Exploiter le potentiel des émotions négatives

« Votre abdomen est distendu » (Bamidbar 5:22). Ce passage nous apprend la voie d’Hachem qui fonctionne mesure pour mesure…

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 10.06.21

Dans le passage ci-dessus, nous apprenons la politique de mesure pour mesure d’Hachem : la section médiane de la femme fidèle est destinée à se détendre pour participer à la merveilleuse mitsva de procréer. Par contre, si une femme est infidèle, son abdomen gonfle et se distend également, mais peut conduire à sa mort imminente.
 
Notre passage exprime une morale supplémentaire qui nous ouvre les yeux : exactement le même membre ou la même action peuvent être utilisés dans les deux sens – accomplir une mitsva ou commettre un péché. Hachem nous donne la possibilité d'utiliser non seulement chaque partie de notre corps, mais chacun de nos biens, comme nous l'entendons ; c'est le fondement du libre choix. Sans libre choix, le concept de récompense et de punition n’a aucun sens.
 
Rabbi Nah’man de Breslev explique le principe d'utilisation de ses pouvoirs pour le bien. Dans Likoutey Moharan II: 23, il écrit : « Parfois, lorsque des gens dansent et se réjouissent, ils attrapent une personne qui est triste et déprimée, l’entrainent dans le cercle des danseurs et la forcent à se réjouir avec eux. »
 
Rabbi Nah’man continue d’expliquer deux stratagèmes importants pour surmonter la tristesse ou la dépression (ni l’un ni l’autre ne comprend les cachets ou les médecins). De manière générale, une personne triste peut chasser la tristesse en prenant immédiatement des mesures qui la rendent joyeuse. Par exemple, si une personne ressent de la mélancolie, elle devrait courir vers son poste radio et mettre sa musique préférée ! La tristesse et l’amertume s’échappent au premier signe de bonheur, dit Rebbe Nah’man.
 
À un niveau supérieur, une personne peut saisir le pouvoir de la tristesse et de la dépression et la transposer directement dans la joie ; c’est-à-dire que le pouvoir de l'émotion négative devient une émotion positive en soi. Au lieu de chasser la tristesse, dit Rabbi Nah’man, nous devrions lui courir après et exploiter son pouvoir pour le bien.
 
A ce stade, vous vous demandez peut-être : « Comment est-ce possible ? Comment peut-on chasser une émotion négative et exploiter son pouvoir pour le bien ? »
 
Avec l’aide toujours aimante d’Hachem, la parabole suivante répondra à notre question : 
Stanislav était un fermier polonais, un homme vif dont les épaules étaient presque aussi larges que la route entre Lodz et Lublin. Il n'était pas brillant, mais il était joyeux tout le temps. Lorsqu'il ne traitait pas ses vaches et ne mettait pas le beurre en vrille, il buvait un verre de sa vodka faite maison ou de son vin, prenait son violon posé sur l'étagère et jouait de la polka.
 
Les vaches de Stanislav donnaient plus de lait que celles de quiconque alentour ; plus encore, leur lait faisait le meilleur beurre. Tout le monde plaisantait en disant que les vaches étaient toujours heureuses, car leur maître n'était jamais fâché, mais chantait et dansait en permanence. « Qu'ils se moquent de moi », se disait Stanislav, « ils souffrent tous et pas moi. Ils sont toujours amers, mais moi, je me promène avec le bon goût du beurre dans la bouche. Ça vaut bien mieux que leur amertume, ha, ha ! » Riait il, amusé par sa bonne humeur et reconnaissant de sa bonne fortune.
 
Lors d’un soir polonais extrêmement froid, Stanislav alluma sa lampe à pétrole et se rendit à l’étable pour traire les vaches. Il s'assit sur son tabouret de traite, prit son seau et commença à traire la première des vaches. Soudain, un énorme rat courut sur le sol, entre les pattes avant de la vache. Surprise, la vache donna un coup de pied dans le seau de lait, qui renversa la lampe à pétrole. Avant que Stanislav ne puisse réagir, toute la grange avait pris feu. Rapidement, il évalua la situation : « Je pourrai construire une nouvelle grange », se consola-t-il. « Tout d'abord, je dois sauver mes vaches ! »
 
Une fois que les sept vaches furent mises en sécurité, Stanislav put mieux respirer. « Brrrrrr, il fait froid ce soir ! » frissonna-t-il après s'être éloigné du feu. « Pourquoi rester dans le froid ? » se dit-il. L'étable était de toute façon une perte totale et Stanislav ne voyait pas d’objection à se réchauffer devant les braises ardentes des planches calcinées qui étaient autrefois le mur sud de l'étable.
 
Sentant la fumée dans l'air et voyant la lueur de l'incendie dans le ciel de janvier, les voisins de Stanislav coururent en direction de son domicile. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils trouvèrent le producteur laitier musclé, dansant la polka une bouteille de vodka à la main et se réchauffant à la chaleur de la fumée de ce qui était autrefois sa grange et son étable.
 
La tristesse et la dépression sont comme un feu en nous. Mais, comme Stanislav, nous pouvons tirer parti de l’énergie du feu.
 
Essayez ce stratagème : si vous avez envie de pleurer parce que vous êtes triste, commencez à parler à Hachem. Pensez si vous avez fait quelque chose de mal dernièrement, et si c'est le cas, repentez-vous. Utilisez les larmes pour le repentir et le remords. Si vous préférez, commencez par dire un Tehilim du fond de votre cœur et laissez les larmes y participer. S'il est tard dans la nuit ou aux petites heures du matin, nous pouvons utiliser notre tristesse pour dire le Tikoun H’atsot (la prière de minuit) et aider à faire le deuil de la longue diaspora, de notre peuple et de la Présence Divine au milieu de nous.
 
La tristesse et la dépression sont des émotions du côté obscur, issues du Yetser Hara, le mauvais penchant. En revanche, le repentir, la prière et le Tikoun H’atsot sont la sainteté la plus pure. En redirigeant la tristesse vers le repentir, la prière et le Tikoun H’atsot, une personne transforme une émotion négative puissante en bonheur, puisque le résultat direct de s'immerger dans un acte de sainteté est le bonheur.
 
De même que la tristesse peut devenir joie et que l'impiété peut devenir sainteté, prions qu’Hachem transforme tous les cruels décrets contre le peuple d'Israël en bénédictions de salut et de rédemption, Amen !

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