La voie parentale

La Guemara raconte l'histoire tragique de Myriam, fille du clan sacerdotal de Bilega. Elle a abandonné son judaïsme et épousé un officier grec à la période hellénistique, lorsque les Grecs séleucides ont souillé le temple sacré avant le soulèvement des Maccabées. Quand les Grecs sont entrés dans le Saint des Saints, elle les a accompagnés. Elle a donné un coup de pied dans le Saint autel et blasphémé de la pire des manières. Après la victoire des Maccabées sur les Grecs et la purification du Temple, tout le clan sacerdotal de Bilega – l'une des 24 familles de Cohanims – a été frappée d'une série de sanctions pour la postérité.

La Guemara demande pourquoi punir tout le clan pour la délinquance d'une de ses filles ? Est-ce juste ?

La Guemara répond à sa propre question par une expression populaire : ce qu'un enfant dit dehors, sur le marché, c'est ce qu'il a entendu de ses parents à la maison. Rashi note que les méfaits de Myriam résultent de ce que son père dédaignait les devoirs du prêtre. Comme Myriam était un simple symptôme de l'attitude désinvolte du clan Bilega envers son service divin, le clan tout entier a été puni, et à juste titre.

Moïse fait allusion au phénomène connu des fils qui suivent les traces des pères lorsqu'il châtie les tribus de Reuven, Gad et Menaché, en disant : « Vous vous êtes levés à la place de vos pères, une société de pêcheurs ». Il les a avertis de remplir leur obligation de conquérir la Terre d'Israël et de ne pas agir comme leurs parents l'ont fait lors du pêché des espions.

Une petite déviation parentale devient de plus en plus grande avec chaque génération. Comme dans la navigation, plus on s'éloigne du point d'origine, plus une erreur de navigation donnée devient grave. Voyez comment :

En balistique et en navigation, le cercle est divisé en 6400 milles, un système plus précis et moins compliqué que la méthode des 360 degrés. Ce système est très bien calculé dans le système métrique, car une erreur de navigation d'un million entraînera une erreur d'un mètre pour chaque kilomètre du point d'origine. Supposons donc qu'un pilote qui décolle de l'aéroport Kennedy à New York souhaite se rendre à l'aéroport international de Miami, situé à 1700 kilomètres. S'il est imprudent dans sa trajectoire et commet une erreur « négligeable » de « seulement » dix milles, il ne sera plus qu'à un kilomètre de sa trajectoire lorsqu'il passera devant la ville d’Atlantic City, mais quand il atteindra Miami,  il manquera sa destination de 17 kilomètres entiers. Plus le pilote quitte le point d'origine, plus l'erreur commise est grave.

De même, une erreur mineure peut paraître insignifiante, mais à mesure que les générations progressent, la déviation par rapport à la tradition devient de plus en plus grande.

 Cependant, la déviation des enfants par rapport aux voies parentales a aussi un aspect positif. Quand une génération se renforce lentement dans le judaïsme, les générations suivantes se renforcent de plus en plus. La recherche des parents donne des directives aux enfants, pour le meilleur et pour le pire.

Nous nous posons la question suivante : où est-ce que les Baalé Techouva, les juifs nouvellement observant de cette génération, ont-ils puisé le courage et la force de renoncer à leurs anciens modes de vie pour la Torah, en payant souvent un prix cher ? Le rabbin Elazar Brizel, de mémoire sainte et bénie, l'un des nobles tsadikim de Jérusalem de la génération précédente, m'a dit qu'aucun Baal Techouva ne pouvait s'attribuer ses prouesses spirituelles, car chacun avait un ancêtre vertueux qui a servi Hachem avec dévouement. Cet ancêtre vertueux était le pionnier grâce à qui le Baal Techouva a reçu son réveil spirituel. Les actes des parents ouvrent la voie à toutes les générations suivantes.