Se préparer pour Roch Hachana

Je rencontrais toujours quelque chose qui m'empêchait de faire ce que je désirais vraiment. Une année, c'était…

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Debbie Shapiro

Posté sur 06.04.21

Chaque année, j'ai l'impression que le mois juif d'éloul ressemble à un invité… que l'on n'a pas invité ! De fait, les semaines qui précèdent ce mois sont celles des vacances scolaires. Entendre toute ma famille parler de vacances – et y aller quelques fois – n'est pas la préparation idéale qu'on aurait pu rêver pour un mois aussi important de l'année juive. 

Pourtant, chaque année – sans exception – j'assiste à plusieurs leçons de Tora dans lesquelles on nous rappelle que le Jour du Jugement se rapproche de nous et que nous ferions mieux de commencer sérieusement à vivre une vie digne de ce nom.
 
Chaque année – également sans exception – je sors de ces leçons, remplie de détermination sur ma volonté d'aborder Roch Hachana (le jour de l'an juif) d'une manière adéquate. Je désire au plus au point être prête pour ce jour : je prierai plus, je faire une auto-analyse profonde, toutes mes soirées seront occupées à assister à des cours fabuleux… En fin de compte, n'est-ce pas ce que les orateurs nous encouragent à faire ?
 
Et pourtant, chaque année – sans exception – j'échoue d'une façon lamentable. Lorsque mes enfants étaient jeunes, j'avais l'impression que dès l'instant où ma main se posait sur un livre des Téhilim (Psaumes) – pour en réciter quelques chapitres – un d'eux avait précisément besoin de moi : des couches à changer, un biberon à donner, un câlin supplémentaire… Si j'avais la chance d'avoir quelques minutes de libre, j'en profitais pour faire sans attendre une sieste bien méritée de quelques minutes. Cela me donnait les forces de poursuivre ensuite ma journée en affichant un sourire sur mon visage. J'ai toujours considéré qu'il est important pour les enfants de voir leur mère calme et heureuse.
 
Mes journées étaient occupées à frotter les murs de la cuisine pour y enlever la purée que les enfants s'étaient amusés à envoyer durant leur repas du soir, à laver les tonnes de linge sale… On ne s'étonnera pas que je n'avais pas beaucoup de temps pour prier ou apprendre la Tora. À cette époque, on me disait fréquemment que quelques années plus tard, tout cela serait du passé et que je pourrai alors me consacrer à mon 'Avodath Hachem (mon Service divin). J'espérais que cela serait exact… au moins pendant le mois d'éloul !
 
Mes enfants grandirent et le jour arriva où je pus jeter le dernier biberon qui traînait encore chez moi.
 
Cependant, au fils des années qui suivirent, je rencontrais toujours quelque chose qui m'empêchait de faire ce que je désirais vraiment. Une année, c'était un de mes enfants qu'on venait d'opérer et qui avait besoin de moi. Une autre année, c'était un autre enfant qui se mariait (et je n'ai pas besoin de vous expliquer que mes journées étaient alors bien remplies !)
 
D'une façon ou d'une autre, il y avait inlassablement un obstacle qui se dressait devant ma volonté de m'occuper des “choses importantes” de la vie : ma relation avec Hachem. Lorsque je pensais avoir pris toutes les précautions possibles, une voisine avait besoin de mon aide, un des mes enfants mariés avait besoin d'une baby-sitter…
 
Ainsi, entre laver la vaisselle – la mienne ou celle des autres – et courir après le bus pour ne pas arriver en retard à mon travail, il ne me restait que quelques instants pour réciter un nombre restreint de chapitres des Psaumes ou prononcer mes prières. Dans tous les cas, j'étais très loin de pouvoir faire tout ce que je m'étais promise de faire – chaque année – pendant le mois d'éloul.
 
Je me suis toujours sentie proche du conducteur de chariot de la ville de Berditchov. Chaque mois d'éloul, je me surprends à penser à lui. Il existe à son propos une histoire fameuse que vous connaissez sans doute.
 
Un certain jour – tandis que le soleil approchait de son point le plus élevé dans le ciel – Rabbi Levi Yits'haq de Berditchov regardait par la fenêtre de son salon. Il aperçut un simple conducteur de chariot qui était en train de changer une des roues de son chariot. Cet homme portait sur lui son talith (son châle de prières) et ses téfilines. Rabbi Levi Yits'haq leva ses mains vers le Ciel en direction d'Hachem et il s'exclama : “Combien Ta nation est sainte, Hachem ! Même en train de changer une roue, ses pensées sont dirigées vers Toi.”
 
“Certainement, ce conducteur s'est levé aux petites heures du matin avec les meilleures intentions. Cependant, au moment où il s'apprêtait à sortir de chez lui – pour se rendre à la synagogue – un de ses enfants commença à pleurer. Comment aurait-il pu réveiller sa femme ? Celle-ci venait sans doute de passer la nuit à essayer d'endormir le nouveau-né de la famille.”
 
“Je suis certain qu'il pensait qu'il ne lui faudrait pas plus de quelques minutes pour s'occuper du bébé et parvenir à le rendormir. Ce léger retard ne lui ferait pas rater la prière, ou dans le pire des cas, il prierait avec le deuxième minyan.”
 
“C'est alors qu'un autre de ses enfant s'est certainement réveillé avec de la fièvre. Le conducteur réalisa qu'il devait appeler le docteur. Comment pouvait-il laisser son enfant souffrir ? Ensuite, il dut sans doute aller se procurer les médicaments chez l'apothicaire qui réside à l'autre extrémité de la ville. Le temps passa et le conducteur réalisa sans doute que s'il se dépêchait, il pourrait encore peut-être se joindre au dernier minyan.
 
“À cet instant précis – tandis qu'il était sans doute en train de se précipiter pour aller à la synagogue – il s'aperçut qu'une des roues de son chariot était cassée. S'il ne la réparait pas de suite, il perdrait certainement ses premiers clients du jour. Sans clients à conduire, sa famille se retrouverait dans le besoin et sans rien à se mettre sous la dent. De plus, il avait promis à ses clients qu'il serait à l'heure ! Comment aurait-il pu ignorer leur angoisse lorsqu'ils s'apercevraient que le chariot ne viendrait pas les chercher ?”
 
“C'est pour toutes ces raisons” – conclut Rabbi Levi Yits'haq de Berditchov – “que ce conducteur n'est pas venu prier à la synagogue ce matin. Cependant, constate Toi-même Hachem – que pendant qu'il change la roue il Te supplie sans doute d'avoir pitié de lui, comme Tu as pitié de ses compatriotes.
 
La scène se répète ainsi chaque année : pendant les mois d'éloul – tandis que je cours d'une voisine à l'autre, d'un de mes petits-enfants à l'autre… – il ne me reste plus qu'à me tourner vers Hachem et à espérer qu'Il me jugera d'une façon favorable, à l'image de Rabbi Levi Yits'haq  de Berditchov qui avait trouvé tant d'excuses pour expliquer l'absence du conducteur de chariot à la synagogue !
 
Je suis persuadée qu'un jour ou l'autre, je pourrai me consacrer entièrement à mes prières et à mon 'Avodath Hachem. Sur la chaise à bascule sur laquelle je me trouverai alors, je soupirerai sans doute à propos du bon vieux temps où j'étais occupée à faire la volonté de D-ieu et où je n'avais pas le temps de me préparer d'une façon adéquate pour Roch Hachana
 
(Extrait du livre “Bridging the Golden Gate” de Debbie Shapiro)

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