous demandons pardon ; on aurait pu croire qu'il s'agit du jour où D-ieu nous pardonne. C'est la raison pour laquelle nous ne devons pas ménager les efforts pour s'excuser de nos “chemins de traverse”, pour nos oublis, notre insouciance…
 
Si notre description de Yom Kippour s'arrêtait ici, il serait possible de penser que la joie si chère à Rabbi Na'hman de Breslev serait l'objet d'une pause pendant ce jour-là. De fait, qu'est-ce qu'un Yom Kippour où aucune larme n'a été versée ?
 
Cependant, Yom Kippour ne fait pas exception à la règle : il s'agit d'un jour où la joie doit être présente dans nos prières. En fait, c'est précisément ce jour-là où nous devons être le plus joyeux-ses ! Comment explique-t-on cela ?
 
Le jour de Yom Kippour est celui où D-ieu peut effacer toutes nos erreurs, grandes ou petites. N'est-ce pas une raison suffisante pour être joyeux-ses ? À Yom Kippour, nous pouvons obtenir un cœur propre, une tête remplie de bonnes pensées. N'y a-t-il de raison de sauter de joie ? Si cela n'était pas interdit, nous pourrions convier un orchestre symphonique pour accompagner nos prières du Jour du Grand Pardon !
 
Yom Kippour est le jour où nous pouvons atteindre la véritable paix, dans les domaines de notre choix : matériel, spirituel… Cette paix est à notre portée si nous ressentons la joie de nous rapprocher de D-ieu. Peu importe ce que nous avons fait, dit ou pensé. Si à Yom Kippour nous affichons notre volonté de nous raccrocher spirituellement à notre racine sainte, nous procurons un grand plaisir au Créateur du monde.
 
En ce sens, Yom Kippour est la source de notre vitalité spirituelle pour l'année qui commence.
 
Une opération chirurgicale salvatrice
 
La dichotomie pleurs-joie de Yom Kippour peut être comprise plus facilement avec l'aide d'un exemple.
 
Une personne a été diagnostiquée, que D-ieu nous préserve, avec une maladie grave et les docteurs sont unanimes : seule une opération chirurgicale radicale pourra sauver la vie de cette personne. Quand bien même l'opération comporterait un grand inconfort, de grandes douleurs, la personne gravement malade accepterait avec joie ces aspects négatifs. De fait, en se concentrant sur l'objectif final, la guérison, toutes les souffrances et douleurs causées par l'opération chirurgicale deviendraient une source de joie.
 
Cela est le cas de Yom Kippour. Nos prières et nos pleurs représentent l'opération chirurgicale. Cela fait mal et nous ne pouvons pas nous empêcher de pleurer. Cependant, lorsque nous nous concentrons sur l'objectif de la fin du jour, notre joie l'emporte. Nos remerciements sont nombreux à formuler envers le chirurgien. Pendant que celui-ci nous fait mal, nous le remercions de nous sauver la vie. Pendant que nous prions et pleurons sur nos erreurs, nous remercions D-ieu de nous sauver la vie.
 
Autre point d'importance : notre joie ne doit pas être expliquée seulement par notre volonté de devenir une personne parfaite, qui remplit continuellement la Volonté divine. À ce compte, peu sont ceux et celles qui parviendraient à être heureux, joyeux. Même si vouloir être parfait est un objectif louable, l'expérience de la vie nous montre plutôt que nous devons concentrer nos efforts sur le moindre mal. Disons-le haut et fort : Hachem prend un grand plaisir au moindre mal. Une personne qui n'a pas pensé une seule minute à D-ieu l'année précédente, fournira au Créateur un grand plaisir si elle y pense, ne serait-ce qu'une minute dans l'année.
 
Certes, dans ce domaine la quantité n'est pas négligeable. Si nous pensons à D-ieu et agissons selon Sa volonté une heure dans l'année, cela est certainement mieux que si nous y pensions que dix minutes. Pourtant, il faut connaître nos limites. “Peu, c'est aussi bien.” Rien ne sert d'essayer de ressembler à un grand Sage : nos chances de succès sont proche du zéro. Cependant, si nous essayons de changer un peu, même un petit peu, nous amènerons un grand bonheur à D-ieu. Ne l'oublions pas !
 
Pour les personnes qui ont l'habitude de passer chaque la majorité du jour de Yom Kippour à prier, nous souhaitons des prières abondantes, sincères et remplies de larmes. Pour les autres, nous leur conseillons de penser à D-ieu, un peu, ou un peu plus, et d'agir en conséquence. Telle personne pourra prendre un livre de Psaumes et réciter quelques chapitres en l'honneur de Yom Kippour. Si cette personne n'est pas habituée à cela pendant toute l'année, il s'agit d'un miracle digne de la traversée de la Mer rouge ! Pour une autre personne, cela peut signifier retarder de quelques heures un repas prévu dans un bistrot parisien (le jour de Yom Kippour est un jour de jeûne ; cette année, celui-ci commence le 8 octobre à 18h57 et se termine le 9 octobre à 20h00-heures pour Paris).

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